Durant l'été, dans la petite ville de Ramslade, Humbert Humbert, un professeur de lettres divorcé et séduisant, loue une chambre dans la maison de Charlotte Haze, une matrone éprise de culture. Celle-ci essaie de séduire Humbert, mais ce dernier se montre beaucoup plus attiré par la juvénile Lolita.Pour répondre à la tagline...
they didn't, really.Non, je n'ai pas lu le livre et la trahison du roman par Kubrick n'est même pas ce que j'aurais à reprocher au film même si ça participe sans doute à mon intérêt déclinant pour le film passé la première heure.
Durant toute la première partie, je me suis surpris à trouver le film régulièrement drôle. Après l'avoir découvert en salles il y a 24 ans, je ne me souvenais plus que d'une seule scène (celle de la bascule justement, quand un fondu au noir sur le visage de Lolita laisse entendre qu'elle va jouer avec Humbert au jeu découvert en colo) et je ne me rappelais donc pas comme le film s'amusait de ses personnages, qu'il s'agisse du vieux prof guindé à la libido déviante ou, bien évidemment, de la veuve
en chien que Shelley Winters et ses paupières tombantes et son petit double menton incarne avec tout le pathétisme nécessaire pour la rendre suffisamment touchante, mais aussi de tous ceux qui les entourent, comme le couple d'amis qui sous-entend être ouvert à l'échangisme et bien évidemment Clare Quilty que Peter Sellers joue de façon
queer-coded. Et évidemment Lolita, jouée par une Sue Lyon de 14-15 ans qui en fait facile 20, qui allume Humbert dès le départ.
Ça transpire le cul mais c'est joué un peu pour la blague et peut-être Kubrick a-t-il pensé que tendre vers un esprit satirique était la solution pour porter le matériau
"infilmable" à l'écran - un peu comme Mary Harron sur
American Psycho - mais je ne suis pas sûr que ça soit vraiment judicieux
in fine. Cela étant dit, l'ensemble reste divertissant et parcouru d'une tension
"will they/won't they?" qui porte l'ensemble...
...et donc une fois que c'est acté bah, patatras.
D'ailleurs, Kubrick le savait :
With Nabokov's consent, Kubrick changed the order in which events unfolded by moving what was the novel's ending to the start of the film. Kubrick determined that while this sacrificed a great ending, it helped maintain interest, as he believed that interest in the novel sagged after Humbert "seduced" Lolita halfway through.Passé ce point, le récit prend des atours de banale histoire de couple où le mari est jaloux et possessif et franchement, le voir dire ad nauseam
"tu parles pas aux garçons! tu joues pas dans la pièce de théâtre! tu vas pas à la soirée!", ça me passionne pas des masses. Et c'est pas Sellers, un pied déjà dans
Dr Strangelove, qui vient dynamiser quoi que ce soit.
L'aspect "arroseur arrosé" de la narration, réduisant Humbert à devenir l'amoureux transi obsessionnel et pitoyable qu'était Charlotte à son sujet, de façon à montrer la débandade en règle du représentant du Vieux Continent dans ce Nouveau Monde débridé, n'est pas inintéressant (à ce titre, la déambulation d'Humbert dans le manoir bordélique de Quilty est éloquente), surtout que ça rend la subversion du texte original pertinent - Lolita n'est plus une fillette de 12 ans violée par un pédophile récidiviste qui devient tyrannique mais une jeune femme de 17 ans sexuellement émancipée qui séduit son prédateur pour en faire un papa gâteau ridicule - mais cette heure et demie interminable manque terriblement de la tension qui animait ce qui précédait.
Quand je vois certains avis parler de film "malaisant", franchement... Pour les scènes avec Sellers éventuellement mais sinon c'est tellement sage, tellement timide, tellement aseptisé... Encore une fois, c'était sans doute la seule manière de faire
Lolita alors que le Code Hays était encore en vigueur mais je trouve que le film rate tout ce qu'
Eyes Wide Shut réussira 37 ans plus tard dans la décomposition d'un homme face à la sexualité féminine.