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MessagePosté: 08 Oct 2024, 19:40 
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Film Freak a écrit:
On ne va pas y aller par quatre chemins, il y aura certainement des vendus et des poseurs qui ont déjà entre l'index et le pouce le coin de la carte "Grand Film Malade" prête à jouer, et moi-même, malgré les derniers films du cinéaste, j'avais très envie d'aimer, d'adorer cette arlésienne improbablement concrétisée.

N'étant pas vendu à Coppola (loin de là), ne me reste que la carte du poseur (chouette c'est celle que je préfère).
Plus sérieusement, au vu des retours j'étais à deux doigts de ne pas me déplacer. Et s'y j'y suis tout de même allé j'étais quasi certain de détester. Au final, sans que j'en sois un inconditionnel, le film m'a suffisamment enthousiasmé pour que j'envisage sérieusement de retourner le voir une seconde fois. L'effet de surprise se sera estompé et je pourrai mieux trier le grain de l'ivraie. Mais du bon grain il y en a, indéniablement.

Ce qui m'a le plus surpris, une nouvelle fois vu la teneur de certains retours, c'est que j'ai trouvé le film visuellement merveilleux. A chaque instant, y compris dans ses moments les plus faux. Ceux qui se plaignent de la laideur des CGI n'ont tout simplement pas les yeux en face des trous.

L'autre aspect, qui fait que j'ai envie de le voir une deuxième fois, et qui tient aussi au fait que c'est un cinéma diamétralement opposé à ce qui habituellement me touche, c'est sa profusion. J'avais ressentie le même sentiment l'an dernier devant Le Garçon et le Héron. Ma deuxième vision ne m'avait pas forcément plus enthousiasmé que la première, mais elle m'avait au moins permis d'y voir plus clair. Et il n'est évidemment pas anodin que ces deux films soient ceux de deux octogénaires, potentiellement le dernier, avec une dimension testamentaire, à la fois sur ce qu'ils veulent dire d'eux et de leur cinéma, mais aussi de ce qu'ils se sentent le devoir de léguer aux générations à venir. Je me demande d'ailleurs si on ne pourrait pas ajouter un troisième larron à ce duo avec le Trois mille ans à t'attendre de Miller. Cela ne rend pas nécessairement les films réussit (je n'avais pas spécialement apprécié le Miller, mais peut-être devrais-je le revoir avec cet aspect en tête), mais au moins digne d'intérêt.

Sur le fond, même si je ne suis pas certains qu'après une première vision j'ai suffisamment percuté pour saisir toutes les subtilités du film, ce qui m'apparaît néanmoins est que réduire la portée du film à celle, naïve et utopiste, de son personnage principal me semble être une erreur, Coppola m'a l'air plus malin que cela. Étant entendu que Driver est son incarnation à l'écran, il n'est finalement pas si tendre avec lui, un idéaliste hors sol qui passe son temps à se défoncer, par certain qu'il faille prendre avec le plus grand des sérieux ses envolées lyriques finale. Je dirai même que Coppola se fout pas mal de sa propre gueule.

Autre parallèle vers lequel je m'étonne ne pas avoir vu les critiques tendres, et je dit cela avec beaucoup de précaution parce que je suis loin d'être le plus calé sur le sujet, c'est son côté film de super héros... tout de même, il y a beaucoup de similitudes (dans les trajectoires et visuellement à l'écran) avec Batman non ?

Su ce je vais attendre de le voir une seconde fois pour m'éclaircir les idées...


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MessagePosté: 08 Oct 2024, 20:56 
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Assez d'accord avec toi, sauf peut-être sur cette fin qu'il faudrait prendre au second degré alors qu'il me semble que Coppola assume d'y aller à fond. Mais c'est à nous de prendre ce que l'on aime du film et en effet, il me semble qu'il y a quantités de choses à prendre dans ce film plutôt que de tout descendre en bloc. J'irai aussi le revoir.


