Forum de FilmDeCulte

Byungsoo, un réalisateur célèbre, accompagne sa fille chez une amie de longue date, propriétaire d'un immeuble à Gangnam. La visite des lieux entraîne pour Byungsoo un voyage hors du temps où se dessinent, à chaque étage, ses amours passés et à venir. Fin portraitiste, Hong Sangsoo transforme le quotidien d'un immeuble en puzzle des relations humaines. Un terrain de jeu qui explore les désirs, les regrets, les rêves, et bien sûr, le cinéma.

Dernier HSS à sortir sur nos écrans mais pas le dernier en date dans sa filmographie (celui-ci s'intercale entre La Romancière sorti l'an dernier et In Water qui sortira cet été), empreint d'une mélancolie voir d'une certaine tristesse dont étaient exempt les deux opus sortis l'an dernier. Étonnant de voir cette micro cyclothymie à l’œuvre dans son cinéma, entre moments de sérénité (exemplairement la scène finale de De nos jours) et de découragement. Walk Up aborde ainsi de ses difficiles rapports avec sa fille, de la difficulté de faire des films (de mémoire c'est même la première fois que j'y vois évoqué aussi frontalement les questions de production) voir de la possibilité d'arrêter sa carrière de cinéaste, ou encore de ses peurs, l'alter-ego du cinéaste n'ayant jamais semblé aussi vulnérable qu'ici.

Mais le film est aussi un formidable condensé de toute sa filmographie, véritable mashup de ses thématiques et figures de style, aux zoom extravagant prêt qui ont cette fois totalement disparus de sa panoplie. Jeux de miroirs incessant (on déplace les acteurs de parts et d'autres de la table, comme pour mieux scruter l'endroit et l'envers de leur personnalité, voir leur duplicité), frontière entre rêve et réalité qui n'est jamais apparue aussi ténue (le titre renvoie à l'escalier de cet immeuble que l'on visite de la cave au grenier lors du premier segment, puis des étages que l'on remontera un à un au cours des segments suivants, sans que l'on sache à chaque fois s'il s'agit effectivement d'une progression temporelle dans la vie du réalisateur ou d'un moment purement fantasmé). Point également un questionnement sur les rapports de pouvoir qui ne m'étaient jamais apparu jusqu'alors aussi nettement dans sa filmographie, pouvoir de l'argent (producteur, propriétaire, jusqu'à la question de savoir qui paiera la note au restaurant ou du prix à mettre dans une bouteille de vin), pouvoir d'emprise (entre propriétaire et locataire, au travail, dans la famille et jusque dans le couple).

A l'image de sa forme, d'une précision implacable (c'est peut-être le film de Hong le plus impressionnant de ce point de vue, voir le génie dans sa gestion du hors champ, ces portes que l'on ne cesse d'ouvrir et de fermer et du bruit des digicodes qui les ponctue, avec plus ou moins de succès), son écriture est d'une totale maitrise, un subtil enchâssement de rêveries qui s'emboîtent et se répondent l'une l'autre, mais dont l'aspect parfois trop théorique peut confiner à l'étouffement. On pourra alors un peu regretter la véritable épure de De nos jours, dépouillé jusqu'à l'os mais également profondément humain, ce qui manque parfois un peu ici.

Je trouve que c'est l'un de ses meilleurs dans les récents.

Plus le temps passe plus je trouve tous ses films bons… celui-ci est d’une impressionnante maîtrise, je le trouve juste un poil trop théorique, et je pense que je préfère d’autres acteurs (celui de De nos jours par exemple). Et ça manque de Kim Min-hee.

Ah De nos jours, la partie avec les femmes m'avait gavé. Pas adoré le dernier vu à Berlin (avec Huppert), que j'ai trouvé trop long.