Forum de FilmDeCulte

Situé dans les années 1890, un récit de la sanglante émancipation des Philippines de la tutelle espagnole à travers trois personnages, dont la révolution nationale bouleverse l'existence.

"premier film muet en noir & blanc" te dit la critique de télérama, qui donc n'a pas vu le film puisque au troisième plan y'a de la couleur et genre au cinquième ou sixième ça se met à parler non-stop pendant bien dix minutes.

bref.

ceci dit si le critique avait dit vrai, alors le film en aurait été meilleur.

je m'explique : le film, à son commencement, te met grave à l'épreuve.
tu as droit à deux magnifiques mais très courts plans pellicule en noir et blanc muet, cadré façon cinéma primitif, lumière et grain d'image superbes.

puis tu entres dans un tunnel de vingt minutes de couleur, filmé dans un des formats DV les plus atroces du monde, granuleux pourri comme la mort. Dans les dix premières minutes, t'as deux (trois?) angles, caméra fixe sur un couple endormi -- du moins lui dort, elle n'y arrive pas. Elle se tourne et se retourne. C'EST SANS FIN TU AS ENVIE DE PARTIR EN HURLANT.

Au bout des dix minutes, elle le réveille enfin et lui demande de raconter une histoire. Il le fait en plan fixe, l'histoire n'accroche pas plus que ça C'EST SANS FIN TU AS ENVIE DE PARTIR EN HURLANT.

Et c'est seulement après qu'on en revient à du muet façon cinéma primitif.

Et c'est crois-moi bien dommage, car on t'a déjà bien émoussée la patience, nan même on t'a violé la patience à un point tel que t'as envie de porter plainte.

Si t'es résistant, pourtant, le film est enfin disposé à t'accueillir. Faut être fort, parce qu'au début tu es forcément réticent. Mais petit à petit, si tu es bon, que tu veux bien lui pardonner, alors y'a clairement moyen d'être abasourdi devant tant de beauté.

Parce que oui, le film, une fois qu'il est en N&B, redevient d'une réelle splendeur qui dépasse le simple gadget de reconstitution d'une esthétique disparue. On en passe par le chromo, mais pour le détourner, lui faire les poches, le sublimer. D'où justement que le tic arty du départ est encore plus insupportable, tant il gâche ce qui pourrait être.

Plus le film avance et plus il est beau, il culmine au trois quart avec une séquence incroyable de joute oratoire, qui rentre immédiatement dans les plus belles séquences, à mes yeux, de cette décennie.

Bon, c'est un premier long, le type a 21 ans lorsqu'il le réalise.

Il a un potentiel énorme, une puissance de feu ahurissante. Depuis, il a réalisé trois autres films apparemment, et il semblerait qu'ils sortiront en France. J'ai hâte de voir ça. Il a intérêt à avoir laissé tomber les poses de sa première partie, parce que si tel est le cas, alors on va assister à la naissance d'un grand.

TBA j'ai vraiment l'impression que tu pourrais grandement kiffer ce film (mais je crois que la distribution est rachitiquissime, une seule salle à paris et le pass ugc n'y est pas accepté, faut être un warrior).

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2 salles.

Une à lyon et une à paris donc.

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Why there is so much trouble in this world?

boum.

ça fait loin montpellier/lyon?

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Je suis de toulouse donc j'en sais rien, Je crois que c'est pas la porte à côté oui.

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Why there is so much trouble in this world?

c'était pas une vraie question

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Un pote grand cinéphile et fan de Belà Tarr donc pas réfractaire exigeant a vu le film suivant du bonhomme Now Showing, film de 4h40 qu'il m'a décrit tout simplement comme "la pire experience cinématographique de sa vie" . Vu ce qu'il m'en a dit ça a l'air tout bonnement abominable.

Tiens je te balance sa critique qui fait bien envie : http://peterpan7bis.spaces.live.com/?_c11_BlogPart_BlogPart=blogview&_c=BlogPart&partqs=cat%3dFestival (assez bas dans la page)

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CroqAnimement votre

arf, effectivement, la description rejoint celle des fameuses vingt atroces minutes du début de ce film... et merde...

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Découverte absolument écrasante et stupéfiante.

