Forum de FilmDeCulte

Un film à la fois très classique, une comédie policière lambda avec son mec sorti de prison et un casse à préparer et en même temps assez surprenant avec un ton bien à lui, une espèce d'artificialité à la cool totalement assumée. Garrel parlait de "film variétés" pour décrire le genre de son film et on comprend un peu mieux en le voyant. Outre la BO avec du Herbert Léonard et d'autres classiques dont j'ignore les chanteurs il y a comme une envie de faire un film presque volontairement kitch. Avec son 35mm granuleux, son côté un peu années 90, Roschdy Zem avec une moustache pas possible et le come back d'Anouk Grinberg on est dans le revival d'un certain cinéma populaire en y allant à fond dans l'imagerie cliché (Garrel qui suit Zem avec des lunettes de soleil et un trenchcoat) ou naïve (cette brève scène amoureuse devant l'aquarium, cet arrêt sur image final avec la chanson italienne bien mielleuse qui résonne...). Mais tout ça fonctionne bien parce que le film est suffisamment bien écrit, suffisamment riche dans l'approche de ses personnages que l'on se laisse prendre au jeu. C'est le plus réussi, les quatre personnages principaux tous très attachants et même assez étonnement émouvants. A ce titre la scène du restaurant routier est sans doute la meilleure du film, là où on dépasse cette couche de comédie pour arriver à la vérité des personnages (et elle fonctionne en duo avec l'autre excellente scène du hangar où ils répètent). C'est là que le film tape juste dans un certain romantisme, une émotion à fleur de peau (Garrel arrange pas son image de brun ténébreux pleurnicheur) et j'ai marché.

Après c'est pas non plus dingue, on va pas se mentir. Le casting est vraiment excellent (quelle année pour Zem, là encore impérial), le film est plaisant, sympathique, la fin est bien, surprenante, évite le total happy end feel good qu'on pouvait craindre, cependant je trouve que c'est un poil trop artificiel (le genre de films où tu n'imagines pas les personnages hors champs, ils n'ont pas d'existence propre) avec quelques idées trop littérales (les personnages en ville parlent trop fort, Garrel dit chut, cut, on les retrouve au milieu des champs en train de continuer la discussion...) un peu hors sujet.

4/6

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CroqAnimement votre

Comme beaucoup de confrères (et j'espère de futurs spectateurs), tombé sous le charme de ce film bien écrit, bien joué, à la bonne humeur communicative. Les acteurs sont tous parfaits, le ton rétro entre polar et comédie assumé et les personnages suffisamment attachants pour pardonner les petites baisses de rythme. Bref, ça ressemble à un tube pop italien qu'on aime chanter sous la douche.

4/6

Le film ne passera finalement pas au Max Linder comme prévu donc je vais être bon pour le MK2 Bastille côté Faubourg Saint-Antoine.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Ça marche bien la petite phrase en forme de note d'intention

C’est effectivement bien. Menus spoilers… Je retiens surtout un enchaînement superbe de trois séquences, de la répétition à la diversion, cette dernière scène étant formidable, hyper romantique, en plus Garrel a le chic pour la finir sur le thème principal d’Amer (déjà repris de La Polizia Sta a Guardare), je ne pouvais donc que me rendre. C’est un film qui te cueille en racontant une histoire dans l’histoire, les personnages secondaires devenant en quelque sorte les principaux, à un moment où on peut prendre le titre de la chanson de Gérard Blanc Une autre histoire au pied de la lettre, avec une « foi dans la fiction » qui emporte l’adhésion dans le sillage de la fameuse variété. C’est malin, et le titre de prime abord banal s’avère bien trouvé aussi.

Qu’il y ait des clins d’œils appuyés à Vertigo ne t’a donc pas déplu.

J’ai pensé à Dressed to Kill (revu récemment) au moment de la filature mais je crois que c’est tout pour Vertigo (revu ce soir).

Le magasin de fleurs, avec Garrel qui espionne depuis l’arrière salle, tout de même.

Pas pensé non plus.

