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MessagePosté: 14 Déc 2024, 14:56 
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Robot in Disguise
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Totone, 18 ans, passe le plus clair de son temps à boire des bières et écumer les bals du Jura avec sa bande de potes. Mais la réalité le rattrape : il doit s’occuper de sa petite sœur de 7 ans et trouver un moyen de gagner sa vie.

J'avais vu un tweet sur comment c'est un film qui représente et s'adresse à un certain public rural qui ne le verra tout bonnement jamais, que ce soit par manque de salle, de com', de curiosité, ou à cause d'une méfiance à l'égard d'un cinéma français présumé parisiano-centré.

En tous cas juste après avoir vu la bande-annonce d'UN OURS DANS LE JURA, version comédie populaire du même terroir, c'est cool de voir la vraie vie, avec ce casting improbable de jeunes jurassiens avec leurs accents improbables et leurs coupes à la Du Gesclun... Dans un ciné français tellement urbain, on se rend compte que la vraie diversité, celle qui manque, c'est pas les commissaires avec des afros, mais c'est bien ces "white trash" (si chers à FingersCrossed) qu'on ne voit juste jamais.

En tous cas le film est assez étrange, construit en deux volets. Ca commence comme une chronique sur le vif où on ne saisit pas les tenants et les aboutissants des situations de chacun, le scénario privilégiant la rétention d'information. Il faut attendre le midpoint pour que le vrai pitch (que je n'ai pas copié-collé) s'incarne, le personnage de Totonne ayant désormais un but. Le tout va conduire, vous vous en doutez à une vague esquisse de "crowd pleaser" extrêmement déceptif, "où l'essentiel est ailleurs", jusqu'à la conclusion la moins Michael Arndt du monde.

La vraie réussite du film, on le disait, est dans la représentation, ce monde qu'on ne voit jamais et qui est dépeint avec tendresse et sans jugement. Car pour le reste c'est un premier film avec quelques bons paris de relevés, un personnage principal qui s'avère étonnamment attachant, mais ça reste vert, à la frontière du court-métrage étiré.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 14 Déc 2024, 15:07 
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Tout ce que tu dis se sent rien qu'en voyant la bande annonce.

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MessagePosté: 14 Déc 2024, 15:22 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
J'avais vu un tweet sur comment c'est un film qui représente et s'adresse à un certain public rural qui ne le verra tout bonnement jamais, que ce soit par manque de salle, de com', de curiosité, ou à cause d'une méfiance à l'égard d'un cinéma français présumé parisiano-centré.


Il est en tête du box-office... et projeté dans tous les cinés du département.

Plus j'y pense, qu'est-ce qu'il est con, ce tweet...

