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MessagePosté: 31 Déc 2023, 17:14 
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Synopsis : un incident d'école primaire et ses conséquences présentés de trois points de vue différents. Celui de la mère d'un des élèves en cause qui pense que le professeur l'a maltraité. Celui du professeur en question. Et enfin, celui du gamin.

Je n'ai vu aucun autre film du réalisateur donc je vais faire concis, j'ai beaucoup aimé celui-ci, alors que je ne raffole habituellement pas du principe à la Rashōmon toujours décevant quand on arrive au dernier point de vue censé révéler la vérité.

Là, c'est le cas quand le pot-aux-roses est dévoilé (
une homosexualité pas assumée à cause du poids des conventions, représentée notamment par un père au-delà de la caricature
).
Mais je trouve que le film se rattrape ensuite aux branches en opposant le temps des séquences avec les adultes dur les deux premiers tiers - courtes et qui s'enchaînent rapidement - par rapport aux passages plus languissants et traînants quand on colle aux basques des deux enfants et de leur manière d'appréhender le réel et les événements (et qui mélange la science et le sacré, le Big Crunch et la réincarnation dans un gloubiboulga dont seules les gosses sont capables, c'est assez bien vu).
On joue forcément avec les lieux et les incidents qui se répètent : pour la mère, l'école est présentée comme des strates empilées protégées par des barreaux qui renforce l'idée du secret de ce qui se passe entre les murs et de l'ascension sociale qu'elle espère pour le gamin, tandis que pour le prof, c'est une allée ample avec des pétales... La mère est coincée dans un thriller où le personnel de l'école semblent remplacés par des Body Snatchers et où elle doit se muer en une sorte de détective privée (lorsqu'elle rencontre chez lui le camarade de classe de son fils, elle se livre à une sorte de pêche aux infos autour d'un bureau comme dans une scène classique d'un Raymond Chandler) ; le prof est piégé dans un drame de l'individu face à l'administration un peu à la Lumet ; et les gosses dans une chronique où ce qui leur paraît énorme est minime pour les adultes et inversement.

Le personnage de la directrice
dont on apprend qu'elle a causé la mort de sa petite-fille
, fait le lien et offre trois visages différents : paumée dans le premier segment, manipulatrice dans le deuxième et empathique dans le troisième (la seule a communiqué avec le malheur du gamin).


Et tout le film complexifie petit à petit le propos : le père d'un des gamins est un sale type mais c'est aussi le seul à avoir vraiment pigé la situation là où la mère et le prof s'imaginent des harcèlements divers. Ce qui renvoie aussi à la manière d'appréhender un spectacle : la mère dézingue la télé-réalité mais reste scotchée devant l'incendie de départ, le prof repère toutes les erreurs dans les journaux avant d'en être une vedette malgré lui... Et le tout est coincé entre deux parenthèses catastrophiques : un incendie et un typhon.

C'est fatalement très manipulateur, je ne sais pas du tout comment ça se situe dans la filmographie du réal ou si il radote, mais en l'état, j'ai trouvé ça très plaisant de me faire balader autour de ce quartier et de cette école.

_________________
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Dernière édition par JulienLepers le 01 Jan 2024, 19:06, édité 1 fois.

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MessagePosté: 31 Déc 2023, 17:44 
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JulienLepers a écrit:
je ne sais pas du tout comment ça se situe dans la filmographie du réal ou si il radote.

On lui a connu la main plus légère...


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 18:12 
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C'est marrant car je trouve justement sa main très légère par rapport à l'un des modèles revendiqués, Ken Loach. Après c'est un homme en colère contre le système social et politique de son pays.


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 19:00 
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Karloff a écrit:
C'est marrant car je trouve justement sa main très légère par rapport à l'un des modèles revendiqués, Ken Loach. Après c'est un homme en colère contre le système social et politique de son pays.

Même par rapport à Loach c’est extrêmement lourd ici. Trop mièvre dans sa 3ème partie, très très lourdement appuyé dans les 2 premières… qui hormis à complexifier inutilement une intrigue au fond extrêmement simple, ne servent absolument à rien. Franchement j’ai souffert comme rarement avec lui.


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 19:29 
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Franchement je souffre en te lisant comme rarement avec toi.


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 19:32 
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Je le prends comme un compliment!


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 19:33 
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C'est tout le paradoxe (et l'intérêt du forum), je suis rarement d'accord avec toi, mais j'ai de l'intérêt pour tes goûts.


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MessagePosté: 31 Déc 2023, 19:37 
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On en reparle quand tu auras vu Les Travaux et les jours (que tu vas adorer).


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MessagePosté: 08 Jan 2024, 17:02 
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Comme toujours avec Kore-Eda, la construction du récit frôle la manipulation tellement tout ça est travaillé et codifié. Mais au final, le plaisir est au rendez-vous grâce à l’interprétation et à la précision de la mise en scène (sans compter l’intérêt de découvrir une société japonaise tellement éloignée de la nôtre).


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MessagePosté: 23 Juil 2024, 22:12 
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Vous interprétez comment la fin ?
( les gamins sont ils morts ou non. La barrière de fin de chemin de fer a disparu. Est ce une métaphore de la barrière qui tombe et la vie sera plus belle ou est ce une métaphore de la mort ? La mère le cherche sous une pluie battante et eux ils sortent sans voir personne sous un soleil radieux )


Sinon comme d'hab avec Kore Eda: beaucoup aimé. Simple en apparence mais plein de strates de lecture. Et visuellement c'est splendide


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MessagePosté: 23 Juil 2024, 22:19 
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Mr Degryse a écrit:
Vous interprétez comment la fin ?
( les gamins sont ils morts ou non. La barrière de fin de chemin de fer a disparu. Est ce une métaphore de la barrière qui tombe et la vie sera plus belle ou est ce une métaphore de la mort ? La mère le cherche sous une pluie battante et eux ils sortent sans voir personne sous un soleil radieux )
Pas morts


Vu hier. Ce n'est pas que c'est la structure en Rashomon qui ne fonctionne pas. Au contraire. Mais le fait d'arriver au coeur du film, qui est très beau par ailleurs, à 30 minutes de la fin. Mouais. J'aurais préféré que les enjeux soient posés plus tot et plus développés. Là, je trouve que Kore-Eda sous-exploite le potentiel du film.


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MessagePosté: 07 Nov 2024, 11:10 
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Localisation: In the Oniric Quest of the Unknown Kadath
Je n'ai pas du tout compris l'intérêt de cette structure scénaristique gadget qui déplace totalement le sujet (et encore un prix du scénario cannois bien artificiel). S'il y a bien un aspect ludique à découvrir la vérité au fil des différents points de vue, je n'ai pas l'impression que ça raconte grand-chose de son sujet profond (le mal être de deux préado amoureux). On développe des personnages (le professeur, la directrice) pour ne rien en faire et les laisser en plan. Impression d'un film qui s'égare beaucoup, qui digresse inutilement là où un Nobody Knows faisait absolument l'inverse et restait collé à ses personnages. Kore-Eda me semble depuis plusieurs films sur une pente glissante vers le drame un peu académique et caricatural (ce personnage de père violent...). Reste la superbe BO de Ryuichi Sakamoto (sa dernière je pense, le film lui est dédié).

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CroqAnimement votre


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MessagePosté: 08 Nov 2024, 00:35 
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Inscription: 04 Juil 2005, 21:36
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C'est sa dernière effectivement. Sinon je trouve que c'est l'un de ses plus beaux films hahaha.


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