Sinon pour avoir vu Les deux amis, son premier film avec Macaigne (espèce de buddy movie malaisant de deux mecs ultra toxiques), je trouve qu'il a un petit côté réac dans son rapport aux femmes. Une vision un peu datée, c'est contrebalancé par sa personnalité de mec doux et sensible mais c'est fascinant parce que d'une certaine manière il porte en lui l'héritage de son père et de son rapport au féminin très romantique mais poussiéreux.

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CroqAnimement votre

Rien à ajouter à l'avis d'Art Core. Film charmant et enlevé, avec une patte rétro: le générique Times New Roman qui apparaît en balayage, le visa d'exploitation sous le titre... Au vu de l'appareil photo jetable j'ai même cru que c'était un film d'époque mais les smartphones m'ont fait déchanter.

On sent en tout cas que c'est un film d'acteur: tout le monde ou presque est bien, Louis Garrel le premier. Y a plein de moments de jeu géniaux. Et niveau mise en scène, si c'est un gros bordel (parfois voulu, parfois non: on a l'impression qu'il manque parfois des plans, et sur les 180° c'est un massacre), y a plein de petites séquences qui fonctionnent.

Cependant, je trouve le climax assez gentillet. Voir ce film le lendemain des BROTHERS BLOOM c'est quand même prendre cher. Leur plan parfait à la fin il est tout petit ! Et débouche sur quasiment rien (tout le suspense sur le routier totalement éventé et qui va nulle part). Heureusement, c'est compensé par la jolie scène de jeu/mise à nu pointée par mes comparses plus haut.

Enfin, si je trouve ça plutôt rythmé au sein des scènes, je me suis étonné à trouver le temps long sur 1h40. Mais au final le film a une sincérité qui m'a étonné et plu.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Quand on comprend ce qu’ils disent. Oublié de préciser qu’une fois de plus, il y a beaucoup de dialogues marmonnés.

J'ai du perdre au bas mots 10 lignes de dialogues totalement inintelligibles.

Hithcock j’y ai pensé aussi notamment lors de la scène du restaurant, ce faux qui finit par produire du vrai, ça m’a fait penser au moment où dans Les enchaînés les deux amants à la cave dissimulent leur culpabilité par un faux baiser dont on sait bien nous spectateurs qu’il révèle un véritable amour. C’est moins vertigineux chez Garrel mais ça donne quand même une belle scène.

Sinon, heureux de réentendre dans le film cette chanson des Blue Nile :

J'avais pressenti un film "à chier" dans la shoutbox et bien sûr c'est exagéré, mais j'avais le film précédent de L. Garrel Les Deux amis en tête, totalement artificiel et hypocrite sous sa mièvrerie affichée. Et bien on n'est pas non plus si loin de ça ici.

Le film est bien écrit parce que c'est Tanguy Viel. Je ne l'ai vu qu'au générique et ça lui ressemble bien. Louis Garrel se greffe bien dessus mais je trouve que ça amoindrit quand même son mérite. La mise en scène est sans éclat, et il y a certaines maladresses assez étonnantes pour un "fils de", par exemple des 180° choquants comme le relève QGJ.

Et puis surtout Garrel n'arrive pas à faire quelque chose d'intéressant à partir de ce jeu de codes dont Viel s'est fait une spécialité, si bien que ça devient surtout des clichés (sans compter quelques trucs pas crédibles ou très gros genre la meuf qui tombe sur des gendarmes qui lui sauvent la mise ou les flics qui n'arrivent pas à remonter à Zem à partir de son admission aux urgences pour une balle dans la jambe - que les soignants doivent signaler obligatoirement il me semble). Heureusement les acteurs sont bien et portent la plupart des scènes.

Sorti de la salle, dans laquelle on passe quelques bons moments, c'est assez inconséquent.

Le ton est un peu celui d'un rageux. Depuis quand un scénariste amoindrit le mérite du metteur en scène, on n'a jamais fait ce faux procès à des films scénarisés par Jean-Claude Carrière ou Ben Hecht.