Forum de FilmDeCulte

Bah, il te reste que Punch drunk love, donc...

Il avait pris une bonne claque quand je l'ai revu mais il est plutôt à part des autres, donc difficile de dire ce que tu en penseras.

Ah ben je pensais qu'il avait fait plus de films que ça en fait. Et hard eight c'est comment ?

De souvenir, c'est appliqué et pas très passionant...

"Punch Drunk-Love" est vraiment excellent, je me demande si ce n'est pas mon préféré. Il est moins ambitieux que les autres, il n'y a pas cette volonté parfois assez pesante chez le cinéaste de réaliser un "film définitif" dans le genre abordé.
C'est beaucoup plus modeste, mais toujours très bien écrit, joué et réalisé ... Un vrai plaisir.

J'avais vu (et aimé) le film dès sa sortie et revu plusieurs fois depuis sans être à fond et donc sans jamais le posséder autrement qu'en VHS enregistrée mais c'est resté le PTA que j'appréciais le plus jusqu'à Licorice Pizza (les radiographies '70s de la San Fernando Valley, notamment show-business related, sont les films du cinéaste qui me parlent le plus, il faut croire).

J'avais oublié que le frérot n'avait que 26 ans au moment du tournage et je m'apprêtais à rager en redécouvrant la maîtrise du boug dès son deuxième long mais j'ai été surpris (enfin pas en mal non plus) de constater que le film transpirait tout de même la jeunesse de son réalisateur. Pas tant dans la visibilité de l'influence de Scorsese ou Altman sur la mise en scène et l'écriture que dans l'accumulation de oners ostentatoires ou l'enfilage de séquences parfois sans liant de ce récit qui s'apparente davantage à une chronique à tendance chorale qu'à un rise and fall et qui lorgne vers la satire un peu facile dans ses aspects les plus parodiques.

Alors c'est indéniablement amusant et heureusement on ne franchit jamais la ligne vers la moquerie. Il est évident qu'Anderson a de l'affection pour ses personnages malgré tout. Hard Eight montrait déjà sa prédilection pour les losers et le cinéaste parvient à caractériser absolument chaque rôle parlant de ce microcosme à la fois de façon pathétique et touchante. Ou peut-être sont-ils touchants parce qu'ils sont pathétiques justement. C'est dans ce portrait que je trouve le film plus intéressant, dans la peinture des objectifs plus ou moins risibles des protagonistes : monter sa boutique de hi-fi, réaliser un film porno qu'on a envie de regarder jusqu'au bout (et se contenter de l'équivalent d'une série Z), voir sa grosse bite comme "the one special thing" qui fera de toi une star, qui te distinguera. Ils sont tous terriblement humains, même dans leurs attachements les plus tordus (la maman dépossédée d'un enfant qui "adopte" ses co-stars avec qui elle baise, damn).

Même quand le film semble partir en couille sur la fin, dans cette incroyable séquence de tension comique lors du deal, c'est inspiré de la plus triste et sordide réalité de John Holmes, le modèle de Dirk Diggler. Là où il y a de l'intelligence dans la réutilisation d'un langage cinématographique rappelant Goodfellas, c'est dans son application à un univers qui reste toujours un peu cheap. On claque sa thune dans la coke et la déco et une bagnole mais on ne vole guère plus haut que des fêtes autour de la piscine et des sorties à la discothèque un peu basiques et accessibles à tous. Et on en revient à se branler pour 10 balles. Ça rise jamais très haut et ça fall au point de départ.

Parce que même cette fin qui pourrait passer pour le happy end d'un auteur qui aime trop ses personnages pour les punir n'a rien de vraiment cathartique, refusant aux principaux acteurs une quelconque évolution. Lucide.

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Ouais vite fait le "pourrait passer pour le happy end". Les 30 dernières secondes sont glauques et la fin montre le coté bien pathétique du "héros". Il y a tout sauf du happy mais c'est très touchant.
Pour le reste d'accord avec toi, un de mes PTA préférés.

Quand tu vois comment a fini Holmes...

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Revision à la baisse. Le film est se regarde tout seul et dans son style très scorsesien est souvent jubilatoire mais il est évident que c'est quand même assez classique dans sa construction de rise & fall un peu attendu. Là où le film tire vraiment son épingle du jeu c'est dans son ambition de film choral où il parvient à faire exister des personnages en une poignée de scènes et de répliques sans se soucier de leur importance dans le récit. J'adore par exemple le perso de William H.Macy, mari pathétique d'une nymphomane qui finit dans le sang. J'aime beaucoup comme une fois son arc terminé (et de quelle manière !), on passe directement à autre chose et on n'en reparlera plus (on apercevra ceci dit une peinture de lui chez Jack Horner). Et tout ça est vraiment au servuce d'une description de ce monde totalement vérolé du porno où derrière le pseudo plaisir et l'argent (pas en si grande quantité que ça) se dissimule toute une réalité bien moins glorieuse faite d'abandon, de toxicomanie, de pédophilie, de violence etc... On retrouve le rapport maître élève un peu trouble entre Dirk Diggler et Jack Horner mais le film est un peu trop balisé par rapport aux scénarios beaucoup plus libres et imprévisibles des films plus tardifs de PTA. C'est dans sa dernière heure que le film se fait à mon sens plus surprenant que ce soit dans cette très longue scène de deal qui tourne mal ou le braquage de la supérette avec Don Cheadle.
Et le film réussit très bien le côté esprit de troupe, presque familial où tout le monde semble vivre ensemble dans une espèce de bienveillance des uns envers les autres. Techniquement c'est aussi plus ostentatoire, PTA (qui n'avait que 26 ans au moment du tournage) montre les muscles avec ces mini plan-séquences, cette ampleur toute scorsesienne qui parfois tourne presque un peu à vide. Mais on prend du plaisir à plonger dans ce monde aussi joyeux que pourri de l'intérieur avec sa BO dingue, son rythme ad hoc et son casting absolument dingo. Très bon film donc mais petit PTA.

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CroqAnimement votre

Oui, j'avais été un peu déçu à la revoyure aussi