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 Sujet du message: Klute (Alan J. Pakula, 1971)
MessagePosté: 08 Mar 2009, 17:43 
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Un homme disparait en laissant derrière lui des lettres de menace envers une call girl New Yorkaise. Un de ses amis policier, Klute, décide de le retrouver en enquêtant sur la jeune femme.

Une bombe. Je l'avais acheté sans le voir, sur les milliers de recommandations, et force est de constater que c'est direct ma came. L'ambiance généré par le New York de cette époque, par la musique supra classe (de Michael Small, dans la poupe de David Shire), par ce regard sec et cette façon de créer les relations entre les personnages.

On pense aux trois jours du condor (Pollack), à Serpico (Lumet), et surtout au cousin Conversations Secrètes (Coppola) qui porte pas mal de points communs...

Moi j'ai pensé à Leaving Las Vegas. Ce que Figgis a pu pomper à ce film, c'est un rapprochement évident (comment en voyant la Sera de Leaving ne pas penser à la Bree de Klute).

6/6 violent, cash.

La BO tourne depuis ce matin, doucement...


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MessagePosté: 09 Mar 2009, 17:06 
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D'ailleurs il y a quelque chose de Donald Sutherland jeune dans le Pingouin... Film d'ambiance réussi à l'ancienne, modèle d'élégance et de perversité, avec une Jane Fonda mémorable en call girl.
5/6


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MessagePosté: 09 Juin 2011, 12:03 
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Revision énormissime.

Le film restait un bon souvenir, mais là je suis définitivement convaincu. C'est ouf comme le couple Pakula / Willis s'y offre le luxe de bosser chaque plan de façon ultra maniériste, allant même franchement plus loin qu'un De Palma (si Les Hommes du Président collait à son sujet et restait très sage, À cause d'un assassinat que j'ai découvert récemment - et qui m'a déçu - démontrait déjà un vrai talent plastique). La mise en scène est incroyable, les plans somptueux, des plan-séquences à s'arracher les cheveux, des plans fixes écrasants de génie... et j'ai pensé tout du long à Se7en. Je savais que Fincher et Khondji avaient ce film en référence, mais je pensais que c'était uniquement pour la photo sombre de Gordon Willis. Mais ça va beaucoup plus loin : les cadres sont travaillés de façon aussi intenses, aussi simplement découpés, sûrs d'eux. Et jusque dans les thématiques... la dégénérescence de la ville, de la société, qui pèse sur les épaules des trois personnages : un policier, un tueur et une pute. La ville n'est pas anonyme (NY), mais les deux films regorgent de points communs.

Sans doute mon Pakula préféré, devant Les Hommes du Président.

Sutherland senior déchire.

6/6

PS : c'est drôle que Fincher s'inspire autant de Pakula (avec Se7en, Zodiac) ou de mecs comme George Roy Hill, qui ne sont pourtant pas spécialement reconnus pour être des formalistes comme lui (à tort, parce que Klute ou Butch Cassidy and the Sundance Kid arrachent tout).

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MessagePosté: 06 Juil 2021, 22:57 
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Quel étrange film que ce thriller presque mal-aimable dans sa vocation d'évacuer presque complètement l'enquête au profit d'une étude de personnages mais les personnages en question, enfin surtout la protagoniste (d'ailleurs, faudra m'expliquer pourquoi le film porte le nom du personnage de Sutherland), sont tellement originaux, tellement fascinants à suivre, que l'on accepte volontiers le parti-pris du film, qui pervertit les codes du film noir (l'enquêteur, la femme fatale...). Il y a sans doute un peu trop de didactisme par moments (les scènes chez le psy tiennent de la note d'intention) alors que le film sait être plus fin dans la caractérisation ailleurs, même quand elle passe par les paroles (les monologues du personnage de Fonda à ses clients), que ce soit en in ou en off.

Parce qu'on est encore sur du gros film de voyeur ici. L'écoute des bandes, l'espionnage des faits et gestes de Fonda, sa profession... Ça m'a fait penser à Blow Out en plus arty. De la trilogie officieuse de Pakula sur la paranoia, c'est clairement le plus pervers. Le plus sale. Il est toujours question d'enquête mais ici l'enquêteur trempe dans la sauce. C'est pas les journalistes de The Parallax View ou All the President's Men. D'ailleurs, on est pas dans la parano vis-à-vis d'un gouvernement qui nous surveille et nous manipule, non, c'est plus intime. C'est à échelle humaine. Où une femme ne se sent pas en sécurité, est stalkée...et la fin où le tueur lui fait écouter le meurtre de sa copine est un monument d'horreur suggestive. J'étais mal.

C'est quoi les autres Pakula à voir?

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MessagePosté: 07 Juil 2021, 11:35 
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Voilà ce que j'en avais dit il y a quelques mois à ma découverte du film:

Probablement un des films les plus influents sur le cinéma que j'aime, puisqu'il signe la rencontre entre Pakula et Gordon Willis, son chef op., avec qui il fera plus tard "All the President's Men", un de mes films favoris.

En avance sur son temps, Pakula signe ici le premier grand thriller paranoïaque des années 70, et définit à mon sens ce que le genre sera. De "The Conversation" à "Blow Out", en passant par "Three Days of the Condor", "JFK" ou sa propre filmo, Pakula a défini un genre à part.

Cependant, il y a une chose qui différencie "Klute" des autres, c'est qu'en utilisant les codes du thriller politique, Pakula plonge ici dans la psyché de ses personnages et leur intimité: leurs failles, leurs doutes, leur incapacité à évoluer dans un monde qui ne veut pas d'eux.

