Forum de FilmDeCulte

un procureur est accusé du meurtre d'une collègue avec qui il a entrenu une liaison.

à l'occasion de la série sur apple +, je suis tombé sur un article marrant à propos de scott turow, l'auteur du roman dont est tiré tout ça. ça disait que le succès du livre (87) puis du film avaient largement contribué à lancer la mode de thriller judiciaire des années 90, sauf qu'ensuite john grishman - plus productif, aux histoires plus tac tac - lui avait totalement arraché sa perruque, de manière assez injuste parce que turow s'est aussi spécialisé et a ecrit plein de trucs chouettes.
alors j'ai lu le livre, qui était ce que c'était jusqu'à la caricature : un polar judiciaire américain vendu à des millions d'exemplaires dans les années 90, à lire à la plage - ce que je me suis employé à faire. c'était tout à fait efficace et divertissant, sans aucun état d'âme ni ambition autre que d'être la meilleure version possible de ce que c'était, point final. ce qui me va très bien.

après, je trouvais marrant la manière dont cette histoire s'est incarnée successivement dans de pures émanations de l'industrie du moment. pour le film, les droits ont été achetés pour 1 million un an avant la parution du livre, tous les gros producteurs de l'époque étaient sur le coup. c'était le temps des histoires originales, des livres et des specs payés des fortunes, des drames pour adultes. du coup c'est produit par sidney pollack, réalisé par alan j pakula qui était très prestigieux, et c'est avec harrison ford - dont le casting a été sujet à débat, on ne se rend pas compte mais sa stardom de leading man hors de ses 2 franchises de légende a été assez courte.

hélas pour moi, l'articulation entre le livre et le film était fort peu stimulante. c'est vraiment une adaptation stricte et littérale - le livre était déjà écrit comme un scénario, 1 chapitre = 1 scène, et ici c'est l'ancien screenwriting d'hollywood, qui consistait à donner le maximum d'informations en un minimum de scènes et de dialogues, viser l'efficacité narrative maximale. c'est extremement bien fait, les 450 pages sont merveilleusement réduites à 120 pages de scénario, ils ont viré juste ce qu'ils fallait, gardé tout le nécessaire, réduit une scène en une réplique pour aller plus vite, et changé un petit peu la fin pour que ce soit plus punchy que le livre qui joue volontairement le low key.

le gros fail c'est surtout pakula, la mise en scène est d'une nullité surprenante, on dirait un mauvais film français, vraiment la caméra posée en mode balek pour filmer ce qu'il y a dedans, il y a 0 vie 0 idée 0 ambiance, c'est d'une platitude, d'un manque de sexe et de trouble assez fou. avec en plus une direction d'acteurs parfois vraiment balourde, des grosses intentions bien soulignées.

donc dans l'absolu je ne doute pas que c'est un efficace divertissement à regarder en couple sous la couette en disant "oh la la", mais en ayant lu le livre ça n'apporte vraiment rien à part des images qui bougent - et la chouette musique de john williams. pour ça que je vais zapper le série, à des fins d'études je trouvais ça intéressant de voir comment hollywood est passé de "comment condenser 450 pages en 2 heures ?" pour un film prestige au cinéma à "comment tirer à la ligne pour faire 8 heures d'images ?" pour une série prestige qui disparaitra en même temps que la plateforme qui la diffuse.

je vais quand même lire le deuxième livre de turow, qui se situe dans le même univers avec certains mêmes personnages mais avec une autre affaire, je trouve ça marrant comme concept (et parfaitement adapté à une saison 2 de série qui du coup sera anthologique).

Pakula, j'en parlais dans un autre topic il y a quelque temps, c'est vraiment la grosse déception. Il y a quelques réussites évidentes (j'aime beaucoup Klute), mais quelle chute...

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Pas un mauvais souvenir du film mais pas vu depuis la découverte en salle. J'avais 9 ans.

Je crois que parmi les films que j'ai vu plusieurs fois, c'est celui que j'ai le plus oublié. Il passait beaucoup à la TV à un moment.

