La Complainte du SentierPas grande chose à dire mais 6/6. Extraordinaire pour un premier film, et en avance formellement sur la Nouvelle Vague. Même catégorie de film que Ossessione de Visconti, et d'ailleurs conditions de tournage assez proches (Ray était encore cinéaste-amateur, directeur artistique et graphiste dans une agence de pub, et a mis trois ans pour le faire, sans producteur en mettant tout son argent et celui de sa femme, le film a failli ne jamais voir le jour, d'autant qu'il tournait avec des enfants et une très vieille femme. Le MOMA a avancé un peu d'argent puis le gouvernement du Bangale Occidental a suivi. La durée de tournage correspond ainsi avec la durée racontée mais cena semble en partie accidentel).
C'est pas un très bon argument mais la fin met les larmes aux yeux
.
Les plans de l'oeil sous le drap d'Api ou de Durga sous la mousson
Il me semble que la caméra est beaucoup plus mobile que dans les films suivants de Satjavit Ray (le travelling latéral sur la vieille tante dans la cour de la maison lord de son premier retour).
Le cinéma fashion et à festival des pays emergents des années 2000 court toujours après ce personnage (Reygadas notamment) en ratant l'essentiel...
On se rend compte également que Tonnerre Lointain va approfondir politiquement et historiquement la trilogie d'Apu, avec le personnage du père en intellectuel lunaire aussi catastrophique quand il est là que quand il est absent. Il identifie correctement la connaissance et la culture à des formes de promotion sociale, mais son trompe en en faisant un secret ou un tour individuel (sa stratégie de réussite économique imite ce qui est inconscient pour le reste de sa communauté).
Ray parvient avec la précision de la pudeur, à exprimer à la fois la légitimité des structures sociales paysannes, mais aussi le recul et la fatigue qu'ont les personnages par rapport à elles, une forme d'impersonnalité, consciente dès l'enfance et partagée par tous, de la liberté (d'où le terme impropre de
cinéma humaniste).