Le Salon de Musique pas le plus aimable en effet, et relève d'une conduite du récit plus archétypale, sous forme de conte, que la tendance générale de son cinéma ( comme souvent quand Ray met en scène des personnages musulmans finalement, voire des chrétiens comme dans l'Expédition, mais sans malveillance non plus, le refus du psychologisme est une forme de prise en compte de la culture de l'autre proche, peut-être est-ce une manière d'indiquer qu'elle est, comme rapport, structurellement plus historique que sa propre culture à partir d'où l'on part) mais bonne musique de Vilayat Khan et le plan où le vieux domestique s'avance vers le propriétaire, dans le dos de celui-ci, pour vérifier s'il est encore vivant, sans avoir de reflet dans l'immense miroir, cela vaut bien 5/6.
Maintenant j'ai l'impression que la plupart de ses films ont été (re)connus en France tardivement dans les années 1981-1982 (à part apparemment les deux premiers Apu), à l'époque où Manchette écrivait dans Charlie Hebdo , et que la Déesse et le Salon de Musique ont été parmi les premiers, d'où peut-être un biais dans la réception de ces films par la critique de l'époque.
L'Expédition est vraiment pas mal mais un peu surcôté je crois par GQJ, même s'il l'a bien cerné et défendu (peut-être qu'il lui a donné une prime à cause de son impact sur Schrader-Scorsese ), film un peu bancal dans ses 2h30, avec un faux début en forme de road movie, plein de charme ceci dit (on peut aussi penser à the Straight Story de Lynch). Il constitue certes une bonne porte d'entrée dans son oeuvre, mais ce n'est pas son troisième meilleur film, je mettrais quand-même Tonnerres Lointains et les Jours et les Nuits au-dessus.
_________________ Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ? - Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.
Jean-Paul Sartre
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