en voyant 5 pages sur french cancan j'ai hurlé mais finalement la conversation a été largement piratée. mais du coup :
Cosmo a écrit:
C'est révolu tout ça, maintenant je vois un ou deux films par semaine, grand max.
ahah.
j'ai également hurlé en découvrant l'existence du film, j'ai vu moulin rouge de baz, moulin rouge de huston, je ralais que les américains exploitaient plus cette imagerie et cette période que nous et bim, de jean renoir avec jean gabin avec un feat d'edith piaf. incr.
et ça raconte donc, de manière imaginaire, la création du moulin rouge, on voit sa construction, la naissance des numéros, tout. une histoire évidente à raconter, donc, et on voit comment baz a mélangé celui-ci et celui de huston pour faire sa sauce à lui : donc là on patron du cabaret dans la mouise financièrement et qui ne vit que pour son art, on a la danseuse vedette dans des triangles amoureux et dont un prince étranger richissime tombe amoureux avec une bataille autour des titres de propriété si le coeur de la danseuse tombe dans de mauvaises mains, on a 'la complainte de la butte' mise en valeur... vraiment marrant et comme ni celui ci ni celui de huston sont parfaits, on voit vraiment qu'il a pris les meilleurs éléments de chacun, qu'il a tout poussé au maximum, qu'il a complété tout ce qu'il manquait... fabrique d'un chef d'oeuvre vraiment.
chef d'oeuvre que celui-ci n'est pas : on sent quand même bien que la comédie musicale de ce style n'est pas dans notre culture et le film hésite toujours un peu. on raconte l'histoire du moulin rouge, la découverte d'une danseuse et la fabrication d'une vedette - tout ça pourrait être très hoolywoodien et ça l'est dans le fond mais on a quand même un ton de chronique. il y a le morceau de bravoure final mais il y a une sous exploitation chronique du potentiel de tout ça, comme si au fond il n'était pas vraiment fan de music-hall. à ce titre, la présence d'edith piaf pendant 47 secondes est révélatrice : elle est parmi d'autres, elle a le droit à un gros plan de 4 secondes, sa chanson dure moins que d'autres.... bref il a edith piaf devant lui et il s'en fout.
puis il y a ce qui m'a dérangé, moi : vraiment gabin me fatigue, les décors en carton pâtes étaient vraiment trop en carton pâte, des fulgrances visuelles qui côtoient des trucs un peu randoms, des péripéties pas toujours très inspirées...
et il y a ce que j'ai adoré, à commencer par le portrait du personnage de gabin, la figure de l'homme de spectacle, qui vit entièrement pour ça dans l’opulence ou la misère, son appétit insatiable de création et de découverte, son énergie et son épuisement. il y a toute cette époque et cette imagerie proprement exceptionnels, donc. cet univers est quand même extraordinaire, et le mélange de semi-réalisme (dans les rapports de classe et l'aspect social) et de fantaisie fonctionne du tonnerre. et il y a donc cette extraordinaire scène finale, smash total autant dans la danse que dans les plans sur gabin dont parle art core.
j'ai été un peu déçu du film en soi, mais je me suis évidemment régalé à passer deux heures dans cet univers et il y avait 300 choses splendides dedans quand même.
et en lisant sur le film, je suis tombé sur cette citation de renoir que j'ai trouvée intéressante, autant par rapport à mes questionnements sur les films de genre français que sur les moulin rouge étrangers :
Citation:
"Je n'avais pas compris, nous disait-il à son retour des États-Unis, je n'avais pas compris que l'homme, encore plus que sa race, est tributaire du sol qui le nourrit, des conditions de vie qui façonnent son corps et son cerveau, des paysages qui, tout au long du jour, défilent devant ses yeux. Je ne savais pas encore qu'un Français vivant en France, buvant du vin rouge et mangeant du fromage de Brie, devant la grisaille des perspectives parisiennes, ne peut faire œuvre de qualité qu'en s'appuyant sur les traditions des gens qui ont vécu comme lui". »