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MessagePosté: 14 Oct 2024, 09:26 
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Quel bordel ce film. Je ne savais vraiment pas à quoi m'attendre en entrant dans la salle entre les cris au nanar (ce qu'il n'est évidemment pas) et les avis à l'emporte pièce sur ce film malade ne ressemblant à aucun autre. Et oui c'est peut-être sa plus grande qualité, d'être un film totalement unique, qui parvient je pense à traduire parfaitement ce que voulait faire Coppola dans un mélange de néopéplum, de light SF et de sitcom (bon pas sûr pour celui-là). Le problème c'est quand c'est tellement mal construit en terme de scénario, de montage (mon dieu cette catastrophe) et de mise en scène (c'est très mal réalisé, mal cadré à part quelques plans un peu composés, il ne raconte absolument rien dans sa mise en scène). Dès qu'une scène se pose un peu dans les dialogues ça devient très vite ridicule parce que trop pompeux, très mal écrit (l'immonde première scène avec Adam Driver et Nathalie Emmanuel où il y a sa fameuse réplique "go back to the cluuub", il y a rien qui va). A la limite j'aime bien la première scène au dessus de la maquette, c'est très bordélique avec un montage à l'ouest mais il y a une energie, un truc (ça m'a rappelé le Romeo et Juliette de Baz Lhurmann). Mais le reste tombe tellement dans une espèce de vulgarité totale, même à l'image avec des CGI quand même très laids et des fonds verts bien trop évidents. On ne comprendra rien au personnage principal et à son mystérieux pouvoir, c'est posé là sans rien en faire (et on doit comprendre que le personnage féminin le possède aussi), espèce de métaphore là encore grossière et vulgaire de l'artiste tout puissant (alter égo évident de Coppola). Et le discours est finalement d'une confondante naïveté et là encore très discutables d'un point de vue plastique, la ville idéale de César est laide et artificielle, une bulle totalement factice enfermée dans la vraie ville avec des tapis roulants inutiles et des formes végétales qui ne trompent personne. Je ne sais pas si c'est volontaire ou pas mais le film semble ironiser sa propre création tant ça m'a semblé là encore ridicule. Ah oui dernier reproche, la musique qui est une horreur, BO tout simplement ringardissime.

Mais ceci étant dit, c'est un film où je ne me suis jamais ennnuyé. C'est suffisamment singulier dans la proposition qu'on s'y amuse quand même régulièrement. Quelques images sont très fortes et réussies (les statues évidemment mais pas que), la scène du cirque (mais là encore très mal réalisée). Le casting est un peu catastrophique surtout côté féminin, le film étant d'ailleurs clairement misogyne avec sa sainte et sa putain... Dustin Hoffman fait beaucoup de peine, Jon Voight est marrant (pouffé de rire quand il sort l'arc à la fin, pour le coup vrai moment nanardesque je trouve), Shia LaBeouf s'amuse bien, Driver est carré mais sans intérêt... En fait j'ai eu sans cesse l'impression très paradoxale d'être à la fois face à un terrible film de boomer mais également face à un film étudiant fauché (la scène où elles vont voler l'extrait de naissance, le côté enquête à deux balles...).

Une véritable expérience, je ne regrette pas du tout le déplacement en salles et si je ne pense pas que le film ne devienne culte ou quoi, ça reste un film totalement singulier, à l'image de son auteur, qui a fait ce qu'il a voulu sans se poser de questions. Le résultat est ce qu'il est mais je suis malgré tout assez admiratif.

2/6

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MessagePosté: 14 Oct 2024, 11:30 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Ah oui et même réflexion que pour Coup de coeur, le film est une comédie musicale qui s'ignore. Ca aurait été totalement plus digeste en comédie musicale je trouve.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 14 Oct 2024, 11:46 
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Art Core a écrit:
Ah oui et même réflexion que pour Coup de coeur, le film est une comédie musicale qui s'ignore. Ca aurait été totalement plus digeste en comédie musicale je trouve.


Ah ouais toi tu veux qu'il floppe encore plus au box-office :mrgreen:


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MessagePosté: 28 Oct 2024, 12:16 
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J'ai apprécié l'atmosphère visuelle du film (au point d'en rêver la nuit suivante, ajoutant une dimension space opera)), très proche d'Annette de Carax dans lequel jouait déjà Driver. La dynamique du couple qu'il forme avec Nathalie Emmanuel, et surtout la suspiscion du meurtre de sa précédente épouse (noyée et autant fuie que traquée dans les deux films) est aussi très proche de celle du film de Carax. Peut-être est-ce un reflet de la tentation des cinéastes de cette égénration d'oppsoer à la vague MeToo une vision faustienne, démiurgique, à la fois collectivement rédemptrice et individuelle pour le sens, de la femme et de l'amour ?
Le progressisme social correspond alors à une forme de honte et de conscience torturante de la faute dans le chef du démiurge génial.

