The Story of Film: An Odyssey en VO, donc. C'est une histoire du cinéma en 15 épisodes, réalisée par un critique d'Irlande du nord pour une chaîne anglaise, et qui a fait pas mal de foin, avec sortie DVD etc. Ce qui est assez zarb : c'est pas
Histoire(s) du cinéma non plus, juste un doc "informatif", et on se demande du coup ce qu'il y a de si exceptionnel dans ce projet. Me suis maté les 4 premiers épisodes, pour l'instant.
Les bons points, ils sont réels. A commencer par l'approche mondiale du ciné (même si Hollywood reste un centre de gravité dominant dont on va s'inspirer, ou contre lequel on va s'opposer, mais c'est aussi une réalité historique). Pas d'oubli honteux comme certains bouquins de vulgarisation en ont fait leur spécialité : question cinéma premier, on s'attarde par exemple comme il se doit sur Brighton ou les nordiques ; chez les Russes, on oublie pas l'alternative Dovjenko... On ne fait pas l'impasse sur Riefenstahl, dont le style est remis en perspective comme un des débouchés logiques du style romantique hollywoodien (j'y reviens). Et le fait que les épisodes se superposent dans les dates (= qu'on réexplore plusieurs époques sous différents angles) évite de caricaturer chaque décennie. Bref, dans l'optique d'une première approche pour un néophyte, la série est assez saine dans le sens où elle ne suit pas la voie d'histoires du ciné incomplètes et ethnocentrées.
Pour ce qui est du point de vue personnel tant vanté, par contre... C'est bien trop peu rigoureux pour s'assimiler à une proposition théorique, et de toute façon je vois pas d'idées particulièrement neuves là-dedans. Le fait de voir dans le cinéma hollywoodien non pas un cinéma classique mais un cinéma romantique, crée certes un point de départ qui ouvre plusieurs portes, mais ce n'est ni inédit, ni incroyablement exploité (et ça amène aussi à des prises de position étranges : parce qu'il n'est pas romantique, un certain ciné japonais et chinois classique est quasi-assimilé aux avants-gardes !).
Les mises en parallèle d'extraits d'époques différentes, d'abord prometteuses, se résument en fait souvent à des jeux de références sans grand intérêt (tel plan ou type de décor repris dans tel et tel film, certes, mais ça nous fait au final une belle jambe). Le tout n'est pas exempt d'imprécisions et de légendes prises pour acquis, les interviews réalisées pour le film sont pas très passionnantes, et dès le troisième épisode, la structure commence à lorgner vers le listage de réal sans grande mise en perspective. L'obsession d'une histoire approchée par le biais de ses innovations stylistiques empêche aussi régulièrement de questionner les esthétiques (le cinéma premier n'est ainsi expliqué que comme un cinéma classique incomplet, en construction).
On sent un point de vue personnel honnête et passionné, celui d'un cinéma vu comme une espèce "d'ébullition", mais le réal a pas du tout les moyens de nous transmettre cette idée. Il se limite à un passage en revue fétichiste des lieux (studio, maisons de réals), créant un tissu d'images qui ne l'aide en rien à poser un point de vue sur cette Histoire.
Au final, si elle n'est pas désagréable, et si elle est tout à fait recommandable pour quelqu'un qui veut découvrir l'histoire du ciné sans rien en savoir, cette série de doc est surtout utile pour un truc tout bête : nous donner envie de découvrir de nouveaux films par ses extraits bien choisis. C'est toujours ça de pris, mais on apprend quand même pas grand chose, et je sais pas du coup si je vais avoir le courage de me taper les 11 épisodes restants...