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MessagePosté: 01 Juil 2007, 17:52 
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ben ça arrive à des gens bien de pas avoir vu des chefs d'oeuvre
je vais me le mater le plus vite possible

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On a frôlé la fissure anale...

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MessagePosté: 01 Juil 2007, 17:53 
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c'était pas une critique hein. C'est juste surprenant, il y en a des chef d'oeuvres que j'ai pas vu moi aussi.

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MessagePosté: 29 Jan 2010, 02:07 
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Weeeaaah.

L'affiche originale est sans doute une de mes affiches préférées.
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Et la seconde est ultra-classe aussi.
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Bon là je savais que j'attaquais un gros morceau, vu y a plus de dix ans en VHS donc forcément à revisiter. On est plus dans les conneries Z de Tonton Roger ou les films Kookaï '70s.

Et c'est très bizarre.

Tout d'abord, il y a ce rythme, radicalement différent des précédents Scorsese (même Alice semble aller très vite). Quand je pense à ses deux autres films NY réalisés jusqu'alors, je pense nervosité, je pense caméra folle, travellings qui suivent des mecs se faire tabasser, ralentis à foison qui rendent la mise en scène "visible", etc.
Ici, l'intrigue prend son temps, et surtout Scorsese semble incroyablement mesuré...mais non moins virtuose. Maturité?

En fait, ce qui est étrange, c'est que sur le coup je suis pas à fond dedans...j'accroche moyennement à l'intrigue, je ne m'identifie pas des masses au personnage de Travis, je trouve la voix off un peu forcée/facile, je suis d'un oeil intéressé mais pas forcément convaincu les errances du vétéran avec la militante...puis j'adhère un peu plus lorsque Bickle passe en mode vigilante. Mais l'univers ne me parle pas autant que celui de Who's That Knocking At My Door et son grand frère plus réussi, Mean Streets.

Et pourtant...pourtant...le film à peine terminé, je reste habité par l'atmosphère presque onirique du film, pas ce trip insomniaque, cette virée urbanocturne où les lumières sont forcément fausses, phares et néons dans la nuit...et la musique de Bernard Herrmann (dont j'étais déjà fan depuis que je me l'écoutais en boucle sur ma super compile en CD des années 90, Ciné Jazz!) me reste en tête...

Mais surtout, alors que j'avais un peu l'impression de rester constamment en dehors, tout en étant admiratif de la mise en scène tout le long (le plan qui s'éloigne timidement de Bickle qui s'excuse au téléphone, l'instillation de la tension sur ce long plan fixe tout con où Bickle pousse la télé du pied, va-t-il la faire tomber? Va-t-il pas? C'est tout bête mais c'est rempli de ce genre de petits détails qui FONT le truc), avant tout -ou plutôt après tout - c'est la fin qui m'a vraiment séduit.
Pas tant la fusillade (qui reste d'une violence graphique encore glaçante aujourdh'ui, plus de 30 ans après la sortie du film, c'est dire la force des images) mais cet épilogue que j'avais COM-PLETE-MENT oublié.

La théorie du rêve est intéressante mais elle me paraît moins pertinente que pour d'autres films (style Minority Report), surtout que je trouve qu'ici c'est cet épilogue qui "fait" tout le film. C'est cette conclusion qui vient apporter le point final au propos du film (incroyablement subtil, en filigrane) sur le vétéran traumatisé incapable de se réintégrer, sur ses égarements dans sa volonté justicière, et donc sur l'Amérique qui non seulement DONNE NAISSANCE à ce genre de monstre mais finit carrément par l'ADOPTER, l'ériger en héros.
Cette espèce de "blague cosmique" qui transforme en saint un mec qui, s'il était moins gogol, aurait tué le candidat à la Présidence. Le taré, à sa place dans la société d'aujourd'hui (enfin de 1976).
Soudain, j'ai réellement saisi la portée de la référence à Taxi Driver dans des films comme Seven ou des BD comme Watchmen et dont les John Doe et les Rorschach sont les rejetons du Travis Bickle originel. Le vigilante fou crée par le monde en dégénerescence.

Cette fin est magistrale. Le dernier plan...est fabuleux. Un bruit, un regard, en arrière, puis dans le rétro...et les lumières floues. Toute la parano et la folie du mec en une image. Ce plan c'est la bite de Tyler Durden. Le mec est là, parmi nous, prêt à exploser.

L'expérience était assez inégale, et ma note aurait été plus basse durant le film, mais la fin me paraît tellement forte et le film vieillit déjà tellement bien...si je devais noter ce serait 5/6. Mais un gros 5/6.

