Londres - Louis-Ferdinand Céline
Après
Guerre que j'ai absolument adoré, j'appréhendais un peu la lecture de Londres, gros pavé que je craignais un peu rébarbatif. Que nenni ! Encore un immense chef-d'oeuvre dans la gueule. Le livre raconte la vie de Ferdinant juste après Guerre quand il s'exile en Anglettere, blessé de guerre et qu'il traîne dans les milieux proxénètes. Comment il peut arriver à faire ressentir la pulsation de la vie, tumultueuse, bordélique, incroyablement dure et belle à la fois à chaque ligne ? A chaque mot ? C'est vraiment ce qui définit totalement Céline pour moi (de ce que j'ai lu de lui, pas réussi à lire dix pages D'un château l'autre trop imbitable), cette vie bouillonnante, tu y es dans les rues de Londres avec Ferdinand, avec ces personnages hauts en couleur (l'incroyable Borokrom, Bijou, Angèle, Montcul etc...), avec ses odeurs, ses couleurs, sa texture et tout ça ne passe pas par des descriptions ennuyeuses, c'est juste une capacité hors du commun à écrire le réel dans toute son exhaustivité. Et là combien de moments absolument délirants ? De passages inoubliables (une scène de baston dans un pub dans la première partie qui est démentielle) ? De petites incursions bouleversantes (Peter, le petit enfant malade) ? Mais aussi une description horrible de cette vie de proxénète dominée par une grande violence notamment sexuelle (plusieurs scènes de viol, des attouchements dans le métro...). D'ailleurs très surpris par le caractère très cru du livre, parfois clairement pornographique. Mais au fond c'est surtout une espèce de roman d'aventures où le personnage ne tient pas en place et se déplace sans cesse dans les milieux interlopes d'un Londres tentaculaire.
Bref il faut se faire un peu violence pour rentrer dedans notamment à cause évidemment d'un argot très épais (il y a d'ailleurs un lexique pas inutile à la fin du livre) mais on est sans cesse récompensé. Je sais pas si on se rend bien compte de ce miracle de ce diptyque retrouvé (en attendant une version quasi définitive de Casse-Pipe). C'est fou. Imagine-t-on retrouver un film de Kubrick, une symphonie de Beethoven ou que sais-je ? Quelle chance incroyable.
En parallèle de ma lecture j'ai écouté le passionnant et impressionnant podcast (quasiment 10h, le travail de fou) de France Inter,
Le voyage sans retour qui revient en 10 épisodes sur la vie de Céline qui confirme que le mec était une ordure de premier ordre, un homme profondément détestable. Comme le dit l'un des intervenants dans le générique du podcast "on est emporté par le littérateur mais on est constérné par la bassesse du bonhomme".
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... ans-retour