Forum de FilmDeCulte

Une femme puissante, CEO d'une entreprise dans la tech tombe sous le charme d'un stagiaire. De ce pitch de roman harlequin la réalisatrice signe un film très orienté par le sexe, comme métaphore du pouvoir et de l'épanouissement. Le chemin du film est d'ailleurs très simple c'est l'orgasme. Tout le film n'est qu'une évolution vers l'orgasme (on commence par une relation sans pour finir par une explosion de plaisir). Alors c'est sexy, c'est "kinky", c'est très juste sur la conception du pouvoir, ce n'est pas parce qu'on est puissant socialement qu'on doit l'être dans sa vie personnelle et évidemment c'est une espèce d'ode amoureuse à la légendaire Nicole Kidman, sublime et émouvante derrière toutes ces opérations de chirurgie esthétique qui cherche un point de plaisir là où elle ne parvient plus à le trouver. Ces longs plans sur son visage dans les moments sexuels sont les plus beaux du film.

Malheureusement le film ne va pas au bout de son process et reste étrangement très pudique. Non pas qu'il aurait fallu être plus cru, ce n'est pas le sujet mais qu'au fond son propos est vraiment décevant et presque antinomique avec ce qu'il promettait au début. Ce n'est pas le récit de l'émancipation d'une femme puissante qui vit sa sexualité comme elle l'entend, c'est le récit d'une mère de famille, épouse qui après avoir découvert son véritable potentiel revient bien sagement dans le giron familial pour assumer sa position sociale et professionnelle dans quelque chose de finement très puritain.

Impression que le film est vraiment petit bras et si le début s'avère vraiment intrigant (je me disais qu'on était face au Challengers de 2025), la suite est vraiment décevante, narrativement ça se fait très flottant, assez répétitif, ça s'égare (l'histoire d'amour, les tensions au travail etc...) et finalement tout est assez cliché (la métaphore du chien bon....). Halina Reijn est une ancienne actrice notamment chez Verhoeven ce qui explique peut-être ce sentiment d'être face à un Elle du pauvre d'où toute la perversité aurait été retiré. Pas désagréable, le film est assez génial pour Kidman (dont le personnage semble être d'une certaine façon son alter ego) mais c'est moyen.

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CroqAnimement votre

T'es gentil. J'aurai plutôt dit un film de clochard en comparaison.


C'est le problème majeur, il est évident que l'idée de départ ce sont les scènes d'ouverture et de clôture, et qu'à partir de là il a fallu combler entre, et c'est extrêmement approximatif. Déjà je ne comprends pas que le film ne prenne pas le temps de faire naître un certain trouble. Première scène post coït le "fantasme" (misérable, aussi bien dans ce qu'il est que dans la manière de nous le montrer) de Kidman nous est déjà révélé. Deuxième scène (qui est dans le trailer - d'ailleurs le film n'en est qu'une version gonflé, il ne contient absolument rien de plus) l'objet de la concrétisation de son fantasme est déjà trouvé. J'ai trouvé cela extrêmement abrupte, mais soit ce n'est donc pas cette possibilité que le pitch lui offrait qui intéresse la réalisatrice. On serait donc plus dans un versant Belle de Jour/Nymphoniac... sauf que non, absolument pas non plus. Les séquences de "domination" sont d'un ridicule absolu. Manger un bonbon à 4 pattes ou laper du lait dans une écuelle, il y avait peut-être la possibilité de faire un petit effort. Et les conséquences de ces actes sont tout autant ridicule (Banderas est atroce comme d'habitude, pas aidé par un personnage falot qui se fait littéralement rouler dessus sur toute la longueur du film). Au final on a quoi, comme tu le dis une morale finalement assez puritaine, dont l'ambition se résumerait à motiver les épouses à ne pas cacher leur fantasme à leur conjoint afin qu'elle puisse avoir des relations sexuelles épanouissantes. La subversion et l'émoustillement que les spectateurs sont venus chercher se sont pas mal perdu en chemin. Sans oublier de préciser que j'ai trouvé le film absolument pas sexy, FC parle d'aller voir le Almodovar annuel comme de l'accomplissement laborieux du devoir conjugal, au moins on arrive à bander pour celui-là, parce qu'avec Babygirl on bande carrément mou.

Oualala mais quel enfer.

J'avais pourtant trouvé Bodies Bodies Bodies sympa mais là...

Le premier plan est intrigant dans sa mise en scène qui évite l'objectification et le male gaze pour se concentrer sur le plaisir féminin, ou plus précisément sur le simulacre car on nous révèle immédiatement que cet orgasme d'ouverture était faux. S'agira-t-il d'un film malin et ambivalent sur les jeux (de pouvoir, sexuels), sur la manière dont on joue un rôle, qu'on se joue des autres ou avec les autres? Non. Est-ce qu'il s'agit alors d'un plus simple mais potentiellement rafraîchissant elevated erotic thriller genre la version A24 de 50 nuances de gris? Même pas. Art Core parle d'un Elle du pauvre, moi j'ai plutôt pensé à Eyes Wide Shut du point de vue d'Alice Harford (présence de Kidman oblige) qui aurait concrétisé son fantasme mais, contrairement à Alice, aurait peur de perdre sa famille. Autrement dit Eyes Wide Shut sans couilles, ringard et bête.

Dès la fin de la première scène, qui voit le protagoniste avoir déjà ce kink BATEAU, j'ai senti le truc pas très réfléchi, et la caractérisation au Crayola (le passé dans la secte, seriously?) ne fait qu'empirer, enchaînant les facilités pas crédibles (le mari qui ricane et refuse le jeu sexuel le plus vanille du monde en disant qu'il a l'impression d'être "a villain", on est où là?) et surtout les clichés. Non content d'être prévisible de bout en bout, le film commet également le crime d'être redondant, étirant péniblement sur près de 2h un récit anémique qui n'a, au mieux, que des banalités à dire sur le sexe et le pouvoir, le couple et l'infidélité, les hommes et les femmes, et au pire, se fait carrément puritain.

Harris Dickinson est bien. Pas franchement épaté par Longlegs par contre.

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