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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 20 Déc 2023, 14:24 
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Oui je mets le Desnos dans ma "readlist" ça a l'air excellent. Et faut enfin que je lise cet auteur, j'ai été dans un collège Robert Desnos et jamais rien lu de lui.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 23 Déc 2023, 10:03 
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Vieux-Gontrand a écrit:
Il faut par ailleurs lire ses critiques en apperence mesurées et courtes mais en fait particulièrement nettes et acerbes contre Céline et les écrivains collaborationistes à de Drieu (ou à l'opposé sa valorisation tactique de Gide) au début de la guerre, dans Aujourd'hui,


Tu as pu lire ça où ?


Sinon, je constate que les droits d'auteurs en Suisse sont un peu moins draconiens en France, car l'oeuvre de Desnos y est libre de droit. Cela m'étonne qu'on puisse appliquer son droit propre concernant un auteur d'une nationalité étrangère mais si quelqu'un en sait plus à ce sujet...


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 23 Déc 2023, 10:20 
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Il y a un Quarto assez complet, sans doute toute l'ensemble de son oeuvre publiée hors articles

L'éditrice parle aussi d'une anthologie plus complète publiée en 1985 aux éditions Le Temps qu'il fait :
Mines de Rien
https://www.lalibrairie.com/livres/mine ... 30189.html

Le journal est présenté comme collaborationiste. Singulièrement Desnos était aussi publié à la NRF.

Pour le pb de droit c'est aussi dans cette brèche que s'engouffre la bibliothèque des sciences humaines de l'Université Laval à Québec.

https://www.sne.fr/editeur-et-auteur/du ... -dauteurs/

Je ne savais pas que les auteurs morts pour la France étaient protégés 30 ans de plus.

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Dernière édition par Vieux-Gontrand le 23 Déc 2023, 10:51, édité 4 fois.

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 23 Déc 2023, 10:41 
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Merci je vois que ses écrits sur le cinéma ont été regroupés en un volume également.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 14 Jan 2024, 12:43 
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Acide de Victor Dumiot.

Camille voit sa vie basculer un jeudi soir dans le métro. Lorsqu'elle se réveille à l'hôpital quelques mois plus tard, elle n'a plus de visage. Son agresseur a disparu sans laisser de traces.

Julien vit enfermé dans son appartement. Solitaire, il passe l'essentiel de son temps à consommer des images pornographiques et à surfer sur le darknet. Un soir, il télécharge par hasard une vidéo de l'agression. Alors qu'il s'enfonce peu à peu dans une spirale de violence et d'autodestruction, il ne pense plus qu'à une chose : retrouver la jeune femme.


Alléchée par la quatrième de couverture, j'ai achevé cette lecture avec un certain soulagement.

Alors ça se lit d'une traite. Mais dés les premières lignes, je ne suis pas dingue de la plume de son auteur. Là où son épure semble avoir séduit, j'y vois surtout la marque d'une imprécision continue. Je trouve même le style un peu scolaire par moment, heureusement enrichi de quelques envolées au détour.

Julien (qui en interview est assimilé à un otaku alors qu'on devrait parler d'hikikomori) n'existe que par et pour son vide existentiel. Son âme se définit comme une béance, l'auto complaisance par la contemplation du néant. L'appel du morbide. Pourtant, alors qu'elle le caractérise, cette vacuité est comme son personnage : désincarnée.
À l'inverse, le vide qui envahit la vie de Camille, qui se nourrit de sa réalisation de la société et de sa conscience d'elle-même, occupe un espace démesuré. On explore ses racines et ses ramifications en long et en large. On s'immisce dans son passé, son présent, son futur. L'effervescence de la vie puis la défiguration et la reconstruction. Là où Julien n'est toujours qu'un ectoplasme tout du long, Camille est une martyr se refusant à sa condition.
Alors soit, le parallèle fonctionne assez bien. Mais ces deux vides bien distincts n'existent que pour justifier la rencontre de ces deux êtres, celui de Julien n'a même pas d'essence propre... Avec cette conclusion, ça appauvrit le propos général (si tant est qu'il n'y en ait un).

Et si Victor Dumiot nous jette bien à la figure un portrait à l'acide de la jeunesse, empêtrée dans ses éternels travers et les failles des mondes virtuels, il peine je trouve à convier l'inédit. Surtout l'impression désagréable que ses principales sources d'inspiration sont issues d'une veille sur le blabla du 18-25 de JVC.

