Forum de FilmDeCulte

De Wes Anderson je n'avais plus rien vu depuis THE DARJEELING LIMITED en 2007, restant bien à l'écart des GRAND BUDAPEST HOTEL et même de ses films d'animation tant je sentais qu'ils allaient m'aspirer mon énergie vitale.

Je lui ai redonné sa chance pour ce nouveau film et cette fois la pièce est tombée du bon côté.

Alors certes je continue à regarder ça avec une presque totale indifférence, mais je dois bien avouer avoir été quelque peu ébahi par cette totale volonté de maîtrise. On est toujours dans ce délire "maison de poupée" mais il faut bien reconnaître qu'il y a tellement de taf derrière, que chaque plan est tellement composé, travaillé, recherche, qu'il y a tellement de texture, de petits gags, d'idées astucieuses, que ça inspire le respect. Le tout paraît quelque peu creux et vain, mais c'est assez amusant par moments et finalement l'hommage rendu à toute cette presse type The New Yorker est affectueux. Très sympa d'ailleurs le générique de fin avec les fausses couvertures.

Donc pas désagréable, "moins pire" en tout cas que ce que je craignais, mais de là à le revoir un jour...

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Tu as loupé les meilleurs. Je le vois ce week-end car fan du cinéaste mais pas très confiant. La presse le considère comme le plus faible de son auteur.

Moi qui ai beaucoup de mal avec Wes Anderson (j’ai aimé DEUX de ses films, et je les ai quasi tous vus), je vais joyeusement zapper.
Triste de le voir s’enfoncer dans sa propre caricature..

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Ah ah, je vois ce que tu veux dire, j'avais moi-même pas mal déchanté au fur et à mesure de sa filmo, mais The Grand Budapest Hotel est un film très dynamique, très enlevé, plus ludique et assez éloigné de ses délires "mortifères" qu'il pouvait cultiver auparavant.

Par curiosité, tu entends quoi par délires mortifères? Sur The Grand Budapest Hotel, je te rejoins. Il y a le même délire "maison de poupées" que ce que décrit Liam mais vu les premiers retours ça a l'air moins vivant et plus figé.

Mate au moins Mister Fox qui est génial. Là, par contre, tu peux le regarder avec un gamin de 7 ans
L'autre avec les chiens est sympa dans l'ensemble mais on va pas se mentir, le rythme est perfectible. On s'ennuie par moments.

J'ai mis des guillemets parce que j'ai fait vite et que le terme est excessif, mais l'expression "aspirer l'énergie vitale" de QGJ m'a effectivement renvoyé à ce que je pensais du cinéaste à cette époque... C'est quand très maniéré, très satisfait de son étrangeté un peu toc, ça ne se renouvelle pas beaucoup et ça finit par être un peu plombant et auto complaisant. Ca manque un peu de vie, d'humain, de ressenti, et je finis par en avoir plus rien à foutre de sa galerie de personnages (en plus le mec jouit d'un culte que je trouve disproportionné et un peu poseur, mais bon là je tombe dans le procès d'intention).

Mais je trouve que sur les suivants (pas vus ses anime cela dit), ça se corrige pas mal quand même.

Je vois mieux. C'est effectivement la crainte qu'on peut avoir sur son cinéma et sur son dernier qui me fait très peur sur ce plan là. J'aime beaucoup Moonrise Kingdom qui n'est pas son plus impressionnant mais qui arrive, à mon sens, à déjouer ce piège à l'image de TGBH. Dans ses films d'animation, Fox et L'île aux chiens sont un peu les deux faces de son cinéma. Dans un autre style, j'avais trouvé horrible le Dark shadows de Burton car tu avais à ce côté dévitalisé qui s'apparentait à un "musée" creux qu'autre chose.

J'adore Wes Anderson mais lla déception fut au rendez-vous et c'est clairement son film le plus faible. Le seul que je n'apprécie pas de son auteur. On va vite passer sur la mise en scène qui est toujours aussi inventive et brillante mais le problème c'est que ça se fait au détriment du récit qui passe au second plan. Déjà, il faut savoir que c'est un film à sketches avec 3 parties et c'est forcément inégal. Pourtant, on y croit au début avec le très bon sketch sur le peintre en prison joué par Del Toro, Brody et Seydoux. C'est brillant et la sauce prend. Mais ensuite on enchaine sur un sketch "Mai 68" inintéressant au possible. Le niveau se relève légèrement avec l'épisode du cuisinier policier. On ne tutoie pas le niveau habituel du cinéaste mais il y a un passage génial en dessin animé qui vaut à lui seul le coup d'oeil. Ca dure 2 minutes, c'est brillant et on rêve de le voir prolongé sur un film entier.

