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MessagePosté: 21 Fév 2023, 16:01 
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Banlieue de Séoul. Junhee, romancière de renom, rend visite à une amie libraire perdue de vue. En déambulant dans le quartier, elle croise la route d’un réalisateur et de son épouse. Une rencontre en amenant une autre, Junhee fait la connaissance de Kilsoo, une jeune actrice à qui elle propose de faire un film ensemble.

En course pour le prix de l'affiche la plus moche de l'année. Mais tout d'abord rendons à César ce qui lui est du, et surtout de ne pas laisser végéter sa notule dans les limbes de ses auto-festivals.

Karloff a écrit:
J'aime beaucoup le cinéma intimiste et poétique de Hong Sang-soo, qui, contrairement à ce racontent les persifleurs, ne fait plus du tout le même cinéma qu'à ses début. Peu à peu les oripeaux de scénario ont disparu pour laisser le cinéma à nu. Ou la vie. Ou les deux plus que jamais entremêlés. C'est si dur de communiquer ses sentiments, nous dit le vieux sage - langage des signes, soirée d'ivresse, roman, film... On tente de s'approcher de la vérité des hommes, parfois en leur criant dessus, parfois en susurrant des mots doux. Film pour les amoureux de son cinéma, la romancière, le film et le heureux hasard en est le coeur battant.
5/6


Film parfait pour révéler le niveau de venduisme au maître coréen. Pour ma part je rejoins le camp des Karloff, c'est probablement celui qui m'a le plus touché depuis celui par lequel je l'ai découvert, Un jour avec, un jour sans. Et ce qui est fou c'est qu'il m'a fallu ce dernier pour me rendre compte à quel point la quasi totalité des films tournés entre les deux ne sont que des pages tournées de sa relation avec Kim Min-Hee... ce qui me donne envie d'en revoir certains avec cet argument bien en tête (à commencer par Seule sur la plage la nuit). Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'il lui aura fallu un temps consommé pour digérer cette relation, pas forcément dans la sphère intime, mais plus sûrement au regard des autres. L'avant dernière séquence n'en prend que plus de force (je n'en dévoilerai rien, juste ne sortez pas quand vous verrez le générique de fin), surpris que l'on est par le brusque changement de ton/format, par cette soudaine impudicité, le plus beau message d'amour qu'un réalisateur puisse faire à son actrice, et réciproquement. Pas étonnant que le film, dans sa dernière séquence, se termine sous la forme d'une pirouette, un peu honteux de s'être trop dévoilé, et comme un écho de la scène de projection qui ouvre et clos Un jour avec, un jour sans. La boucle est bouclée.

Pour le reste, j'aurai tendance à opposer les films en couleur de HSS et ceux en noir et blanc, qui me semble plus théorique, moins aimable. Pis, j'ai l'impression que plus ça va plus ses films en N&B sont surexposés, dans certaines scènes de celui-ci on est à la limite de la solarisation. Voilà pour le flanc (in)esthétique. Pour le fond, HSS travaille comme jamais le rapport du réel au fictionnel, avec une démultiplication de ses alter-ego (le réalisateur qui reconsidère la hiérarchie entre cinéma et vie réelle, la romancière en perte d'inspiration qui se ressource en se plongeant dans une nouvelle forme d'art, le vieux poète qui a atteint une forme de sagesse avec l'âge). Dans Conte de cinéma Hong se lamentait encore de l'incapacité du réel à répliquer la vie telle que captée à l'écran, plus de 15 ans plus tard cette opposition n'a plus lieu d'être (et comme le dit Karloff c'est la preuve la plus explicite que non Hong Sang-Soo ne fait pas toujours le même film), comme s'il avait enfin trouvé le point d'équilibre entre les deux, qui s’interpénètrent et s’alimentent respectivement et harmonieusement.

5/6


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MessagePosté: 21 Fév 2023, 16:23 
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J'avais pas prévu de le voir, de loin il donne franchement pas envie, mais tu me fais douter.

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 21 Fév 2023, 16:31 
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N’hésite pas.


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MessagePosté: 21 Fév 2023, 21:55 
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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Bien vu Lohmann, le lien avec Un jour avec, un jour sans.

Pour moi, l'un de ses meilleurs.