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MessagePosté: 18 Déc 2024, 09:56 
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J'ai eu très peur dès le début à cause d'un scénario trop évident, j'avais l'impression d'assister presque aux sessions d'écriture dans je ne sais quelle résidence tellement il y avait "trop" de scénario, trop de choses qui arrivent vite (la pseudo romance, la rivalité avec les frères, le deuil du père, l'absence de la mère pas expliquée...). Tout est trop chargé, trop obnubilé par le besoin d'en rajouter que la chronique a un peu du mal à s'épanouir organiquement (la meilleure scène de la première partie c'est peut-être la fête un peu pathétique dans la cuisine de la ferme où les mecs sur murgent au Get27). Pareil d'ailleurs pour la mise en scène avec cet incompréhensible premier plan où l'on suit un homme de près en collant sa nuque se déplacer dans une fête de village, espèce de simili tour de force esthétique qui n'a aucun sens dans le projet du film.
Mais peu à peu, le film m'a eu à l'usure. J'ai fini par ne plus voir les coutures du scénario mais par me laisser attendrir par le regard de la réalisatrice sur sa galerie de personnages tous profondément attachants. J'ai particulièrement aimé la manière de filmer cette jeunesse rurale sans ne jamais la juger et surtout sans ne jamais tomber dans les poncifs habituels du genre (que je vois beaucoup en court-métrage). Pas de reflexion sur le niveau d'études des uns et des autres, pas de personnage qui rêve d'aller "en ville" en abandonnant ses copains. Juste des personnages qui vivent leur vie dans leur milieu et qui sont heureux comme ça. Je ne vais pas sortir la carte du provincial mais il faut dire que ayant grandi dans un village de 500 habitants avec des oncles et des cousins agriculteurs, ça m'a particulièrement parlé. Rien que le titre d'ailleurs, que j'avais repéré dès son annonce à Cannes, ce "vingt dieux", souvent écrit "vindieu", expression tellement ancré dans la campagne, que j'ai si souvent entendu et qui est aujourd'hui le plus souvent utilisé comme le symbole comique d'une paysannerie désuète. J'ai adoré que les personnages l'utilisent premier degré, là encore sans sourire en coin ou regard de dessus.
C'est donc vraiment par sa sincerité que le film m'a eu, par la volonté de raconter ses personnages avec un regard d'une grande tendresse. Alors ça ne va pas sans un certain formatage d'un scénario un peu trop rond, trop chargé (le deuil initial paraît limite superflu) mais le film a su me toucher et m'émouvoir alors que je partais limite le couteau entre les dents. J'en retiens de belles scènes, de beaux moments (la longue scène entre le frère et la soeur qui font le fromage par exemple). Et au générique de voir que le nom Courvoisier revient régulièrement (musique, costume je crois) et de se dire qu'il y a vraiment quelque chose de familial et de communauté dans le bon sens du terme.
Un film imparfait mais dont on ne peut que se réjouir du (petit) succès.

4/6

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 18 Déc 2024, 12:34 
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Un premier film rafraîchissant et vraiment charmant, avec un decor original (les fabricants de Comté artisanal dans le Jura, et c'est très cool à voir) et un personnage principal attachant. Le casting de non-professionnels est impeccable et tout sonne juste et vrai. J'aime beaucoup que le film ne tombe pas dans la chronique sociale déprimante (il y avait clairement matière à) mais je regrette quand même que ça manque un peu d'intrigue et de tension, de scénario en somme.
Un fromage aux jolies notes fruitées donc mais qui manque de caractère (copyright Arnotte). Avec un peu de maturation le cinéma de Louise Courvoisier sera encore meilleur, je suppose. Mais c'est un joli petit film, c'est sûr. Content qu'il ait pu avoir l'exposition cannoise et le succès qui a suivi.

4/6

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"


Dernière édition par Arnotte le 18 Déc 2024, 12:41, édité 1 fois.

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MessagePosté: 18 Déc 2024, 12:40 
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Arnotte a écrit:
un decorum original
Ouais alors il va falloir que je fasse une intervention sur ce mot qui est désormais utilisé pour dire "décor" ou "univers":

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MessagePosté: 18 Déc 2024, 12:41 
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Tu as raison, merci! Je corrige.

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MessagePosté: 18 Déc 2024, 13:45 
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Qui-Gon Jinn a écrit:
Ouais alors il va falloir que je fasse une intervention sur ce mot qui est désormais utilisé pour dire "décor" ou "univers":


Que ne fais-tu pas une intervention sur séminal, aussi. :lol:

Art Core a écrit:
Je ne vais pas sortir la carte du provincial mais il faut dire que ayant grandi dans un village de 500 habitants avec des oncles et des cousins agriculteurs, ça m'a particulièrement parlé.


Courvoisier est fille d'agriculteurs et a grandi dans la région.

Art Core a écrit:
J'ai adoré que les personnages l'utilisent premier degré, là encore sans sourire en coin ou regard de dessus.


Tout le monde l'utilise, ici.

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MessagePosté: 19 Déc 2024, 10:22 
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Le film est aussi très habile et délicat, je trouve, dans ce qu'il montre de la masculinité, qu'elle soit endossée par un homme ou une femme d'ailleurs.


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