Les raisons de l'échec du film? Difficile à dire. Est-ce que le style Anderson ne fonctionne pas sur une courte durée? A priori non vu que le premier sketch est bon mais il y a aussi le fait que l'univers et le récit des deux autres s'épanouisseraient plus sur la durée. Pas très fan aussi du noir et blanc qui représente 90% du film et qui enlève le côté un peu coloré et psychédélique de ses autres films. Bref, très grosse déception. Et puis franchement le défilé d'acteurs connus dont la plupart passent même pas une minute à l'écran c'est du grand n'importe quoi. Le pire c'est le pauvre Damien Bonnard qui passe littéralement 2 secondes à l'écran. Dans un autre genre, ça confine un peu au ridicule du défilé d'acteurs d'Asterix aux jeux olympiques.

Sketch n°1 : 4/6
Sketch n°2 : 2/6
Sketch n°3 : 3/6

Vu hier : j’ai trouvé ça tellement beau, mélancolique, joyeux, gracieux, enfantin, drôle, subtil, ludique, envoutant que j’y suis retourné aujourd’hui. Et c’était encore mieux que la première fois.

Je me suis surpris à trouver ça très beau également alors que la plupart des Anderson m'indiffèrent depuis un moment déjà (depuis Fantastic Mr Fox en fait)

J'ai jamais été à donf du cinéma de Wes Anderson, que j'ai découvert avec ce que j'estime encore être son meilleur film, La Famille Tenenbaum, mais je regrette tout de même l'époque où il semblait être davantage intéressé par des histoires humaines que des gimmicks et des concepts. Son cinéma a toujours été choral mais plus ça va, plus c'est éclaté et au service de quelque chose de beaucoup moins touchant. Je ne doute aucunement de sa sincérité et je ne parlerais jamais de posture mais son regard motion controlled sur ses maisons de poupée se fait de plus en plus étouffant.

Le tournant, ça a vraiment été Moonrise Kingdom que j'étais seul au monde à trouver profondément angoissant dans ses apparats. J'avais retrouvé un peu d'humanité et d'émotion dans The Grand Budapest Hotel et même Isle of Dogs mais The French Dispatch, malgré quelques atours amusants, devient vite répétitif et barbant en revenant à ce cinéma d'artificialité accrue (où le Tout-Paris s'empresse de venir faire de la figu), de distance constante, et d'où rien n'émane, surtout pas une quelconque humanité.

C'est pas méchant, il est dans son délire et la formule parle encore à certains mais moi, les film en forme de livre pop up, c'est rigolo de tirer sur les tirettes mais c'est rigolo 3 secondes. Au-delà, ça ne me fait plus rien. Ça m'a même littéralement endormi.

Merci la direction artistique pour les travaux.

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Léa Seydoux full frontal

J'ai failli le mentionner comme bon point mais ça aussi c'est du réchauffé.

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Livre pop-up, c'est exactement ça. Alors qu'avant c'était des playmobils, et j'ai toujours préféré les playmobils.

FF dit « réchauffé », pas en tout cas dans le cinéma bien prude d’Anderson qui de mémoire n’avait jamais exposé de façon aussi frontale la nudité féminine (ni même masculine d’ailleurs). A tous ceux qui disent que son cinéma se répète, voilà au moins un contre argument. Et qui sait, on aura peut droit dans son prochain film à une scène d’amour torride…

Je comprends tous les reproches faits ici ou là : cinéma sous cloche, sur-maîtrisé dont l’enchaînement rapide des plans, saturés d’informations (c’est encore plus vrai ici où le bilinguisme du film nous vaut des sur-titres, en plus des sous-titres habituels), laisse le spectateur à la peine.
Tout cela est vrai et comme beaucoup de gens qui ont aimé le film, il m’a fallu pas moins de deux visions pour reconstituer le fil des différents récits (fil décousu par des retours en arrière /sauts en avant qui s’enchevêtrent entre eux) et capter ce que j’avais raté la première fois dans la profusion des infos fournies par les images et la bande-son.

Mais le formalisme extrême d’Anderson, ses plans au cordeau en forme de vignettes pour BD, qui pour beaucoup tuent l’émotion, m’empêchent pas pour moi ses personnages d’exister et de m’émouvoir. D’autant que cette émotion est toujours contenue, jamais débordante, la morale du cinéaste étant la même à cet égard que celle du rédac chef dont les mots « no crying » sont affichés au-dessus de la porte de son bureau.

Et l’émotion n’est jamais plus intense lorsque les pleurs (il y en a quand même dans le film) sont invisibles, cachées par des objets ou par des mots : je pense à ceux qu’on devine sous les masque à gaz portée par Madame Krementz dans sa chambre après la mort de Zefirelli ou dans le dialogue entre le cuisinier asiatique et le journaliste américain, à la fin, qui exprime toute la mélancolie de l’exilé.

Un dernier mot pour louer la partition musicale d’Alexandre Desplat dont les beaux motifs minimalistes ne sont pas pour rien dans l’émotion ressentie tout au long du film.