Forum de FilmDeCulte

Le forum cinéma le plus méchant du net...
Nous sommes le 21 Nov 2024, 17:06

Heures au format UTC + 1 heure




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 
Auteur Message
MessagePosté: 21 Fév 2023, 16:01 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8292
Image

Banlieue de Séoul. Junhee, romancière de renom, rend visite à une amie libraire perdue de vue. En déambulant dans le quartier, elle croise la route d’un réalisateur et de son épouse. Une rencontre en amenant une autre, Junhee fait la connaissance de Kilsoo, une jeune actrice à qui elle propose de faire un film ensemble.

En course pour le prix de l'affiche la plus moche de l'année. Mais tout d'abord rendons à César ce qui lui est du, et surtout de ne pas laisser végéter sa notule dans les limbes de ses auto-festivals.

Karloff a écrit:
J'aime beaucoup le cinéma intimiste et poétique de Hong Sang-soo, qui, contrairement à ce racontent les persifleurs, ne fait plus du tout le même cinéma qu'à ses début. Peu à peu les oripeaux de scénario ont disparu pour laisser le cinéma à nu. Ou la vie. Ou les deux plus que jamais entremêlés. C'est si dur de communiquer ses sentiments, nous dit le vieux sage - langage des signes, soirée d'ivresse, roman, film... On tente de s'approcher de la vérité des hommes, parfois en leur criant dessus, parfois en susurrant des mots doux. Film pour les amoureux de son cinéma, la romancière, le film et le heureux hasard en est le coeur battant.
5/6


Film parfait pour révéler le niveau de venduisme au maître coréen. Pour ma part je rejoins le camp des Karloff, c'est probablement celui qui m'a le plus touché depuis celui par lequel je l'ai découvert, Un jour avec, un jour sans. Et ce qui est fou c'est qu'il m'a fallu ce dernier pour me rendre compte à quel point la quasi totalité des films tournés entre les deux ne sont que des pages tournées de sa relation avec Kim Min-Hee... ce qui me donne envie d'en revoir certains avec cet argument bien en tête (à commencer par Seule sur la plage la nuit). Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'il lui aura fallu un temps consommé pour digérer cette relation, pas forcément dans la sphère intime, mais plus sûrement au regard des autres. L'avant dernière séquence n'en prend que plus de force (je n'en dévoilerai rien, juste ne sortez pas quand vous verrez le générique de fin), surpris que l'on est par le brusque changement de ton/format, par cette soudaine impudicité, le plus beau message d'amour qu'un réalisateur puisse faire à son actrice, et réciproquement. Pas étonnant que le film, dans sa dernière séquence, se termine sous la forme d'une pirouette, un peu honteux de s'être trop dévoilé, et comme un écho de la scène de projection qui ouvre et clos Un jour avec, un jour sans. La boucle est bouclée.

Pour le reste, j'aurai tendance à opposer les films en couleur de HSS et ceux en noir et blanc, qui me semble plus théorique, moins aimable. Pis, j'ai l'impression que plus ça va plus ses films en N&B sont surexposés, dans certaines scènes de celui-ci on est à la limite de la solarisation. Voilà pour le flanc (in)esthétique. Pour le fond, HSS travaille comme jamais le rapport du réel au fictionnel, avec une démultiplication de ses alter-ego (le réalisateur qui reconsidère la hiérarchie entre cinéma et vie réelle, la romancière en perte d'inspiration qui se ressource en se plongeant dans une nouvelle forme d'art, le vieux poète qui a atteint une forme de sagesse avec l'âge). Dans Conte de cinéma Hong se lamentait encore de l'incapacité du réel à répliquer la vie telle que captée à l'écran, plus de 15 ans plus tard cette opposition n'a plus lieu d'être (et comme le dit Karloff c'est la preuve la plus explicite que non Hong Sang-Soo ne fait pas toujours le même film), comme s'il avait enfin trouvé le point d'équilibre entre les deux, qui s’interpénètrent et s’alimentent respectivement et harmonieusement.

5/6


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Fév 2023, 16:23 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 24 Nov 2007, 21:02
Messages: 28404
Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
J'avais pas prévu de le voir, de loin il donne franchement pas envie, mais tu me fais douter.

_________________
CroqAnimement votre


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Fév 2023, 16:31 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 30 Déc 2015, 16:00
Messages: 8292
N’hésite pas.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 21 Fév 2023, 21:55 
Hors ligne
Antichrist
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
Messages: 23987
Bien vu Lohmann, le lien avec Un jour avec, un jour sans.

Pour moi, l'un de ses meilleurs.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 22 Fév 2023, 16:15 
Hors ligne
Titilleur

Inscription: 17 Fév 2023, 19:29
Messages: 81
Lohmann a écrit:
Film parfait pour révéler le niveau de venduisme au maître coréen. Pour ma part je rejoins le camp des Karloff, c'est probablement celui qui m'a le plus touché depuis celui par lequel je l'ai découvert, Un jour avec, un jour sans. Et ce qui est fou c'est qu'il m'a fallu ce dernier pour me rendre compte à quel point la quasi totalité des films tournés entre les deux ne sont que des pages tournées de sa relation avec Kim Min-Hee... ce qui me donne envie d'en revoir certains avec cet argument bien en tête (à commencer par Seule sur la plage la nuit). Ce qui est en tout cas certain, c'est qu'il lui aura fallu un temps consommé pour digérer cette relation, pas forcément dans la sphère intime, mais plus sûrement au regard des autres. L'avant dernière séquence n'en prend que plus de force (je n'en dévoilerai rien, juste ne sortez pas quand vous verrez le générique de fin), surpris que l'on est par le brusque changement de ton/format, par cette soudaine impudicité, le plus beau message d'amour qu'un réalisateur puisse faire à son actrice, et réciproquement. Pas étonnant que le film, dans sa dernière séquence, se termine sous la forme d'une pirouette, un peu honteux de s'être trop dévoilé, et comme un écho de la scène de projection qui ouvre et clos Un jour avec, un jour sans. La boucle est bouclée.

