Forum de FilmDeCulte

Heureux et accompli, Ellias devient le nouveau directeur artistique d’une célèbre maison de Haute Couture française. Quand il apprend que son père, qu’il ne voit plus depuis de nombreuses années, vient de mourir d’une crise cardiaque, Ellias se rend au Québec pour régler la succession. Le jeune créateur va découvrir qu’il a hérité de bien pire que du cœur fragile de son père.

La découverte susmentionnée n'intervient qu'au bout de près de trois quarts d'heure et je peine à comprendre pourquoi 1. Elle n'arrive pas avant, 2. Ils ne vendent pas le film directement dessus. Parce que c'est un excellent postulat, tu le sens venir au bout d'une demi-heure, mais cela n'enlève rien à la force du concept qui confirme ce que l'exposition longuette avait déjà établie : le film est une nouvelle exploration par Legrand de l'emprise paternelle (notion parfaitement cristallisée par le double-sens du titre du livre adapté : L'Ascendant).
Malheureusement, dès cet instant et pendant ce qui constitue la partie centrale du film, le protagoniste ne prend PAS. UNE. DÉCISION. CRÉDIBLE. Et je ne parle pas de ce que moi, spectateur tranquillement assis dans mon fauteuil face à une énième fiction du style et avec le sang froid et le recul nécessaire, ferait, mais de ce que ce personnage, tel qu'il a été caractérisé, telle que la situation nous a été (longuement!) présentée, ferait. Je n'y vois aucune cohérence.
Bien évidemment, tu devines instantanément ce qui va se passer suite à ça et le bât n'en blesse que davantage tant la facilité est évidente.

La suite des événements est mille fois vue et le traitement ici pas original pour un sou. Là aussi, l'écriture s'en sort assez facilement.
Et la pirouette finale, relativement prévisible, achève de vulgariser le tout, alors que ça aurait pu être glaçant. Et je parle même pas de la dernière scène téléphonée qui fait complètement plouf émotionnellement en ce qui me concerne.

Il y a une excellente intro sur un défilé qui met la pression et un ou deux passages où la mise en scène de Legrand construit convenablement la tension mais sinon j'ai trouvé ça assez plat et moche.

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Freak a tout dit.

Ne lisez pas avant d'avoir vu le film, je ne vais faire que spoiler.

J'avais bien aimé JUSQU'A LA GARDE et Xavier Legrand est un des meilleurs gars au monde. J'étais curieux de voir ce nouvel opus dont je ne savais rien, intrigué par sa sortie relativement obscure (film semi-canadien avec le revenant Marc-André Grondin, pas exactement ce qu'on attend après une pluie de Césars).

Le début m'a immédiatement happé. Le monde de le mode est tout de suite vénéneux et oppressant, c'est top. Lorsque le film se relocalise au Canada suivant le schéma le plus "court-métrage" du monde (un homme retourne dans la maison de son parent décédé) je n'avais aucune idée ce qui allait se passer. Donc la bifurcation vers le - attention spoilers - BARBARIANisme m'a mis sur le cul. En plus de me terroriser. Il y a des moments où je ne pouvais tout simplement pas regarder l'écran tant je craignais le jumpscare.

Après malheureusement je suis d'accord avec Film Freak: l'attachement du héros à sa célébrité naissante n'est pas assez fort pour justifier qu'il garde le silence sur ce qu'il a découvert. Le scénario essaie de nous le vendre (appel au 911 en deux temps donc il a l'occasion de se raviser) mais ça ne marche pas suffisamment.
Ensuite, la mort accidentelle de la victime ça ne passe pas. D'ailleurs PCPC (par contre pas compris), elle a fait quoi, elle s'est assommée en mode Tom et Jerry en essayant de fuir ? C'est con parce que là il y a une énorme charnière narrative qui grince très très bruyamment.

Dans la seconde partie ça a tous les ingrédients d'un bon vieux Woody Allen dark mais comme dit Film Freak là aussi ça se résout un peu facilement. La fin par contre aux pompes funèbres est bien et j'aime bien comment le voisin chelou est en fait une gentille victime.

Après ça reste du solide. Bien joué, massif, mise en scène qui te crispe. Mais le film n'est jamais meilleur que dans son segment central, après ça se délite et, en dépit de la qualité des ingrédients, la sauce ne prend pas parfaitement sur la fin. Mais ça reste bien.

(et ce jeune homme tiraillé entre le bien et le mal, c'est normal qu'il porte les noms des deux figures paternelles angélique et diaboliques de PLATOON: Elias et Barnes ?)