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Pas grand chose à ajouter, tant c'est un produit fadasse de partout. Vu ado, revu ya 4-5 ans, même bilan. En dehors du plaisir de Raul Julia, qui écrase Ford tant il semble mieux coller à la moralité à géométrie variable des experts du Droit.
Grosse faiblesse du film, ce manque de cynisme alors que ça voudrait être vénéneux. 10 ans plus tard, ça aurait débordé de cynisme. Peut-être que la série joue là-dessus ? J'ai déjà tenté le triptyque film-livre-série (en attendant l'intégrale BD) avec Le Nom de la Rose, si la série était honnête, 0 valeur ajoutée (alors que yavait matière).

Ça m'étonne d'apprendre que Ford galérait à choisir ses rôles à l'époque. En dehors de Mosquito Coast, il n'avait jamais dû connaître d'échec (mais un seul peut expliquer cela). Mais s'il est honnête dans le rôle, il ne parvient pas à transcender tout ça. A priori, pas trop de sa faute. J'imagine qu'il était encore dans sa période post-Witness à chercher à se faire reconnaître par les professionnels de la profession. Il rejoue l'avocat dans À propos d'Henry, jamais revu, qui m'a laissé un meilleur souvenir mais sans doute beaucoup plus facile dans le mélo.
A priori, il a lâché l'affaire après le Fugitif, où il est excellent, d'autant que Tommy Lee Jones décroche la timbale.
Il continue un peu en bande de conscrits quasi has-been avec Pollack avec un remake bidon de Sabrina (bon, pas vu l'original non plus) et le gros pschitt, encore Pakula, encore bien trop gentil, Ennemis Rapprochés (quel titre français... mais moins pédant vu le résultat que The Devil's Own).

Film culte de ma jeune adolescence, le patient zéro de mon amour pour le thriller judiciaire, probablement le premier film à twist que j'ai vu à une époque où il m'aurait été impossible de deviner la fin. La dernière fois que je l'ai vu, ça devait être y a plus de 10 ans - je ne saurais parler de la mise en scène de Paula - et ça n'avait évidemment pas l'impact de jadis mais ça restait efficace dans sa petite mécanique (contrairement aux derniers Pakula).
Et le thème musical téléfilmesque est parfait.

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J'ai maté.

Même si le film n'existait pas, la série serait un cas d'école de l'intrigue inutilement étirée sur 8 épisodes là où deux heures de film suffiraient. C'est tout à fait compétent mais tu vois bien qu'il n'y a pas grand close dans l'affaire ni l'enquête pour tenir les 5 épisodes qui précèdent le procès (je ne me souviens plus du film en détails mais ici il y a plusieurs fausses pistes un peu falotes). Alors le reliable David E. Kelley compense en développant les personnages secondaires, notamment et inévitablement celui de la femme (mais si Ruth Negga est impeccable, les interrogations sur l'adultère demeurent banales au possible) ainsi que celui de l'avocat du héros (campé par mon pote Bill Camp, qui ici n'est pas le perosnnage de Raul Julia mais celui de Brian Dennehy, aka l'ancien procureur général déchu donc meilleur ami ET mec qui veut se venger de ceux qui l'ont évincé). Le plus gros atout, c'est la caractérisation du procureur de l'accusation, Tommy Molto, non plus comme une simple fouine antagoniste mais un personnage moins unidimensionnel (et Peter Saarsgard est très bon). Je suis moins convaincu du choix de Gyllenhaal, pas mauvais mais habitué des personnages border là où il aurait fallu une figure plus..."présumé innocente" (comme Harrison Ford l'était). Quant à la fin complètement modifiée, c'est bidon.

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dans le truc 1 livre = 1 saison, j'ai l'impression que reacher s'en sortait bien, slow horses aussi sur apple +... mais sinon ça se termine un peu systématiquement comme ça j'ai l'impression.

Revu donc et c'est effectivement moyen. Premier film à twist que je voyais. Le film vaut essentiellement pour son casting nickel. Le thème était peut être neuf à l'époque mais on a maintenant l'impression d'avoir une tonne de dérivés.
C'est surtout pas un grand film de procès.