Pour le reste, j'aurai tendance à opposer les films en couleur de HSS et ceux en noir et blanc, qui me semble plus théorique, moins aimable. Pis, j'ai l'impression que plus ça va plus ses films en N&B sont surexposés, dans certaines scènes de celui-ci on est à la limite de la solarisation. Voilà pour le flanc (in)esthétique. Pour le fond, HSS travaille comme jamais le rapport du réel au fictionnel, avec une démultiplication de ses alter-ego (le réalisateur qui reconsidère la hiérarchie entre cinéma et vie réelle, la romancière en perte d'inspiration qui se ressource en se plongeant dans une nouvelle forme d'art, le vieux poète qui a atteint une forme de sagesse avec l'âge). Dans Conte de cinéma Hong se lamentait encore de l'incapacité du réel à répliquer la vie telle que captée à l'écran, plus de 15 ans plus tard cette opposition n'a plus lieu d'être (et comme le dit Karloff c'est la preuve la plus explicite que non Hong Sang-Soo ne fait pas toujours le même film), comme s'il avait enfin trouvé le point d'équilibre entre les deux, qui s’interpénètrent et s’alimentent respectivement et harmonieusement.

5/6


Analyse limpide à laquelle je souscris complètement pour un HSS de très bonne tenue.
Après tout, c'est quoi le cinéma?
Le choix, guidé par une recherche de la justesse, d'un dispositif technique, d'un regard et d'une distance dans le but de capter et de faire advenir quelque chose à l'écran.
Hong Sang-Soo a tout compris.


Haut
 Profil  
 
MessagePosté: 23 Fév 2023, 22:27 
Hors ligne
Expert
Avatar de l’utilisateur

Inscription: 20 Fév 2008, 19:19
Messages: 9898
Localisation: Ile-de-France
C'est en effet le haut du panier chez le maître coréen.

J'adore cette déambulation en une journée d'une romancière qui aussi bien revient sur sa vie passée, ses amitiés et ambitions déçues, qu'elle se projette sur une nouvelle amitié, prometteuse et en même temps potentiellement décevante
(c'est comme cela que j'interprète la fin, quand elle n'est pas là pour attendre son actrice à la sortie de la projection; l'actrice d'ailleurs a probablement perçu la dépression de sa réalisatrice à l'écran)
.

L'écriture des dialogues est arrivée à parfaite maturité mais en même temps ne se donne jamais comme virtuose. Rarement le passage de l'anodin au philosophique a été si brillamment exécuté dans la filmographie d'HSS. Mais c'est aussi l'écriture de la structure du film qui est brillante, elle donne une impression de liberté, d'improvisation et de ce hasard évoqué par le titre.

Et puis esthétiquement, le film est un régal, et je ne suis pas trop d'accord avec Lohmann qui parle d'inesthétique. Oui moi aussi j'ai remarqué la surexposition de certains arrières-plans, mais cela donne une forme de brouillard, d'atmosphère fantomatique qui sert bien cette mini fresque d'une vie. Le noir et blanc est sublime, avec ce grain que l'on perçoit dans les parties très blanches de l'image. Et ça va paraître trivial mais les voitures, en particulier, sont absolument magnifiques dans ce film, leur carrosserie étincelle de lumière. Enfin les zooms sont sobres mais impeccables.

Bref je pense qu'il se situe dans mon top 3 du cinéaste.


Haut
 Profil  
 
Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 6 messages ] 

Heures au format UTC + 1 heure


Articles en relation
 Sujets   Auteur   Réponses   Vus   Dernier message 
Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Walk Up (Hong Sang-soo, 2022)

Lohmann

3

227

25 Fév 2024, 20:49

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Like you know it all (Hong Sang-Soo - 2009)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

DPSR

22

3443

31 Juil 2010, 11:50

Mr Chow Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Yourself and yours (Hong Sang-Soo - 2016)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Lohmann

23

2702

30 Oct 2017, 18:31

Art Core Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Ha Ha Ha (Hong Sang-Soo, 2011)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Baptiste

20

3608

10 Mai 2014, 12:45

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. In Water (Hong Sang-soo, 2023)

Lohmann

0

134

08 Juil 2024, 15:43

Lohmann Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Oki's Movie (Hong Sang-Soo, 2011)

Marlo

10

1684

20 Déc 2011, 19:58

Karloff Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Sunhi (Hong Sang-soo, 2013)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Karloff

20

2486

11 Juil 2014, 19:42

Mr Chow Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Night and Day (Hong Sang-Soo - 2008)

Karloff

9

1923

24 Aoû 2008, 20:05

Zaphod Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Introduction (Hong Sang-soo - 2021)

Karloff

6

860

13 Nov 2024, 14:11

Lohmann Voir le dernier message

Aucun nouveau message non-lu dans ce sujet. Right Now, Wrong Then (Hong Sang-soo - 2015)

[ Aller à la pageAller à la page: 1, 2 ]

Karloff

24

4299

15 Sep 2016, 13:34

Eurynome Voir le dernier message

 


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 3 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Rechercher:
Aller à:  
Powered by phpBB® Forum Software © phpBB Group
Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO
Hébergement mutualisé : Avenue Du Web