Forum de FilmDeCulte

Film qui a visiblement disparu pendant longtemps avant d'être redécouvert récemment, article dans les Cahiers, quelques projections il me semble, avant une ressortie en salles prochainement. Les quelques initiés l'ayant vu sont tous unanimement convaincus d'avoir redécouvert un chef-d'œuvre du cinéma français fin 70 début 80. Bon je serais largement moins enthousiaste même si c'est une jolie découverte.

C'est un petit film, d'à peine 1h15, découpé en trois séquences. La première, de loin la meilleure est à l'entrée d'un ciné porno de Montparnasse où le personnage travaille comme ouvreuse avec une copine. La deuxième dans un bar lesbien. Et une troisième séquence dans une voiture avec une homme rencontré par hasard. Ce qui frappe et qui est vraiment convaincant c'est cette image d'un Paris de l'époque. Ce cinéma porno et surtout ses clients par exemple, qui sonnent tous justes c'est fascinant et le film a dans un premier temps un véritable aspect comédie plutôt réussi (le réalisateur qui vient voir son film, le spécialiste du porno, le spectateur qui s'énerve parce qu'il y a des scènes homo...). Le film est ainsi à la lisière d'un aspect quasiment documentaire avec quelque chose de plus construit, plus fictionnel. Ce léger basculement s'amplifie dans la scène suivante, celle du bar lesbien où à la fois on sent une volonté de montrer ce lieu secret (il faut un mot de passe pour y rentrer) tel qu'il est (ce côté cabaret, cette chanteuse rock ringarde qui vient réveiller tout le monde, vraie groupe d'ailleurs) avec un aspect un peu artificiel dans les clients (la folle, le couple d'aristo) jusqu'à ce moment wtf La dernière partie, presque théâtrale est vraiment émouvante (le personnage de l'homme est curieusement bouleversant) mais là encore on est un dans un dispositif totalement fictionnel.

Bref un film curieux, dont je retiendrai surtout le physique atypique de l'actrice principale ainsi que son phrasé de titi parisienne assez irrésistible. C'est vraiment là que le film tire son épingle du jeu avec un côté Rohmer plus familier et osé surtout dans cette première partie où les dialogues sont accompagnés des grognements des actrices des films porno projetés. Egalement cette manière de filmer un Paris nocturne interlope sans fard, à la fois réaliste mais avec quelque chose d'un peu magique propice à cette rencontre finale de deux solitudes.

Content de l'avoir vu mais loin quand même du chef-d'œuvre vanté partout (c'est surtout cette deuxième partie dans le bar qui plombe un peu le film pour moi).

4/6

_________________
CroqAnimement votre

Oui, film incroyable mais largement en deçà du délire critique. De mémoire, la BO est assez originale, à l'image du film.

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso

Elle m'a pas marqué plus que ça je dois dire à part dans la séquence centrale du bar (où la musique trop forte m'a empêché de comprendre quelques dialogues).

_________________
CroqAnimement votre

Il a fallu que je cherche, j'avais un doute sur le groupe. Il s'agit d'une ou plusieurs chansons dans le bar, chantée(s) par Josse, du groupe 12°5.

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso

Oui j'ai d'ailleurs mis le lien plus haut de la chanson chantée dans le film, espèce de brûlot féministe.

D'ailleurs autre chose qui rend le film assez singulier tout de même c'est sa féminité. Un film réalisé par une femme avec des personnages presque exclusivement féminins (le vieil homme à la fin est le seul personnage masculin d'envergure) à l'époque c'est assez exceptionnel.

_________________
CroqAnimement votre

Et chanteuse très féministe, d'ailleurs.

_________________
Anthony Sitruk - Bien sûr, nous eûmes des orages
(168 pages, 14.00€)
Commande | Site perso

Le babillage permanent et futile des deux films de Treilhou que j’ai vus est m’a été assez insupportable, malgré ou à cause d’une proximité culturelle avec ça. Ici, le film réussit l’exploit d’être interminable tout en durant 1h15.