Pakula réussit à donner cette profondeur psychologique à ses personnages en se jouant et en s'éloignant volontairement des archétypes du genre. Ici, on a ce qui pourrait être l'intrigue d'un film noir, sauf que très vite on se rend compte que Bree, campée par une Jane Fonda parfaite, n'est pas une femme fatale, mais juste une femme. Que ce n'est pas juste un McGuffin ou une meuf en détresse, mais une personne humaine. D'ailleurs, on suit sans aucun jugement la psychothérapie d'une prostituée dans ce film, et à aucun moment ce métier n'est jugé.

Que ce soit par la caméra, par le scénario, ou encore la lumière.

La seule personne qui juge les prostituées est ici le meurtrier.

Et Klute lui même, joué par un Sutherland taciturne qui découvre être attiré par un monde qui n'est pas le sien et ne lui correspond aucunement.

Le fait d'avoir choisi une pute, un privé, et un tueur pour représenter ce New York écrasant le libre arbitre et laissant quiconque s'y aventure en proie à ses doutes et à un sentiment d'étouffement n'est pas un hasard.

Pakula a voulu montrer les extrêmes et les humaniser.

D'ailleurs, un truc que je me suis dit en terminant le film, c'est que j'ai souvent entendu parler de l'influence qu'a eu Pakula sur Fincher, mais je pensais automatiquement à "All the President's Men", alors que c'est "Klute" qui est le plus proche de son cinéma et ses thèmes.

Effectivement, le film ici est vraiment un manifeste contre ce qu'on appelle aujourd'hui la masculinité toxique et est une réelle matrice de "Girl With the Dragon Tattoo".

Je me suis pas mal demandé ce qui avait poussé Fincher à prendre ce projet, maintenant, je sais.

C'est une volonté de rendre floue les barrières morales et montrer des personnages humains par delà leurs archétypes.

Au niveau de la photo, on ressent aussi l'influence du film sur la filmo de Fincher.

Les contrastes ne sont pas poussés à fond, la lumière prend le temps de raconter une histoire sous exposée où les visages sont sombres et les regards fuyants, où le surcadrage est là pour cacher, parfois même par pudeur.

Et du coup ça m'a amené à me dire un truc que je me dis assez souvent: Pakula (comme Fincher d'ailleurs) n'écrit pas ses scénarios. Est ce juste du coup de le considérer comme un auteur? Est ce qu'on peut appeler auteur qu'un réalisateur qui écrit aussi?

Bien sûr que oui.

Pour toutes ces raisons que j'ai citées, et d'autres que vous verrez en découvrant son oeuvre. Pakula transcende le scénario ici, et de par son cadre, ses choix de direction d'acteur, sa collaboration avec son chef op., il réussit à créer quelque chose que lui seul pouvait créer.

Le film est passionnant dans sa manière de construire son suspense et de faire évoluer ses personnages. J'ai pas mal parlé de la photo, mais le montage n'est pas en reste non plus, et ce dès le premier cut.

Et n'oublions pas la géniale musique de Small.

Faut que je fasse plus de critiques.

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MessagePosté: 07 Juil 2021, 20:01 
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Puck a écrit:
Faut que je fasse plus de critiques.

Oui mais sans le paragraphe de jeune cinéphile de 15 ans qui croit inventer la politique des auteurs.

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MessagePosté: 07 Juil 2021, 23:01 
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Film Freak a écrit:
Puck a écrit:
Faut que je fasse plus de critiques.

Oui mais sans le paragraphe de jeune cinéphile de 15 ans qui croit inventer la politique des auteurs.


Je l'aurais pas fait si je l'avais écrit ici j'pense.

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MessagePosté: 11 Avr 2022, 10:26 
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Film Freak a écrit:
(d'ailleurs, faudra m'expliquer pourquoi le film porte le nom du personnage de Sutherland)


Film vu hier, et oublié d'en parler ce matin, quand nous étions à 6h15 à la salle de sport : sur l'affiche, le titre exact est 'Klute' (avec les guillemets, donc). Je trouve que ça change le sens, que ça justifie le titre, alors qu'effectivement c'est elle l'héroïne. Klute, c'est celui qu'elle appelle, vers qui elle se tourne. C'est du moins comme ça que je l'ai pris.

Sinon, notons que le nom du personnage féminin, Bree Daniels, a été repris par une actrice X.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 12 Avr 2022, 13:27 
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Je suis fan, pour moi c’est un vrai film clute.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 16 Mai 2023, 09:21 
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Film Freak a écrit:
Quel étrange film


Exactement ma pensée tout le long de ce film très bizarre, espèce d'elevated film noir confinant parfois à l'abstraction dans l'enchaînement de ses séquences, ses cadrages ou même ses personnages (fantomatique Klute dont on ne connaîtra rien, dont l'obsession pour cette enquête n'est pas motivée et dont en effet on passe le film à se demander pourquoi le film porte son nom). C'est à la fois une étude de caractère puissante et magnifiquement incarnée par Jane Fonda et une espèce d'enquête labyrinthe étrange, presque mentale avec répétition des formes, obsession paranoïaque (tout ce truc avec les bandes enregistrées).

Je peux pas dire que le récit m'a emporté, je me suis même légèrement emmerdé mais j'ai été dans une constante admiration pour une mise en scène qui m'a sans cesse surprise, qui m'a déstabilisée et qui m'a aussi et surtout impressionnée. La photo de Gordon Willis n'est pas en reste avec ces clairs obscurs, ces gros plans sur ces visages impénétrables et sur une ville étouffante (quasiment pas de plans larges, très peu d'extérieurs, tout le film semble avoir du mal à respirer comme le personnage principal. BO géniale également.

Excellente découverte en tout cas et confirmation après Parallax View que Pakula mérite une meilleure reconnaissance (ce n'était que son deuxième film) même si en regardant sa filmo j'ai l'impression que les années 80/90 sont beaucoup moins intéressantes.

5/6

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