Je suis tombé là-dessus un peu par hasard et je viens d’apprendre que le film sort cette année en France (il est de 2005), il avait été jusque là uniquement diffusé dans certains festivals, dont celui de Marseille si mes souvenirs sont bons. En fait le cinéma phillipin se limitait pour moi à Lino Brocka pour l’ancien et à Lav Diaz pour le récent… mais quelle erreur ça aurait été de s’arrêter là. Ce seul film de Raya Martin, cinéaste de 25 ans (prends ça dans ta gueule), dépasse de loin tout ce que j’ai pu voir de Diaz. En un seul film Raya Martin affiche l’ambition de faire renaitre son pays dont la filmographie à disparu pour la plupart (je conseille le texte de Cyril Neyrat dans les cahiers du cinéma, très juste et éclairant, le seul texte à m’avoir interpellé depuis un bon moment dans cette revue, dans toutes les revues d’ailleurs).

C’est le troisième film de cette année 2008 qui affiche l’ambition de créer une dialectique entre différent mode de représentation, à commencer par les supports (Redacted, Valse avec Bachir et donc ce dernier). Une partie en dv couleur, l’autre en 35 mm noir et blanc. Un agencement dichotomique qui possède un grand sens mais également une portée affective monstrueuse. On pense dès les premiers plans à Weeraséthakul, surtout à Mysterious object at noon et à Blissfully yours, mais Raya Martin se libère immédiatement du poids de la présence du génie thaïlandais car il affiche immédiatement sa singularité. Le cinéaste philippin est plus proche des affects sur l’instant, qui s’émancipent par l’intermédiaire d’un nombre incroyable de méthodes différentes, le puissance du verbe, la frontalité, la stylisation qui renvoie au muet. Pourtant on est absolument pas dans du post moderne même si on pense à beaucoup de cinéastes ; mais Raya Martin, comme le dit Neyrat, ressuscite plus qu’il ne rend hommage. Il recréé des images d’archives sur l’histoire de son pays, des images d’archives qui ont disparues totalement… C’est bien un film sur la mémoire, mais on n’est pas face à un objet difficile qui accouche d’une mémoire douloureuse comme S21 par exemple. L’objet c’est véritablement l’amour du pays et le besoin de rétablir quelque chose. Même dès les premiers plans contemplatifs (qui ne le sont pas vraiment, on ne contemple rien, il y a toujours l’idée d’un raccordement affectif) on est face à une idée précise, qu’elle soit allégorique (les passages en dv) ou directe (35 mm) elle est transmise avec un génie tellement simple que j’ai du mal à piger son fonctionnement. Une œuvre d’une logique et d’une puissance interne ahurissante. Je ne rentre pas dans la description de certaines séquences car ce serait totalement vain. Il faut voir, il faut ressentir ce miracle (et ouais) pour comprendre.

Voilà, c’était surtout pour vous signaler que le film existait, c’est tout simplement unique et fort. Je conseille à tout le monde de le voir, même ceux qui n’aimeront pas. DPSR je pense que tu peux aimer… Par contre Jericho fonce !!! Tu vas adorer ce film, j’en mettrais ma main à couper.

Bon c’est 6/6 et ça me gonfle, ça fait le troisième de l’année, c’est trop. Mais là ce n’est juste pas possible pour moi de mettre une autre note.

Tu pouvais pas tomber plus juste.

Y a rien à pardonner bordel !

Pas de Pass au Saint-André-des Arts, mais tu m'as motivé, mec, alors j'y vais !

Il faut ! j'espère ne pas te faire déplacer pour rien.

J'avais plus ou moins prévu de le voir, mais sans réelle motivation. Donc tu es utile. Le Bruce Weber attendra donc un peu.

Et "The Savage Eye" va passer dans ton bled?

J'ai bien peur que non, même pour celui là j'ai dû faire le voleur. Mais je trouve pas The Savage Eye pour l'instant.

C'est pas du tout un problème. Des milliers de films sortent par an, comme on est éclectiques, on tombe parfois sur les meilleurs films qui se font dans différentes cinématographies.

Faut arrêter avec cette règle qui consiste à croire qu'on n'a pas le droit de mettre plus de trois fois 6/6 par an.