PS : par contre, els cheveux de l'acteur principal qui alternent entre longs et courts selon les séquences, c'est un erreur que je faisais sur mes premiers courts, Martin.

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MessagePosté: 09 Mai 2011, 23:00 
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A peine découvert !

Bon, je suis un peu resté en dehors tout le long, me demandant un peu à quoi ça rimait tout ça. L'explication, on l'a avec cet épilogue surprenant, comme l'a très bien résumé Freak. Et ça trotte de plus en plus dans ma tête toute cette fin. Elle va vraiment à l'encontre de ce à quoi je m'attendais, et plus j'y pense, plus elle fait froid dans le dos.

Reste une question :
Dans les derniers plans, De Niro redresse brusquement son rétroviseur central, et ya un drôle de bruit. keskispass ?


Enfin bref, j'avoue que c'est le genre de classique que j'apprécie poliment, sans être totalement à donf. Je pourrais pas mettre de note.


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MessagePosté: 09 Mai 2011, 23:14 
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Citation:
Et ça trotte de plus en plus dans ma tête toute cette fin. Elle va vraiment à l'encontre de ce à quoi je m'attendais, et plus j'y pense, plus elle fait froid dans le dos.
J'ai eu ce même sentiment en le découvrant il y a quelques mois.
C'est marrant car d'habitude c'est vraiment le genre de sentiment que je trouve nase ; comme si être surpris (sans être déçu) pouvait être une mauvaise chose.
Sans doute qu'en le revoyant je devrais l'apprécier pour ce qu'il est cette fois-ci.


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MessagePosté: 09 Mai 2011, 23:21 
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deudtens a écrit:
Dans les derniers plans, De Niro redresse brusquement son rétroviseur central, et ya un drôle de bruit. keskispass ?


C'est un bout de la zik passé à l'envers je crois, et c'est censé donner un sentiment étrange sur la suite à venir, comme un mauvais présage. Même si ça reste ouvert.

Il est dur à appréhender ce film, d'autant qu'il est assez désagréable. Je m'y suis pris à plusieurs reprises avant de comprendre le pourquoi du comment. Rejet total pendant mon enfance en tous cas... face à Indy, Travis c'est de la merde. Et puis avec l'âge, les choses se sont très franchement inversées. J'adore ce putain de scénario, un véritable entonnoir où tu glisses avec Travis dans la solitude et la lose bien profonde. Le mec est inadapté, il n'y arrive pas, c'est un outsider, il n'a pas les codes, ne s'y conforme pas, reste en marge malgré ses efforts. Et puis ça dérape. Vraiment très très fort. Ce que j'aime aussi, c'est qu'il n'y a pas vraiment de démonstration ni de morale, mais plutôt un avertissement sur quelque chose de diffus. La face obscure et peu reluisante, que nous cachons tous, je suppose.

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MessagePosté: 09 Mai 2011, 23:35 
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En plus du fait que le gars soit barge, j'ai été touché par le fait qu'on nous montre qu'il est carrément inintéressant : le mec n'a aucune conversation, il n'arrive pas à se comprendre avec la bonnasse du président, et il ne s'intéresse à rien : ni politique, ni cinéma, ni d'autres trucs dont jme souviens plus. Je trouve ça beaucoup plus "puissant" que la figure de loser habituelle qui consiste à nous montrer un gars un peu sympatique mais maladroit, malchanceux etc. Là c'est juste le péquenot de base dans toute sa splendeur.


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MessagePosté: 09 Mai 2011, 23:50 
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deudtens a écrit:
En plus du fait que le gars soit barge, j'ai été touché par le fait qu'on nous montre qu'il est carrément inintéressant : le mec n'a aucune conversation, il n'arrive pas à se comprendre avec la bonnasse du président, et il ne s'intéresse à rien : ni politique, ni cinéma, ni d'autres trucs dont jme souviens plus. Je trouve ça beaucoup plus "puissant" que la figure de loser habituelle qui consiste à nous montrer un gars un peu sympatique mais maladroit, malchanceux etc. Là c'est juste le péquenot de base dans toute sa splendeur.