Partageant des thématiques majeures, Acide n'a pourtant ni l'impact de L'Attentat de Nothomb, ni la richesse introspective de Parasite de Murakami. Le roman se boulotte avec un certain plaisir, comme une tête brûlée qui mise en bouche arrache la gueule pour perdre son piquant assez tôt, avec cette même fin (décevante) à croquer d'un bloc, et un goût sucré pas très agréable dans le prolongement. Bref, ça se lit bien, mais ce n'est pas la dose de décapant attendue...


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 16 Jan 2024, 17:16 
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Citation:

Sinon lu aussi des parties de cela
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Lu 300 pages (à peu près la moitié) du Jakob Wassermann, et c'est une tuerie. Du niveau du Docteur Faustus de Thomas Mann, au dessus de Schnitzler et Stefan Zweig
Une partie de l'intrigue est démarquée du père Goriot, mais en le transposant dans les milieux intellectuels de l'Allemagne de Weimar, avec une très forte lucidité quant au climat moral et intellectuel ayant favorisé la fascisme (alors que le livre date de 1923, Jakob Wassermann n'est pas dans une démarche d'expiation ou d'esthétisation "rétro", mais traduit une inquiétude authentique, seulement affaiblie par une forme d'ironie et de comique de situation).
Du fait de cette hypertextualtié avec Balzac, le livre a un côté post-moderne avant l'heure, déjà en lui-même intéressant.


Le livre est intellectuellement très dense et devait plaire aux lecteurs intéressés par Adorno Kracauer ou par la période allemande de Fritz Lang (Mabuse n'est pas loin, même si le roman reste réaliste, refuse le fantasme d'une némesis dont la séduction surnaturelle banalise l'immoralité). Il rappelle également beaucoup Musil, à la fois Les Désarrois de l'élève Törless et l'Homme sans Qualité.
Mais il appartient par ailleurs à une veine plus populaire et feuilletonnesque (apparemment le livre a été un best seller dans l'Allemagne de l'époque) en étant construit autour d'un procès-spectacle et sa révision, avec d'authentique morceaux de bravoure qui sont de vrais plaisirs de lecture.
Comme le Vautrin de Balzac, beaucoup de personnage travestissent leur identité, mais avec un glissement par rapport à la Comédie Humaine. Un des personnage centraux faux intellectuel d'extrême-droite nationaliste et nietzschéen en toc, est un Juif mystique clandestin . La logique de faux-semblants qui chez Balzac roule sur les différences entre classes et l'ordre économique, que la fausse identité permet de traverser, est déplacée des questions nationales et culturelles. La fiction et le recours à une léger surnatural gothique sont là-aussi des tentatives, épuisante et désespérées, de pouvoir considérer l'ordre social de l'extérieur, de l' exprimer sans s'y laisser réduire. Il faut l'objectiver pour tenter ensuite de le déjouer - le romancier créer des personnages forts, mais néanmoins vaincus, et s'efforce d'épuiser le réel, en toucher le bout, pour les sauver individuellement, en vain et en le sachant .

On peut penser à nouveau à un transfert de l'Affaire Dreyfus, mais aussi à Anatomie d'une Chute, du fait de la diffraction des points de vue, et de la pression juidiciaire exercée non sur le coupable, mais son fils.
Comme dans le film, le principal suspect est tout à la fois innocent, et quivoque, séduisant et banal, excentrique et conformiste, libre sexuellement et pusillanime. Le procès et l'accusation de crime possible apparaissent quand un personnage a "mal dosé" des attitudes de snobisme et de distinction sociales, qui se transforment alors imperceptiblement en motifs d'exclusion et de marginalité . C'est somme toute l'histoire classique du nouveau riche qui chute à l'avant dernière-marche, Icare et Madame Verdurin, repoussoir esthétique au mauvais goût criminel, et bouc-émissaire envers lequel le roman est le seul à manifester de la compassion, mais c'est bien écrit. Le crime et l'ordre moral sont des formes d'échec de la norme, la société juge pour ne pas voir une part de doute et une souffrance déjà anciens, prévisibles et structurels, l'injustice et l'exclusion sont une manière de feindre le secret et le non-dit.

