Forum de FilmDeCulte

En mai 1980 a lieu en Corée du Sudle soulèvement de Gwangju. Ce mouvement, principalement étudiant et syndical, s’oppose à la dictature de Chun Doo-hwan, mise en place après l’assassinat de Park Chung-hee. Un journaliste allemand aidé par un chauffeur de taxi décide de passer outre l'embargo militaire et de se rendre dans cette zone pour faire un reportage.

Il faut saluer la capacité les Coréens (comme les américains) de s'emparer de leurs événements historiques traumatiques et d'en faire des films mainstream. J'ai découvert grâce à ce long métrage l’existence de la répression militaire du mouvement étudiant de mai 1980 connu aussi sous le qualificatif de massacre de Gwangju. Les rares images et videos de ces exactions nous sont parvenues grâce à l'abnégation du journaliste allemand Jürgen Hinzpeter et de son chauffeur de taxi. Il s'agit donc d'une histoire vraie mais romancée pour en faire un film de divertissement. Le long métrage commence comme une comédie teintée de buddy movie pour progressivement basculer vers le drame. On est mis dans l'état d'esprit du taximan qui d'abord naïf et confiant dans les dirigeants de son pays perd progressivement de sa candeur au fur et à mesure qu'il découvre les horreurs de la répression policière et militaire. Le film nous parle d'autant plus qu'on a tous en tête, toutes proportions gardées, les images récentes de nos manifestants tabassés par la police. On voit qu'avec la complaisance d'un gouvernement cela peut vite dégénérer.
Le réalisateur Jang Hoon était auparavant l'assistant de Kim Ki Duk. Je n'ai pas vu ses films précédents mais il démontre ici d'un savoir faire certains à la fois dans la réalisation ( le film change subtilement de teintes dans la photo durant le film pour souligner les événements) mais aussi dans la direction d'acteurs. Il réussit à diriger parfaitement un acteur étranger Thomas Kretschmann parfait dans le rôle du mutique journaliste arriviste qui progressivement se sent investi d'une mission devant ces horribles faits. Il peut compter aussi sur Song Kang-ho jamais aussi bon que dans les rôles de "gentil ahuri". Le long métrage illustre aussi la barrière de la langue. Cela passe souvent par les regards.
Le film a quelques défauts notamment une trop grand longueur provoquant un petit ventre mou mais on peut le considérer utile pour l'attachement envers les personnages et montrer le calme avant la tempête. La musique très pop coréenne année 80 est chouette aussi.

Vraiment pas mal.