_________________ Sur un secrétaire, j'avise deux statuettes de chevaux : minuscules petites têtes sur des corps puissants et ballonés de percherons. Sont-ils africains ? Étrusques ? - Ce sont des fromages. On me les envoie de Calabre.
Jean-Paul Sartre
Dernière édition par Vieux-Gontrand le 04 Mar 2022, 20:56, édité 1 fois.
Cette manie de bannir des livres dans les écoles aux US est hallucinante (la nudité, sérieux?). L'autre probleme de toute cette histoire est que l'on se focalise sur Maus, comme si c'était un cas isolé alors que le problème n'est pas nouveau. Les gens se ruent en masse sur Amazon pour acheter Maus "en protestation" ce qui est en soit tout aussi ridicule. Apparemment plusieurs autres bds, moins connues donc qui avaient besoin de plus de soutien, ont été dans la même situation et personne n'a écrit d'articles dessus.
Patience, "a sci-fi love story" de Daniel Clowes. C'est une tuerie, comme d'hab en fait. 5,5/6
Puck a écrit:
Du coup, pour revenir à la conversation de base, pas comme d'hab, mais Patience, c'est BIEN, oui.
Art, je te conseille. C'est assez perché avec un trip SF rétro et un humour bien bien sombre. Le dessin est à tomber par terre et les splash pages sont folles!
Je ne vais pas spoiler, mais ouais, c'est mortel!
Cyniquotron a écrit:
S'il n'y a que deux bandes dessinées de Clowes à lire ce serait d'abord David Boring puis Patience.
Je continue lentement mon exploration de Clowes. Je suis d'accord avec mes compatriotes au dessus, j'ai adoré! Probablement mon préféré jusqu’ici avec Death Ray. Ce qui frappe avec les Daniel Clowes plus récent c'est cette maîtrise du scenario (c’était déjà le cas dans Ice Haven et Death Ray). Le livre commence comme une de ces chroniques ou drames à la Caricature/Ghost World mais prends plusieurs tournants abruptes en changeant de genre à chaque fois, ce qui fait que la première moitié est un "ride" assez jouissif, même si on a l'impression que ça part dans tous les sens (et effectivement visuellement c'est brillant aussi. Entre le jeux de silhouettes dans les premières pages et les trips surréalistes un peu plus loin). Mais ce qui est assez jubilatoire c'est de constater que ce qui avait l'air d’être tosgra dans la première partie en fait était une exposition très bien menée et le procédé porte ces fruits à mesure que chaque élément s'imbrique.
Je l'ai relu une seconde fois juste derrière du coup pour être sur de ne manquer aucun détails.
Le prochain sur ma liste je pense: David Boring. Il y en a qui ont bien aimé ici apparemment, du coup je vais suivre les conseils.
ça fait longtemps que je n'avais pas conseillé une BD
alors je vous conseille La Bombe, surtout si vous avez aimé Chernobyl (la série), tout simplement une BD aux 75 films possibles. Et d'une puissance rare.
Le dessin de Rodier a l'air bien classe. J'etais assez tenté, je vais peut être me le prendre tiens.
Je l'ai lu et effectivement c'est bien. C'est exhaustif, plein de détails dont j'ignorais l'existence et d'explications historiques nécessaires. Une bonne mise en bouche avant le film de Nolan. Et effectivement le dessin de Rodier est à tomber (j'adore ce mec). Par contre je n'y ai pas retrouvé la "puissance rare" dont tu parles Karloff. Je trouve que l'ensemble est assez froid et manque étrangement d’émotion, ce qui est un comble au vu du sujet. J'imagine que c'est la raison pour laquelle la partie japonaise est là mais d'une c'est vraiment plat et de deux c'est littéralement pompé sur Barefoot Gen.
Barefoot Gen de Keiji Nakazawa
Manga datant de 1973, autobiographique, assez incroyable qui raconte l'histoire de Gen, survivant du bombardement d'Hiroshima. C'est un récit de survie à hauteur d'enfants donc, qui oscille entre le misérabilisme façon Tombeau des Lucioles ou le ludisme de Empire of the Sun. Je n'ai lu que les deux premiers tomes pour l'instant mais c'est déjà tour à tour drôle, déchirant, badass, tétanisant (les changements de tons sont assez wild) et profondément anti guerre (Nakazawa s'en prend presque plus aux nationalisme japonais qu'aux américains). L'explosion arrive à la fin du premier tome et c'est un gros morceau de bravoure. On plonge directement dans l'horreur, le genre, mais aussi la vraie vie tant il y a une quantité de détails qui ne s'inventent pas.