Oui, tu sens le mal-être, le manque d'imagination, l'impuissance à communiquer, la misère sexuelle... il est entravé de partout, parfaitement inadapté (ancien du Vietnam, c'est dit tout en finesse à son embauche), alors que potentiellement le mec pourrait être "comme tout le monde". C'est le mec lambda par excellence. Mais il est déphasé. Je ne crois pas qu'il soit barge, mais il s'est construit une réalité mentale alternative, une autre logique que celle plus normative que nous avons tous. Il est à la fois très adolescent (naïf, décalé) et vieux garçon (solitaire, routinier), mais il a l'envie de devenir quelqu'un, sans savoir quoi (ce que tu ressens vers 16-20 ans, pas à 28 ans comme lui au début du film). Il a une belle gueule, une hygiène correcte, mais il n'a aucun objectif vers lequel tendre... tout ça ne lui sert strictement à rien. Quand il comprend que son objectif ce n'est pas d'être avec cette bourgeoise blonde, il marque un temps d'arrêt, puis repart dans ses efforts désespérés de normalité. Et quand il s'imagine que cet objectif, c'est potentiellement la purification de cette ville, ou tout du moins de son quartier, ou tout du moins de cette hôtel de passe, c'est naturellement qu'il passe à l'action avec un sentiment de justice. Le pire, bien sûr, c'est le traitement aveugle des médias qui le traitent en héros (alors que cette même rage était un peu plus tôt tournée contre... le sénateur en lice pour la présidence... ce qui faisait donc de lui un potentiel Lee Harvey Oswald). Tu sens que quelque chose ne tourne ps rond dans ce pays où on assassine les élus du peuple, et où l'on prétend que le rêve américain existe pour tous ceux qui le souhaitent.

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MessagePosté: 10 Mai 2011, 09:31 
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J'aime énormément ce film, c'est de loin le meilleur de Scorsese pour moi, et c'est aussi un de mes films préférés. Je suis rentré viscéralement dedans dès la première vision, c'est un film qui m'a toujours beaucoup parlé. J'ai souvent des moments d'errance moi aussi, des élans de remise en question, la sensation d'avoir un parcours différent, d'avoir les choses qui glissent sur moi sans pouvoir les saisir. Travis Bickle est un homme blessé et paumé qui cherche à devenir quelqu'un et qui recherche une certaine forme d'absolu. Je trouve que c'est un personnage très pur et très franc et c'est pourquoi j'arrive à m'attacher vraiment à lui malgré ses coups de folie et ses idées.
Et puis au-delà de ça il y a la mise en scène fabuleuse de Scorsese (ces scènes nocturnes ! ces explosions de violence ! etc.), la musique de Bernard Hermann, le Times Square d'avant sa rénovation, etc.

6/6


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MessagePosté: 10 Mai 2011, 09:58 
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Z a écrit:
Tu sens que quelque chose ne tourne ps rond dans ce pays où on assassine les élus du peuple, et où l'on prétend que le rêve américain existe pour tous ceux qui le souhaitent.


Le film et son miroir Rocky (qui raconte la même chose mais avec un final positif, plein d'espoir) en disent long sur l'Amérique de l'époque, notamment la façon dont elle accueille l'un (Rocky qui lui renvoit une image positive) et rejette l'autre.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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Z a écrit:
Ce que j'aime aussi, c'est qu'il n'y a pas vraiment de démonstration ni de morale, mais plutôt un avertissement sur quelque chose de diffus. La face obscure et peu reluisante, que nous cachons tous, je suppose.


D'où, entre autres, la présence de Martin Scorsese lui-même dans cette scène géniale du "see the woman in the window?"
(et son petit caméo plus tôt dans le film...)
Je surkiffe ce film, dans mon panthéon personnel, et très haut.
La première fois, j'étais impressionné en trouvant ça un peu froid.
Maintenant, y a pas un seul truc qui ne me fasse pas vibrer.


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MessagePosté: 10 Mai 2011, 15:01 
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J'aime tout particulièrement la structure scénaristique, modèle du genre sans pour autant user de formules d'école. On sent que Schrader parle de lui, mais avec une bonne distance et une conscience aiguisée de la société de l'époque. On pourrait y voir un "rise and fall" du héros - figure récurrente du cinéma de Scorsese - mais le "rise" n'arrive jamais, et l'anti-héros reste singulier, même 30 ans plus tard. Film passionnant, mais je comprends qu'il ne parle pas à tout le monde (tant mieux presque).

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MessagePosté: 10 Mai 2011, 15:23 
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Le plus dur pour moi a été de se faire au fait que le héros était un mec antipathique, par rapport auquel je ne pourrais ressentir aucune identification. Le trouduc qui est fasciné par les flingues, qui emmène voir une sorte de boulard à la plus belle meuf du monde, qui se fantasme un rôle d'espion, et qui sort son discours de bourrin de base au politique qu'il transporte, je ne ressens aucune sympathie pour lui. T'as des connards qui te charment et qui achètent ton affection malgré le fait que ce soient des pourritures (là, à chaud, je pense à Cage dans Lord of War). Lui, non, il a rien pour lui.

