heureux d'avoir vu
bardo, roma, the killer, okja et
irishman au cinéma, marri d'avoir raté les projections de
dont look up et
uncut gems, j'ai voulu tenter ce
cercle des neiges lors de sa projection cinéma au christine, car ce n'est pas faire injure à ja bayona que de dire que la perspective d'une projection à la cinémathèque dans le cadre d'une rétrospective de son travail est assez lointaine.
c'est tiré de l'histoire vraie d'une équipe de rugby uruguayenne dont l'avion s'est crashé dans les montagnes enneigées particulièrement hostiles, et dont certains ont survécu pendant plus de 2 mois. l'histoire est manifestement ultra connue en espagne et amérique latine, genre tout le monde connait (comme le petit gregory ici ?) mais ici il me semble qu'on connait "vaguement", et en vrai surtout la punchline.
cela avait déjà donné lieu à un film en 93,
les survivants, très hollywoodien, qui avait connu un succès modeste ici (500k entrées) et me semble globalement oublié - il est dispo sur paramount +, par ailleurs. il y avait eu un film mexicain auparavant, et ça a inspiré toute une littérature.
quel est donc l'intéret de faire un film sur cette histoire ?
la réponse industrielle que c'est un film espagnol facilement 'exportable', à destination d'un public plus jeune qui ne la connait pas. pourquoi pas.
la réponse artistique est plus floue, parce que en vrai... y a pas non plus mille choses à raconter. il y a quelques péripéties, bien sûr, mais sinon dans l'absolu ils sont restés à côté de l'avion, ils se sont mis d'accord assez rapidement et sans conflits monstrueux sur la manière de rester en vie... ça évoque plus un super article de paris match - allez, society - qu'un film de 2h25 (ceci dit on a échappé à 8x1h et c'est déjà une satisfaction).
pour 'justifier' ça, il faut donc des angles forts, et en intro du film bayona a répété ceux qu'il a sûrement pitché : ne pas se concentrer sur les vivants qui ont raconté 1000 fois leur histoire mais plus sur ceux qui sont morts, se rendre compte qu'on pense connaitre l'histoire mais elle est beaucoup plus riche que ça... le truc c'est que je n'ai rien vu de ça. impossible de distinguer les personnages les uns des autres, ils se ressemblent tous niveau personnalité et physique. on est du coup triste pour le principe quand quelqu'un meurt, mais comme globalement on ne sait pas qui c'est, voilà, quoi. puis les détails narratifs sont effectivement là - guère passionnants, honnêtement - mais aucun détail humain, vraiment. il n'y a aucune exploration des états d'âme face à cette mort promise, des réactions différentes. la religion est quasi totalement absente (alors que les sud américains sont très croyants, que c'est naturellement humain de se tourner vers ça dans cette situation, qu'il y a quelques croix machins pour sous entendre que c'était un enjeu, que le film hollywoodien en faisait des caisses là dessus - je pense vraiment que c'était un axe fort qui est ici totalement zappé - pourquoi ?). au final on passe très vite sur les débats concernant
la méthode de survie - et on n'évoque même pas, à leur retour, les réactions publiques quand ça a été appris. l'impact sur les corps de cette épreuve est brièvement évoqué histoire de la rayer de la check list, mais rien n'est exploré, palpable, incarné.
le film se concentre alors sur l'efficacité, qui dirige totalement l'approche et la mise en scène de bayona. le montage est vif, les scènes courtes - il n'y a aucun ralentissement du rythme ou des plans au fur et à mesure que le temps passe (et ils devaient quand même violemment s'ennuyer), que la mort se rapproche. les plans durent 4 secondes, ils sont toujours beaux, bien cadrés, un peu tape à l'oeil mais ne veulent rien dire : l'impact immédiat du plan est privilegié sur la construction de la scène, son rythme interne et dans le film, sur les informations qu'on veut transmettre. on dirait du michael bay dans cet aspect, le film est filmé plan impactant par plan impactant, tout dure 3 secondes - ce qui peut être très efficace pour armageddon mais pour un drame de 2h25 c'est sujet à débat. toute son approche visuelle est vraiment très 2023, ce qui est amusant car à la vision de la bande annonce celle du film de 93 (dont la moitié des plans se retrouve dans le nouveau film) était terriblement "style américain de 1993" - ça a épouvantablement vieilli. et y a vraiment 0 doute sur le fait que ce sera gentiment irregardable en 2053, à part pour s'amuser du kitch du style de notre époque.
alors tout ça n'est pas désagréable, c'est une histoire impressionnante, bien faite avec les moyens nécessaires, qui incarne parfaitement les grandes tendances audiovisuelles de l'époque, mais fondamentalement un peu inutile et instantanément oubliable.
je n'ai pas donc vraiment besoin de préciser quelle plateforme le diffusera à partir du 4 janvier.
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