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

c'est vrai que vous avez bien dit les termes.
et que c'est dur d'en parler sans spoiler, donc spoils.

il y a la question du rythme, qui est d'autant plus agacante que c'est manifestement reflechi, c'est un axe majeur de son travail. le rythme global du film, et à l'intérieur de chaque plan. et c'est souvent très impressionnant, que ce soit dans les plans de suspense qu'il sait faire durer jusqu'à ce que ce soit insupportable (on avait déjà ça dans jusqu'à la garde), ou dans la scène de l'enterrement qui est, dans la sagesse populaire, beaucoup trop longue mais c'est justement la durée qui la rend si forte quand ça éclate vraiment (et là encore, un pur smash de mise en scène parce que fondamentalement, à l'écrit... il pleure à l'enterrement, quoi). mais du coup, cette durée délirante au début... alors ça pose les thématiques, ça ancre le récit dans le réel là où ça pourrait être expédié en 15 minutes et ce serait du "genre" et basta. mais enfin, pendant 45 minutes ça reste une histoire banale, vue et revue, racontée proprement mais enfin rien de fou non plus, on voit bien qu'il va se passer un truc (je ne savais absolument rien du film à part que ça se passait au quebec) mais à un moment tu perds un peu patience en mode "bon tu vas la chier, ta chiasse ?".

d'autant que ça aggrave aussi le problème de crédibilité fondamentale dont vous parlez. dans le dossier de presse, il intellectualise et formule tout, et c'est bien là et ce sont des thèmes intéressants, le mal qui se transmet, le patriarcat qui transmet ses codes et les "successeurs" qui prennent l'héritage qu'ils le veuillent ou non, etc etc. c'est riche, c'est intéressant, c'est là. sauf que les 45 premières minutes construisent un vrai être humain et pas une coquille théorique, et qu'on ne comprend viscéralement pas un être humain qui n'appelle pas juste la police et voilà. il n'y a pas à douter que ce mystère l'a excité dans le récit, et qu'il peut être excitant, et qu'on peut imaginer plein de choses sur les raisons de leur brouille qui peuvent donner des éléments mais... viscéralement, instinctivement, humainement ça n'a pas de sens.

après, chaque bout du film est pensé, y compris le fait qu'il fait de la merde à chaque étape et qu'une enquête aboutira sans faute à l'incriminer salement (son téléphone qui bornera dans le forêt, un témoin à chaque fois qu'il y aura du bruit, etc...) et tout ça est puissant. y compris la fin, il y aussi une dimension de film d'horreur à la malédiction qui se transmet de génération en génération et en finir est le seul moyen de la briser.

et tout ça est blindé de choses spectaculaire, la musique est géniale, les costumes sont hyper réussis, c'est un grand metteur en scène, le milieu de la mode est parfaitement croqué avec ce faux demna gvasalia très convainquant, c'est régulièrement glacant, il n'a peur de rien (il y va vraiment all in à chaque étape) mais il y a ces deux problèmes fondamentaux, monstrueux posés au milieu qui sont d'autant plus pénibles qu'il n'y a rien qui ne pouvait pas être corrigé au scénario ou au montage.
mais en même temps, il est vraiment très très bon donc c'est bien de le laisser faire ce qu'il veut - y compris en se plantant sur certains aspects - parce que ce qu'il réussit est vraiment plus réussi que 90% de ce qui se fait ici et maintenant.

Marrant, cette histoire de police qui ne passe pas chez un spectateur sur deux.

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comment ça ?

qu'il appelle la police et qu'elle rappelle ?
j'ai bien noté, mais ça n'a aucun sens.
qu'il appelle et raccroche ok, il se dit "attends, reflechissons".
mais qu'il ne dise rien la deuxième fois, je ne comprends pas. il se met directement dans une situation impossible et irréversible.

Oui, ça n'a aucun sens. Je déteste quand le héros fait n'importe quoi et là, c'est le pompon. C'est dommage car il a de l'or dans la caméra.

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Mais oui, je ne pige pas du tout le plan


Comme le dit bien Finger, ça sent surtout le scénario écrit à l'envers, dans lequel les thématiques passent avant la narration et les personnages.

Effectivement, ça annihile un peu le côté suspense. Reste une belle tension jusqu'à (presque) la fin, quand même.
Affiche atroce en revanche, on ne peut guère faire plus sur-signifiant (ou alors c'est juste pour justifier l'intro longuette et inutile).