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Ah c'est autre chose que Witness là! (mec qui lâche pas l'affaire)

Tel le fils qui sert de narrateur, j'ai été séduit d'emblée par le charisme et la conviction de ce personnage d'inventeur campé par un Harrison Ford convaincant à contre-emploi, alors même que l'ambigüité dans son point de vue apparaît dès le début (ses remarques dans la quincaillerie contre les produits japonais), parce qu'il nous est présenté comme ce personnage savant, pas uniquement mais avec les machines mais avec le monde qui l'entoure, comme un Tyler Durden qui serait davantage dans la construction que la destruction, s'extrayant du monde capitaliste et consumériste afin de recommencer une société de zéro.

Je trouve un peu rapide/malhonnête l'ellipse du moment où Allie a dû persuader sa femme de tout quitter. On imagine bien qu'elle s'aligne elle aussi sur son mode de pensée mais elle demeure un peu indéfinie avant d'en avoir marre. Pour les enfants, il est logique qu'il soit endoctriné sans se poser de questions mais je trouve étrange qu'on élude un peu cette femme qui n'est appelée que Mère tout le long (et dans le générique).

Mais j'y crois, d'autant plus qu'après la première déconvenue sur l'état de la "ville" qu'achète Allie en pleine jungle, les travaux et la ressource de l'inventeur finissent de prouver qu'il avait raison...alors même qu'il est aveugle vis-à-vis du schéma qu'il reproduit, lui qui critiquait son voisin agriculteur l'employant pour sa main d’œuvre composée d'immigrés alors qu'il va exploiter les autochtones pour recréer du confort, sous prétexte qu'il leur amène le pouvoir de la réfrigération, comparant la glace à un diamant aux yeux des indigènes, et adoptant la même attitude que n'importe quel colon, pour ne pas dire se prenant pour un dieu. D'ailleurs, sa vengeance envers le missionnaire semble motivée moins par des raisons idéologiques, toutefois justifiées, que par la colère de s'être fait dérober ses propres ouailles.

Cette ambivalence dans le regard que Weir pose sur le personnage fait toute la richesse du film et même quand le récit semble recourir à un rebondissement externe un peu artificiel (les bandits), ce qu'il en fait continue de servir l'histoire et le propos (le bâtiment en feu filant la comparaison avec le Dr Frankenstein). L'ouvrage arbore des atours de film d'aventures, type Le Robinson suisse version dark, en particulier avec ce dernier tiers où un campement devient un bateau, c'est assez fou. Tout le long, la mise en scène de Weir parvient à saisir la démesure de cet homme.

Et la trajectoire de la famille, et notamment du fils qui nous sert de point d'ancrage, se fait naturellement, jusqu'à cette voix off finale qui résume superbement les choses tout en ouvrant sur une potentielle métaphore de comment les parents limitent le monde de leurs enfants.

De tous les films "l'individu contre le système" de l'auteur, c'est celui que j'ai trouvé le plus probant.

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C'est celui qui m'avait le plus déçu mais c'est aussi celui que j'ai le plus envie de revoir

Celui qui m'avait fait la plus forte impression vu il y a 25 ans mais qui m'a le plus déçu à la revoyure il y a quelques années (bon pas revu Chute Libre ou Green Card, et peur de revoir Le Cercle).

Notamment par rapport au personnage de Mirren effectivement très effacé et l'intervention de bandits, même si logique et probable, difficile de ne pas y voir une certaine facilité.
Pas non plus vraiment convaincu par la narration passant par le fils. Là aussi, ça arrive à à retomber sur ses pattes mais j'arrive pas à ne pas y voir de la facilité.

Ceci dit, ça reste un film hautement recommandable, d'autant qu'il est d'une actualité remarquable (le scientisme/religieux ; le rejet d'une société pour finalement la recréer ailleurs).
Et la convaincante tentative de Ford de sortir plus franchement de son schéma de jeu. Quand même l'impression qu'il a renoncé après celui-ci.

Chute Libre c'est Schumacher. Tu pensais à État second ?

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C'est ça !
Même année d'ailleurs. Mais pas même délire.

Le genre du film pour moi, c’est « hubris du père », avec Liberté Oléron de Podalydès et Bigger Than Life de Nicholas Ray parmi les meilleurs.

Et Le Cercle, c'est Gore Verbinski. Mec qui a tout faux !

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Non. Green Card, j'ai bon. Film mineur dans la filmo de Matt Damon.