Les victimes zombies avec la peau des mains qui pend comme du slime.
Le style cartoon, les gags limite niveau Ranma 1/2 des fois, alliés au sujet provoque son petit effet. Ça ne ressemble vraiment à rien d'autre (que je connaisse du moins) mais en même temps grosse sensation d'avoir découvert un chaînon manquant du manga et de l'anime tant ça renvoit à, et précède, d'autres monuments comme Le Tombeau des Lucioles donc ou même Akira.
Rien à voir mais j'ai lu les deux dernières grosses publications du scénariste Alan Moore, et on peut dire que c'est pas la joie, fin de carrière en pilote automatique et dégringolade dans des tics d'écriture.
Providence avec Jacen Burrows est très long et assez ennuyeux, et tant dans le commentaire de l'oeuvre de Lovecraft que dans l'invention de forme de bd d'horreur, c'est de la redite mollassonne (j'en peux plus de cette forme lourde ultra-documentée avec principalement des dialogues entre deux personnages qui déambulent, ça marchait dans From Hell , qui était déjà de la bd d'horreur faut-il le rappeler, mais là....). Ce qui était bien avec The Courtyard et Neonomicon, c'est que c'était moins référencé et plus droit au but dans les récits, avec des idées fortes (
la langue Aklo, le détective original
). Avec le succès public et critique il a voulu réintégrer son geste lovecraftien dans son grand-oeuvre avec toutes ses marottes harassées, ce qui fait de ce Compendium un pavé lourd et chiant. Désolé mais que E.A.Poe ou Borgès soient meilleurs pour les nouvelles, mec tu ne m'apprends rien même si tu balances 10 références par page. Un seul exemple la référence à Randolph Carter devient un personnage "réel" appelé... Randall Carver, mec c'est nul.
le volume final de la ligue, La tempête/The Tempest (titre d'une des plus belles pièces baroque de Shakespeare), est un peu mieux, parce qu'on est dans une sorte d'histoire en accélérée de la bande dessinée britannique, commentaire meta sur le destin des autrices et auteurs de comics britanniques. Et puis un peu d'émotion avec le final de cette série qui démarrait très bien et déclinée quand même sur plus de 20 ans de publications. Kevin O'Neill assure en avalant dans son dessin toutes sortes de formes de bandes dessinées. Après l'humour est le plus souvent poussif (quand je repense à Dr & Quinch dans 2000AD là il était vraiment hilarant) et là encore on frôle l'illisible avec les lunettes 3D j'ai mis plusieurs semaines à tout avaler.
Ah oui tiens, intéressant. J'étais sur le point de me commander Providence. N'étant pas très sur dans quelle direction aller avec Moore après avoir lu Watchmen et V for Vendetta, je me disais que ca pourrait être intéressant de lire ses trucs plus récents ... mais j'ai l'impression qu'il faut que je retente From Hell en fait (je ne me rappelle plus pourquoi j'avais arreté en cours de route).
Je me suis fait les 6 numéros de 1963 récemment. Sympa dans le genre "version alternative" du canon Marvel des années 60 (mythologie égyptienne qui remplace celle nordique, etc ...), en moins prise de tête que Watchmen. C'est assez fun de comparer aux 'vrai' héros Marvel, mais l'exercice est aussi plutôt limité (l'ambition n'est pas d'avoir un dicours sur cette période, sur Marvel ou sur les super héros ... mais de proposer un regard un peu ludique sur tout ça). Le projet a été tué dans l'oeuf après seulement 6 numéros, donc on ne saura jamais ou les créateurs (Alan Moore avec d'autres compères connus aux crayons) voulaient emmener tout ca. Il me semble qu’après avoir introduit ces nouveaux héros de 1963 l'idée était de les opposer aux héros de 1993 de chez Image (l'éditeur), avec une astuce à base de voyage dans le temps. Ça aurait pu être sympa, mais bon, dommage.
En attendant la qualité est assez différente d'un numéro à l'autre (certaines idées marchent mieux que d'autres, le faux Hulk là, bof), mais culminant dans le numéro 3, avec cette géniale variation sur Captain America (le héros s'appelle USA > Ultimate Special Agent) prenant place pendant l'assassinat de JFK et introduisant les glitches de voyage dans le temps. Numéro bien dense et dessin classe de Rick Veitch il me semble. L'autre truc c'est qu'en étant pas un grand fan, ou pas un grand connoisseur, des persos Marvel j'ai du passer à côté de mille références.
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