Il y a aussi une magnifique description d'un conflit père-fils, qui m'a beaucoup parlé...

Bizarrement Jakob Wassermann est tombé dans l'oubli, même si Henri Miller a écrit une longue analyse, enthousiaste, de ce roman, en postface de cette édition

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 29 Jan 2024, 17:01 
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Commencé, mais ça me prendra du temps car j'ai du mal à lire des romans de plus de 160 pages, alors des romans de plus de 500 pages.

Sinon, j'ai trouvé un petit livre dans une librairie associative, La science-fiction au cinéma de J.P Bouyxou (belge si j'en crois ses références au plat pays, je n'ai pas encore fait la recherche google). C'est le genre de petit livre encyclopédique que j'affectionne d'emblée, permet cette lecture en mode zappeur, qui somme toute préexistait à Wikipédia et à Internet.
J'ai d'ailleurs découvert et aimé le cinéma en lisant le Dictionnaire des réalisateurs de Jean Tulard et en fantasmant les films sur la base de quelques adjectifs.
Le livre en question a été mis sous presse en 1971, mais a déjà derrière lui un corpus considérable et oublié qu'il est intéressant de revisiter, en sachant que même les films évoqués en des termes positifs sont sans doute des purges.
Nichées au milieu de pages explicatives s'attachant à définir ce qu'est la SF et des interviews de quelques spécialistes du genre (dont Sternberg qui emploie le mot "détestataire", qui n'a pas marqué, avant que quelques dizaines d'années plus tard on ne parle de "hater"), il y a des notules, classées par types de science-fiction, de tout un tas de films oubliés qui éveillent la curiosité, invitent à les voir. C'est tout le sel de ce genre de livres de donner envie de voir des films pour la plupart médiocres. Mais je jetterais bien un coup d'oeil sur Robinson sur Mars, ou Il pianeta degli uomini spenti de Margheriti, présenté comme un chef d'oeuvre (qui explique à la fin du livre dans une interview qu'à même pas 40 ans, il a déjà réalisé une quarantaine de films).
De manière curieuse, l'auteur, en prenant la défense de ce qui est considéré comme une sous-culture, n'évoque pratiquement pas la littérature de science-fiction, beaucoup plus avancée ou audacieuse que les films du même genre entre 1920 et 1970 (époque où émerge K.Dick mais il y a eu Asimov et d'autres avant), ce qui laisse penser qu'au cinéma, la sf reste un genre un peu enfantin.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 29 Jan 2024, 17:05 
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bmntmp a écrit:
Commencé, mais ça me prendra du temps car j'ai du mal à lire des romans de plus de 160 pages, alors des romans de plus de 500 pages.


Fais comme moi, lis le dernier Philippe Besson.

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)


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MessagePosté: 29 Jan 2024, 17:09 
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Un écrivain gay qui retrace un drame vécu...
Marrant, j'ai connu Alain Defossé, qui traduisit American Psycho en français, gay, comme Besson, et qui a écrit un livre, On ne tue pas les gens, sur un meurtre auquel il aurait assisté ou presque assisté. Là on dirait quasiment la même chose.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 29 Jan 2024, 17:15 
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bmntmp a écrit:
Un écrivain gay qui retrace un drame vécu...
Marrant, j'ai connu Alain Defossé, qui traduisit American Psycho en français, gay, comme Besson, et qui a écrit un livre, On ne tue pas les gens, sur un meurtre auquel il aurait assisté ou presque assisté. Là on dirait quasiment la même chose.


Ca semble déjà un tout petit peu plus intéressant que le Besson, en fait (sans doute le plus mauvais que j'ai lu de lui).

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 31 Jan 2024, 00:42 
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Cosmo a écrit:
bmntmp a écrit:
Commencé, mais ça me prendra du temps car j'ai du mal à lire des romans de plus de 160 pages, alors des romans de plus de 500 pages.


Fais comme moi, lis le dernier Philippe Besson.