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MessagePosté: 22 Fév 2023, 16:15 
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Inscription: 17 Fév 2023, 19:29
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Lohmann a écrit:
Film parfait pour révéler le niveau de venduisme au maître coréen. Pour ma part je rejoins le camp des Karloff, c'est probablement celui qui m'a le plus touché depuis celui par lequel je l'ai découvert, Un jour avec, un jour sans. Et ce qui est fou c'est qu'il m'a fallu ce dernier pour me rendre compte à quel point la quasi totalité des films tournés entre les deux ne sont que des pages tournées de sa relation avec Kim Min-Hee... ce qui me donne envie d'en revoir certains avec cet argument bien en tête (à commencer par Seule sur la plage la nuit). Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'il lui aura fallu un temps consommé pour digérer cette relation, pas forcément dans la sphère intime, mais plus sûrement au regard des autres. L'avant dernière séquence n'en prend que plus de force (je n'en dévoilerai rien, juste ne sortez pas quand vous verrez le générique de fin), surpris que l'on est par le brusque changement de ton/format, par cette soudaine impudicité, le plus beau message d'amour qu'un réalisateur puisse faire à son actrice, et réciproquement. Pas étonnant que le film, dans sa dernière séquence, se termine sous la forme d'une pirouette, un peu honteux de s'être trop dévoilé, et comme un écho de la scène de projection qui ouvre et clos Un jour avec, un jour sans. La boucle est bouclée.

Pour le reste, j'aurai tendance à opposer les films en couleur de HSS et ceux en noir et blanc, qui me semble plus théorique, moins aimable. Pis, j'ai l'impression que plus ça va plus ses films en N&B sont surexposés, dans certaines scènes de celui-ci on est à la limite de la solarisation. Voilà pour le flanc (in)esthétique. Pour le fond, HSS travaille comme jamais le rapport du réel au fictionnel, avec une démultiplication de ses alter-ego (le réalisateur qui reconsidère la hiérarchie entre cinéma et vie réelle, la romancière en perte d'inspiration qui se ressource en se plongeant dans une nouvelle forme d'art, le vieux poète qui a atteint une forme de sagesse avec l'âge). Dans Conte de cinéma Hong se lamentait encore de l'incapacité du réel à répliquer la vie telle que captée à l'écran, plus de 15 ans plus tard cette opposition n'a plus lieu d'être (et comme le dit Karloff c'est la preuve la plus explicite que non Hong Sang-Soo ne fait pas toujours le même film), comme s'il avait enfin trouvé le point d'équilibre entre les deux, qui s’interpénètrent et s’alimentent respectivement et harmonieusement.

5/6


Analyse limpide à laquelle je souscris complètement pour un HSS de très bonne tenue.
Après tout, c'est quoi le cinéma?
Le choix, guidé par une recherche de la justesse, d'un dispositif technique, d'un regard et d'une distance dans le but de capter et de faire advenir quelque chose à l'écran.
Hong Sang-Soo a tout compris.


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MessagePosté: 23 Fév 2023, 22:27 
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Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
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Localisation: Ile-de-France
C'est en effet le haut du panier chez le maître coréen.

J'adore cette déambulation en une journée d'une romancière qui aussi bien revient sur sa vie passée, ses amitiés et ambitions déçues, qu'elle se projette sur une nouvelle amitié, prometteuse et en même temps potentiellement décevante
(c'est comme cela que j'interprète la fin, quand elle n'est pas là pour attendre son actrice à la sortie de la projection; l'actrice d'ailleurs a probablement perçu la dépression de sa réalisatrice à l'écran)
.

L'écriture des dialogues est arrivée à parfaite maturité mais en même temps ne se donne jamais comme virtuose. Rarement le passage de l'anodin au philosophique a été si brillamment exécuté dans la filmographie d'HSS. Mais c'est aussi l'écriture de la structure du film qui est brillante, elle donne une impression de liberté, d'improvisation et de ce hasard évoqué par le titre.

Et puis esthétiquement, le film est un régal, et je ne suis pas trop d'accord avec Lohmann qui parle d'inesthétique. Oui moi aussi j'ai remarqué la surexposition de certains arrières-plans, mais cela donne une forme de brouillard, d'atmosphère fantomatique qui sert bien cette mini fresque d'une vie. Le noir et blanc est sublime, avec ce grain que l'on perçoit dans les parties très blanches de l'image. Et ça va paraître trivial mais les voitures, en particulier, sont absolument magnifiques dans ce film, leur carrosserie étincelle de lumière. Enfin les zooms sont sobres mais impeccables.

Bref je pense qu'il se situe dans mon top 3 du cinéaste.


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