Je suis à deux doigts de penser que ce film me "hante".


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MessagePosté: 10 Mai 2011, 16:58 
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deudtens a écrit:
Le plus dur pour moi a été de se faire au fait que le héros était un mec antipathique, par rapport auquel je ne pourrais ressentir aucune identification. Le trouduc qui est fasciné par les flingues, qui emmène voir une sorte de boulard à la plus belle meuf du monde, qui se fantasme un rôle d'espion, et qui sort son discours de bourrin de base au politique qu'il transporte, je ne ressens aucune sympathie pour lui. T'as des connards qui te charment et qui achètent ton affection malgré le fait que ce soient des pourritures (là, à chaud, je pense à Cage dans Lord of War). Lui, non, il a rien pour lui.


Il n'est pas si antipathique. Cela a été dit, il essaye, il fait des efforts pour s'intégrer, pour trouver sa place, pour avoir lui aussi tout ce à quoi il aspirait quand il était au Viet Nam (une femme, des gosses, la vie telle qu'il a rêvée) et il n'y arrive pas. Une fois que la bourgeoise blonde l'a envoyée bouler (parce qu'il est nul, on est d'accord ; mais elle c'est aussi un iceberg), il y a une scène très émouvante, où il se confie dans la rue à un de ses collègues chauffeur de taxi. Et là, il n'essaye plus, il avoue qu'il renonce, et il va passer tout le reste du film à disjoncter progressivement. C'est sa dernière manifestation d'humanité, de fragilité, c'est extraordinaire (sauf l'épilogue mais je tiens à la théorie que l'épilogue est un rève dans le coma).


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MessagePosté: 10 Mai 2011, 17:27 
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Delmore a écrit:
Il n'est pas si antipathique. Cela a été dit, il essaye, il fait des efforts pour s'intégrer, pour trouver sa place, pour avoir lui aussi tout ce à quoi il aspirait quand il était au Viet Nam (une femme, des gosses, la vie telle qu'il a rêvée) et il n'y arrive pas. Une fois que la bourgeoise blonde l'a envoyée bouler (parce qu'il est nul, on est d'accord ; mais elle c'est aussi un iceberg), il y a une scène très émouvante, où il se confie dans la rue à un de ses collègues chauffeur de taxi. Et là, il n'essaye plus, il avoue qu'il renonce, et il va passer tout le reste du film à disjoncter progressivement. C'est sa dernière manifestation d'humanité, de fragilité, c'est extraordinaire (sauf l'épilogue mais je tiens à la théorie que l'épilogue est un rève dans le coma).


Je n'ai pas tout à fait la même lecture. D'une part, Travis est clairement croqué sur ses défauts (raciste, élitiste et tout ce qu'on a dit plus haut) plutôt que sur ses rares qualités (envie de bien faire, altruiste). Donc il est logique qu'il apparaisse plutôt antipathique (même si comme Marlo, cela ne m'empêche pas de m'identifier en partie à lui : surtout, je suis ravi de NE PAS être lui). Pour autant, il est assez anonyme, c'est surtout ça le problème. Ensuite, je ne crois pas non plus qu'il aspire à avoir femme et enfants. C'est un désir qu'il lui est plutôt étranger (il voit ce qui se fait dans la rue, à la télévision), alors il essaie, il se force. Puis il abandonne. Ça le soulage autant que ça le frustre, l'histoire de la bourgeoise. Cette fille qui d'ailleurs, observée du point de vue de Travis, paraît étrangement superficielle... alors que dans un autre contexte elle aurait tout de la femme idéale (jolie, cultivée, drôle, engagée). Et enfin, je ne suis pas d'accord sur les traces d'humanité que tu relèves jusqu'à sa confession ratée au collègue taxi, et qui disparaîtraient ensuite. Au contraire, je crois que toute son humanité explose dans la seconde partie, alors qu'il a passé la première heure à se contenir, se conformer, se comparer, se fondre dans la masse.

Sinon rien à voir... on y fait jamais attention, mais ce Scorsese est sans doute l'un des films les plus justes sur le phénomène protéiforme des tueurs en série (en l'occurrence ici, spécifiquement les tueurs de masse). Après avoir fait un milliard de recherches sur le sujet, je pense que c'est l'un des deux-trois films sur le sujet (énormément traité au cinéma, mais souvent de façon peu crédible et axée sur le spectaculaire) qui trouvent une résonance avec la réalité.

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