Les courageux peuvent lire la trilogie de quelques 2500 pages. Il avait en fait commencé un projet à la Proust à la fin de sa vie mais en décalant de 20 ans vers la seconde guerre mondiale, et vers l'Allemagne juste après la première guerre (qui est la vraire présence-absence du livre - chacun des personnages principaux ne la mentionne qu'une seule fois - et seul le plus disqualifié d'entre tous
Hanna Jahn, la maîtresse et vraie meurtrière sorroricide, et c'est d'ailleurs la seule chose qu'elle dit directement sans le truchement du fantasme erotique qui est projeté sur elle
s'avoue traumatisé par elle - construction du récit brillante car c'est discret et habilement dilué sur la longueur).
Je corrige ce que j'ai dit, la fin du livre verse vraiment dans une forme de violence expressioniste et baroque à la Mabuse, presque abstraite. Beaucoup de morts. Cela rappelle l'accélération de la fin des Possédes.
Mais cela passe car le style est magnifique, et les portraits psychologiques des personnages particulièrements denses et réussis. C'est par ce biais là d'ailleurs que Wassermann touche des questions politiques, créer un monde et des vraies psychologies qui ont comme chez Balzac une vie hors du texte pour pouvoir avoir un regard extérieur sur les idéologies.
Lecture marquante pour moi
les passages où Maurizius parlent ceux de sa mort sont forts, parmi les plus beaux textes que j'ai lus de ma vie
, mais frustrante car le livre donne.l'impression d'être trop riche pour une seule lecture, de m'échapper, j'ai rarement ressenti ce sentiment à un tel degré

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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 06 Fév 2024, 10:17 
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Le Roman Colonial de Daniel Poliquin

Petit essai qui retrace les vicissitudes du combat nationaliste québécois, les nombreux ridicules mais aussi les réelles victoires à mettre à son actif, les figures, hommes politiques et autres, plus ou moins madrées, qui l'ont incarné. Le sujet est passionnant car le français moyen, dont je suis un exemple, connaît très mal le Canada, francophone de surcroît, hormis via ses produits exportés que sont Garou, Isabelle Boulay ou les quelques réalisateurs québécois qui percent de ce côté-ci de l’Atlantique de temps en temps. Puis petit à petit, on tombe sur le Louis Riehl de Chester Brown, Les Ordres de Michel Brault sur la Crise d’Octobre, le français moyen, drapé de son inconsciente supériorité, en somme condescend à s’intéresser à cette histoire très intéressante. Le livre aborde de manière amusante ce paradoxe d’un nationalisme qui se réclame de la France, sans être français, qui invoque une sorte de discours décolonial pour se placer sous une autre tutelle coloniale, laquelle n’en a pas grand-chose à faire. Il y aurait quelques parallèles intéressants à faire la Belgique, que bizarrement l’auteur ne fait pas (où la situation serait inversée, et les Québecois plus proches - dans l'esprit - des Flamands que de la Wallonie fédéraliste). Son livre, à l’inattaquable bon sens, plein d’ironie pour les prétentions ou les fourvoiements identitaires, prône finalement l’utopie d’un Canada multiculturel, métissé avec laquelle il serait difficile de n’être pas d’accord. Lecture intéressante et salutaire dans un contexte de revendication identitaires diverses et variées.


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 07 Fév 2024, 14:02 
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Défaite judiciaire non-négligeable pour Internet Archive et ses utilisateurs, qui ne peuvent plus consulter les livres en pdf. Devait-on éprouver de la compassion pour les grands monopoles de l'édition qui faisaient office de plaignants ? Je ne pense pas. Merci Hachette. (Après tout s'est fait siphonné déjà donc ça ne change fondamentalement pas grand chose).


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 Sujet du message: Re: Vos dernières lectures
MessagePosté: 13 Fév 2024, 07:21 
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Une jeune garçon disparaît et se retrouve dans un monde médiéval merveilleux, qui contient sept niveaux d’existence où se mélangent légende arthurienne et cosmogonie nordique. Son corps est transformé par magie en celui d’un adulte à la force exceptionnelle, et il fera alors tout pour incarner l’idéal chevaleresque sous le nom de Sir Able of the High Heart.

