Forum de FilmDeCulte

2,2m pour le troisième week end, ça finira en dessous des 60 aux us, soit moins que ce qui était attendu pour le premier week end quand les estimations avaient déjà été baissées en comprenant que ce serait un flop.
dans le monde ça finira sous les 220.

Beaucoup aimé à ma grande surprise et assez interloqué par le rejet général. Pour moi le film est dans la lignée d'un Matrix Resurrections. Pas un film parfait mais un film passionnant et qui commente avec intelligence son héritage. Là clairement le film décide de se concentrer sur le portrait de ce personnage en évacuant au maximum toute la mythologie Joker. Ce n'est pas selon une négation du premier film mais bien plus un commentaire sur celui-ci. Là où beaucoup y ont vu la naissance d'un personnage iconique punk et anti establishment, Todd Philips nous dit que ce n'est pas ce qu'il a souhaité faire mais plus dessiner la silhouette de ce personnage magnifiquement tragique d'Arthur Fleck, enfant traumatisé et malade mental qui a été abandonné par tout le monde et dont le seul fait d'armes et ce pour quoi il est célèbre c'est l'expression de son profond mal être. Je trouve émouvant d'être dans ce dénuement, face à ce personnage si fragile, si perdu.
Et l'arrivée de Lady Gaga qui incarne très littéralement la "fan toxique" fait plonger le film dans un discours méta assez évident (peut-être trop, c'est son défaut) mais néanmoins passionnant. Arthur Fleck incapable d'exister par lui-même, n'a d'autres choix qu'incarner le Joker pour être aimer, pour être considéré, pour être quelqu'un. Et tout le film de n'être que l'abus littéral de cet homme détruit, aimé par des gens qui ne le comprennent pas. Même quand il arrive à la prison telle une star et que tous les prisonniers se mettent à chanter "Oh when the saints" son bonheur est de courte durée et très vite c'est l'incompréhension qui domine.

Et c'est là qu'intervient la plus belle idée du film, Arthur Fleck ne peut s'épanouir que dans son interiorité alors il invente cette vie de comédie musicale, où l'amour règne (même si rapidement ce fantasme sera teinté de cauchemar). C'est très émouvant et cela aboutit à cette scène finale sur les marches qui est la fantaisie personnifiée d'Arthur Fleck (car Lee s'est déjà suicidée). Là dans ce lieu qui l'a vu naître en tant que Joker, son amour doit arrêter de chanter parce que le chant n'est pas dans la vraie vie et le maintient loin de ce qu'il est et de ce qu'il veut être.

J'ai trouvé ça assez bouleversant (je rajoute aussi la magnifique scène de Ne me quitte pas). Et si le film peut avoir des cotés un peu évidents, condescendants (une partie du film c'est Todd Philips qui te gueule à l'oreille, "arrête tes conneries avec tes super héros et grandis un peu"), je le trouve courageux et plus étonnant, sincère, sans malice, juste la volonté de nous parler de cet homme malheureux qui a cru entrevoir la lumière mais qui s'est trompé (ou qui s'est fait tromper).

Rien à foutre d'être le seul à le défendre, plus j'y pense, plus je l'aime.

5/6

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