L'important dans ce film, ce n'est pas la succession de clichés, notamment sur le Japon, cliché qu'on envoie chier d'ailleurs en un plan pour plaquer à la première occasion notre narration américaine sur le pays.
L'important n'est pas non plus la laideur absolue des scènes de combats, particulièrement de celles qui se veulent spéctaculaires, comme celle du shinkansen, ou les cgi à grande vitesse sont plus horribles que si on avait essayé de coller un ordi datant du premier star wars dessus.
L'important ce n'est pas le rythme complètement foireux faisant que tout est raté, que jamais on ne vibre, que certaines coupes sont en faux raccord total tout simplement parce que la scène est mal gérée et qu'on a casé le plan qu'il fallait comme on le pouvait pour rattraper une merde mal tournée
; le tout ne donnant même pas un effet faussement expérimental puisque ce qui devait arriver arriva et que le changement de rythme dû au faux raccord n'a rien montré ni produit en termes d'effet.
Rythme foireux qui s'incarne encore plus dans les personnages et leurs retournements de veste à l'emporte pièce
parce que le temps pour les traiter n'a pas été pris.
L'important ce n'est pas la grossièreté didactique avec laquelle ce film ne fait que poser des thèses, car incapable de jouer sur autre chose, par incapacité à contruire, à voir, à donner à voir, à penser, à montrer, à illustrer, ou même chose impensable, à faire voir sans montrer à l'image, capacité propre au cinéma.
Non, tous ces défauts feraient de Wolverine un simple mauvais film, très mauvais, ok, mais ordinairement très mauvais, un film comme un autre.
L'important, et d'entrée de jeu c'est l'immondice avec laquelle est écrite, jouée, montée la scène du bombardement de Nagasaki.
Non je ne m'offusque pas qu'on puisse commencer ce film par Nagasaki, pas en soi parce qu'on utilise le drame à des fins commerciales. ce n'st pas cela, ici. Ca pourrait mais ça va bien au delà. Par exemple, la scène d'ouverture du premier X-men, dont celle de the wolverine offre un mauvais pastiche, au point de se renverser en son revers abject, était brillante, brillamment jouée, dans toute sa tension, et humaine. Elle donnait sa tonalité à tout le film de manière concise. Jamais le drame n'était pris par dessus la jambe. Il était au contraire là dans toute son inhumanité, sans d'ailleurs montrer le fond de l'horreur.
Ici c'est tout le contraire : dans l'écriture: Logan qui voit arriver la bombe, qui donne les consignes, qui prévoit tout, même la pluie noire : horreur réduite à son déroulement technique par celui qui voit tout et la prend comme un simple processus (sans compter que Wolverine n'a pas ce pouvoir. Ah si, il connaissait déjà les ressorts de little boy trois jours avant, lui prisonnier dans un trou à Nagasaki. Enfin bref, quand bien même... ). Le tout avec son faciès à la cool, et sa diction à la cool. Ok, c'est rien, c'est juste une bombe nucléaire mon p'tit. Tu fais ce que je te dis et ça va bien se passer. cette coolitude (qui n'es tpas le calme japonais, où s'nerver est perdre le contrôle, mais la coolitude ricaine, le cool, celui de steeve mc queen, de Point Break, de Tarantino, détourné, piétiné ici)
Mais mieux encore : ce plan, un peu plus tard, on l'on est encore une fois de retour à Nagasaki, quand ils sortent, et que le Japonais voit l'horreur : il n'en sort rien. Et il dure deux secondes. On aurait presque pu mettre un screen noir avec écrit dessus "il pleure" -d'ailleurs ç aurait peut-être été plus fort). Et on passe.
D'abord, le traitement de la scène dans le film empêche toute possibilité de faire passer la chose autrement que comme un simple fait. Le détail, en somme. Dans X-men le premier, c'était la perte de la mère, renvoyant l'horreur de l'extermination, de l'élimination programmée qui provoquait une tension, incarnée dans Lensherr, lui donnant toute son humanité et, par son humaine perte d'espoir en l'humanité, faisait de magnéto ce qu'il était, expliquait aussi la compréhension, l'amitié, et l’éternel espoir de Xavier.
Je me souviens avoir déjà vu le sujet mal traité dans first class, parce que le fait que son bourreau soit un mutant dénoue le désamorce ce qui s'était incarné dans le premier film.
Ici un cap est franchi : Le drame ne sert plus à rien, il ne dit rien de Wolverine ni de son ennemi. C'est de la pure frime. En vain on dira : mais si, il réalise qu'il est immortel, et tout le problème de la perte de sens de la vie apparait à partir de là... mais non.
D'abord parce qu'il y avait tant de moyens de faire jouer l'immortalité de Wolverine, et Nagasaki n'y ajoute rien ah, si, le symbole! Il s'est trouvé confronté à une bombe A et il a survécu. Trop fort! La frime, donc. Sauf que c'était à une distance où on ne mourrait pas forcément sur le coup. Donc puisque ses cellules régénèrent, elles ont pu régénérer. On avait compris le principe merci.
Ensuite parce que l'existentialisme de la scène, ce rapport sens de la vie/mortalité n’apparaît que dans une phrase, dite, et vite, juste comme une thèse, postulée. l'image, elle montre tout le contraire : son amour pour Jean, le fait qu'il veut mourir parce qu'elle n'est plus là, non pas parce qu'il est immortel. Même pas de traitement sur le fait qu'on puisse se rendre compte qu'il le voulait déjà avant. Pas de traitement non plus sur le fait que cela soit une éventuelle arnaque du vieux jap, l'ayant suivi toute sa vie, pour lui faire accepter la chose.
Rien. Jamais il ne se pose une question à ce sujet, jamais un flashback montrant le lien entre cette immortalité et une envie de mourir déjà avant. Simplement des thèses postulées et prononcées et prononcées, désincarnées, jamais vues. Donc non, rien ne vent justifier l'usage pseudo dramaturgique de cette horreur dans ce film si ce n'est la frime. Peut-être l'intention n'était pas à, mais le résultat par manque de traitement est là, lui. Et il fait de ce film une abjection.
Inhumain/6
J''ajoute à cela un questionnement sur ce cinéma : ce n'est pas la première fois que je remarque ce manque de rythme et de traitement, ce sale montage, aussi, dans les blockbusters récents, ou même films à moyen budget (j'ai encore en tête American Nightmare de ce point de vue) , pour n'installer au final qu'un film à thèse. Quelqu'un a observé cette tendance? Ca correspond à quelque chose en particulier au niveau de la production? c'est quelque chose qui est censé perdurer?
(Détail : j'ai vu ce film deux jours après m'être trouvé devant le dôme de la bombe, à Hiroshima. Peut-être, sans doute, cela a-t-il joué sur ma réaction, même si je pense que je l'aurais eue, à un degré moindre).