Le propos du film est en effet intéressant mais daté (pas pour rien que le film exhibe longuement uns Citroën DS). J'ai lu récemment le livre que Bruno Latour a consacré au projet foiré de Matra pour un people mover énergétiquement écologique mais trop coûteux en terme d'infrastructure et d'occupation de l'espace (Aramis), et on est ici dans le même univers : à la fois techniquement positiviste et optimiste, mais taraudé par la conscience tragique du risque d'échec. Ce qui actuellement est perçu comme une urgence écologique est perçu était dans les années 70-80 comme un surdimensionnement rétrospectif par rapport aux besoins, l'erreur dans un cas est placée dans l'horizon d'un futur ingérable , dans l'autre cas d'une idée dont le caractère viciée et tout à la fois originaire et indémontrable. Mais alors dans cette distribution la conscience de le mort se sépare de ce qui relève de la foi et du doute (Latour est doté d'un versant théologique un peu douteux, comme le film en fait).

Singulièrement, un des rares traits identifiables des visions futuristes de l'architecte dans le film est l'existence de people movers à capsule issus des années 70, de tapis roulant liquides, soit justement le même type de technologie déjà obsolète en 1990 que dissèque Latour. Le flux ne concerne pas encore les données (c'est un monde sans téléphone portable), mais toujours les personnes.

Et le caractère à la fois tragique, souffrant et surnaturellement puissant du personnage de l'architecte le met finalement à l'abri de la contrainte de devoir composer, passer des compromis et négocier (or comme le remarque Latour, une idée qui n'est pas altérée, qui reste intacte n'est pas non plus socialement investie, et risque fort d'échouer - c'est l'usage qui révèle alors les vices techniques qui n'ont pas été anticipés).
Il est d'ailleurs littéralement sauvé par son client (le banquier qui par fatigue, deient juste et tue les cyniques).
C'est un univers où la conversion politique est le privilège des puissants, avec une représentation ambigue du peuple, forcément vu à travers le prisme du risque populiste. On sent tout à la fois une critique mais aussi une exploitation de l'atmosphère visuelle de l'assaut trumpien sur le Capitole, que Coppola a réintégré dans un projet existant, comme si cétait là laconfirmation, purement idéale, d'une vision, plutôt qu'une crainte.
Le film sépare aussi l'univers de l'historicité et celui de la faute, en faisant du mal quelque-chose de plus "rapide", de plus temporel, que la finitude ontologique elle-même. Le problème du bien et du mal est ici soluble, au contraire de la question portant sur le fait de savoir si l'homme est tout puissant ou bien au contraire jouet de la nature : le personnage de Driver à la fois doute de ses compétences techniques, et est morament taraudés par le deuil de sa femme, mais cela relèvent de deux mises à l'épreuve différentes, qui ont chacune leur cycle, et structurent deux films parallèle (les visions et hallucination appartiennent à l'univers de la faute individuelle, et le visible à l'inverse est complètement identifié au politique et à la masse colelctive).
Et c'est bien parce que la culpabilité morale est résolue dans le cours du récit, ne l'achève pas que l'architecte peut se consacréer pleinement à son oeuvre technique, qui conclut le film. (le personnage du maire libère l'architecte et lui demandant pardon comme on se dénonce, avec une lettre qui n'est jamais ouverte - non pas un fait mais, puisqu'elle est cellée, jamais lue, une valeur à la fois artificielle et inédite - il faut l'imitation voire la fiction d'un crime pour libérer la praxis) .

Tout cela est super intéressant. Reste que le film a un côté poétique si on est gentil, narrativement mal branlé si on est méchant (la starlette au centre du film pendant 20 minutes, puis complètement abandonnée ensuite - je ne suis même plus certain qu' il s'agit bien de la maîtrisse de Driver dans la scène qui se tient dans leur appartement). Driver mourrant (scène qui renvoie à l'assassinat de Lennon, à Z de Costa-Gravas aussi), tué par un enfant (superbe idée), puis éborgné, transformé en cyborg floral, puis complèement cicatrisé comme si rien ne s'était passé, J'avais par moment la sensation, souvenir de première adolescence, de prendre en cours de route un épisode des Feux de l'Amour en cours de route, essyant de deviner si ce que je vois est l'intrigue annexe ou une digression.
L'expressionisme fonctionne comme une parenthèse, le tragique lui-même comme ce qui est à la fois montré et abandonné, ce que le film essaie et croit pouvoir expulser. Et de fait, sa cité sociale utopique, réparatrice et post-politique, le mec la chie littéralement (avec son matériel brun flexible et indestructible mais un peu honteux qui lui vait le Prix nobel), le film ne nous raconte que ce processus (belle idée
l'interprétation n'est pas spécifiquement subtile, une réplique clé du film joue sur l'opposition anal/oral - on sait que pour Freud Léonard de Vinci auquel l'architecte fait penser était le summum de l'oral
).

_________________
Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ?
- Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.


Jean-Paul Sartre


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