Je connais très mal Gene Wolfe, d’autant plus mal que j’ai commencé 3 ou 4 fois son œuvre la plus connue, Le livre du long soleil, réussissant à dépasser à chaque fois mon score précédent de 10 ou 15 pages avant de m’avouer laissé sur le carreau. Son style reste ici très marqué (Ursula K. Leguin le compare à Melville), exacerbant la confusion inhérente au fait de raconter une histoire aussi longue, mouvementée et dans une lettre (techniquement c’est un roman épistolaire) adressée à un frère à moitié oublié, avec notamment toutes ces apartés en mode « je suis pas sûr que ça se soit passé comme ça, mais figure-toi que… », « ça c’est trop long à raconter donc je zappe », « ça je sais pas si c’est un rêve ou un souvenir mais dans le doute… », voire carrément « je m’en souviens pas, ou pas comme ça, mais il paraît que… », l’amnésie presque totale étant le point de départ de l’histoire, les narrateurs au minimum ambigus étant apparemment une des marques de fabrique de Wolfe. Marqué, mais on s’y retrouve quand même plus. Il y a donc pas mal d’ellipses, parfois présentées comme telles, très organiques au demeurant— et comme c’est raconté rétrospectivement du point de vue d’un présent aussi mystérieux que ce passé oublié, il y a aussi du name dropping de personnages, lieux et occurrences qui n’ont pas été encore racontées, voire ne le seront pas du tout, rappelant régulièrement au lecteur qu’il est à la merci du narrateur et de ses choix. Tout est très chargé, constamment : dans une seule phrase peuvent s’entrechoquer l’introspection et les qualités d’observation et d’analyse toutes très fines du narrateur, et une dinguerie extérieure (genre une attaque, un duel, un tournoi, un monstre, un meurtre etc.), suivies par de la poésie fracassante (une phrase en particulier, une des plus belles que j’aie lu, toute en retenue évocatrice doublée d’une belle imagerie, sur les sensations d’une jeune femme au réveil après un rêve érotique). Cette focalisation obsessionnelle sur ce narrateur si sensible et ce qu’il filtre, par son récit, de ce qu’il vit, dit, voit, entend, ressent, pense, espère, se double en plus d’un lâchage de chevaux complet niveau péripéties, tantôt ternes, misérables et tragiques (crapahuter dans la campagne et perdre ses compagnons un à un), tantôt hautes en couleur (voyage en mer, destinations exotiques, séjour en territoire ennemi, affrontement contre un dragon etc.)— très fidèle, donc, et malgré un foisonnement très moderne qui ressort par la place prépondérante accordée aux dialogues, au fonctionnement si particulier, à la candeur si bouleversante des romans médiévaux dans lesquels, comme plus tard dans les meilleurs pulps, il se passe toujours quelque chose d’à la fois important et excitant à chaque phrase— avec cette centralité accordée, sans concession moderne cette fois, sans détachement ironique, à l’amour, l’amitié, l’honneur, la loyauté. C’est sans doute aussi la limite du roman, qui a des montées en puissance soudaines, très ponctuelles, mais un effet rouleau compresseur d’ensemble, du mouvement constant (s’il n’est pas externe c’est en interne, dans la psyché du narrateur), pas mal d’intellectualisation aussi, typique des grands pudiques solitaires qui tiennent l’affect à distance et appliquent leurs efforts plutôt à tenter de comprendre qu’à ressentir— un côté « total » qui peut étouffer le lecteur par moments sous son foisonnement et donner l’impression que ça ne va jamais s’arrêter. C’est à la fois un des plus beaux romans que j’ai lu, et un des plus épuisants (900 pages).

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KillMunster a écrit:
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Knockemstiff, un recueil de nouvelles de Donald Ray Pollock, ancien ouvrier devenu écrivain à 50 ans.

Une plongée glaçante et éprouvante chez les bouseux de l’Ohio, drogue, alcool, inceste, musculation, bagarres, …le tout raconté dans un style direct, sans fioritures, un putain de choc.

Chaque nouvelle pourrait faire un film.


Un peu décu par ce bouquin dont les deux premières nouvelles sont démentes (surtout la deuxième absolument glaçante, j'étais sur le cul) et le reste se fait rapidement très répétitif.
Tout tourne quand même un peu en rond dans cette description des rednecks white trash les plus désespérés des US (drogues, alcool, caravanes pourries, désœuvrement...). J'adore le talent du mec pour décrire la déchéance toujours avec des détails géniaux et souvent hilarants mais ça va pas chercher bien loin. D'ailleurs je pensais qu'il y aurait beaucoup plus de croisements de personnages d'une nouvelle à l'autre mais pas du tout. Après j'aime le ton tragi-comique des nouvelles, jamais plombantes pourtant d'un désespoir souvent absolu et sans échappatoire.
Lecture agréable mais j'en attendais plus.

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