Karl le mort-vivant a écrit:
Oui, enfin il le justifie pas en d'autre termes que celui du droit du cinéaste, et c'est justement là, que j'aurais aimé connaître les critères, les raisons, la justifiication... Se justifier par un droit, je trouve ça assez limite, et tant qu'on ne montre pas ce qui justifie cet usage dont on a le droit, on en reste à un "je fais ce que je veux, tout se vaut", (j'ajoute rien n'a de sens).
Je ne vois pas ce qui te permet de passer aussi vite du domaine de la liberté à celui de la valeur, mais bon.
Karl le mort-vivant a écrit:
il avance le droit de mettre le spectateur là où il n'est pas sans pour autant en donner les raisons.
Mais encore une fois, Daney avance un interdit de "mettre le spectateur là où il n'est pas" sans expliquer ce que ça signifie et sans en donner les raisons.
Karl le mort-vivant a écrit:
Toi, tu simplifies Daney (et moi-même aussi). Ni moi ni lui ne parlons d'interdit. Il y a des points de vue qui ont une signification morale, qui manifestent une conduite, qu'on peut approuver ou réprouver et ça n'a RIEN à voir avec la question des libertés artistiques.
Je n'en suis vraiment pas certain. Quand on pose un interdit moral, c'est bien que l'on prétend que l'on a pas le droit de faire telle chose de telle manière (et pour citer Daney : "Ainsi un simple mouvement de caméra pouvait-il être le mouvement à ne pas faire."). Que suive une interdiction matérielle ou juridique n'est pas la question. S'il n'y a pas cela, alors la question même de Daney n'a aucun intérêt et se limite à un jugement moral particulier qui n'a aucune portée esthétique.
Et il s'agissait bien d'établir un dogme pseudo-critique (car un dogme est l'inverse même de la critique, quelqu'un qui dit "je refuse de discuter avec quelqu'un qui ne ressent pas l'abjection du travelling de Kapo" ne peut pas être critique, c'est au mieux un moraliste - dans le cadre qui nous occupe s'entend). A la rigueur, tu as raison : ca n'a rien à voir avec la liberté artistique, ni même avec l'art, puisque Daney n'a jamais vu Kapo, et de toute façon le cinéma ne lui importait au fond pas, ou en tout cas moins que le discours sur le cinéma.
Karl le mort-vivant a écrit:
Après, oui ce que tu dis maintenant m'explique pourquoi tu approuves.
Mais approuver quoi? Ce n'est pas moi qui m'avance sur le terrain de la morale. C'est bien à celui qui fait naître un problème d'expliquer pourquoi il désapprouve.