Forum de FilmDeCulte

Alan Moore c'est compliqué, ça reste très démonstratif. Je trouvais ça évidemment génial quand j'étais plus jeune, maintenant V pour Vendetta ou même Watchmen ça me tombe des mains. Le dernier truc que j'ai lu de lui, c'était Promethea, son coming-out néo-païen : indigeste, même s'il y avait encore des éléments d'aventure captivants, mais bien trop clairsemés. Top 10, son riff sur les séries policières US des années 90, passe encore, Tom Strong et sa relecture des pulps du début du 20ème aussi. La Ligue, dès Black Dossier j'ai serré les dents, du meta post-moderne dérégulé qui se mue en commentaire sur la culture pas très intéressant (en tout cas beaucoup moins que les oeuvres d'origines dont sont issus les personnages). Son premier roman est grotesque (premier chapitre illisible), Jerusalem je n'y toucherai pas. De ses "gros trucs", je pense que From Hell est en effet le plus intéressant, et les annexes finales sont passionnantes.

EDITH : Et Swamp Thing, évidemment. C'est d'ailleurs ce qu'il a fait de mieux.

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Mmmmm... Je pense que ce qui me rebute c'est le perso (pas fan de cette manie de créer des gros monstres de la chiale dans les années 70, comme Morbius ou les Sauron et Man-Bat de Neal Adams), du coup, je l'ai jamais lu d'une traite pour prendre la pleine mesure de l'architecture. (J'ai de bons souvenirs des épisodes avec Adam Strange où il révèle qu'il est là pour repeupler la planète).

Ce que je préfère c'est ses travaux sur Superman (le Annual 11, ça doit être un de mes épisodes préférés sur le personnage), Marvelman/Miracleman, Halo Jones et Top 10.

Et puis, Watchmen quand même : on le tient pour acquis mais je le relis chaque année et chaque année, je découvre des aspects différents. Le duo avec Gibbons reste insurpassable. (à tout choisir, si je ne dois en garder qu'un, ce serait leur histoire "Mogo doesn't socialize" dans un numéro de Green Lantern).

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Je trouvais ça insupportable y a 15 ans... faudrait que je voie ce que j'en pense aujourd'hui.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

C'est vachement irrégulier je trouve les scénaristes de comics (mainstream au moins), selon les projets l'intérêt varie énormément, le style même, j'en connais pas vraiment que je suis sûr d'apprécier à (quasi) chaque fois, bon je suis pas spécialiste, et je comprends les contraintes... (pour les dessinateurs c'est plus facile de s'accrocher à un style).

Jeté un oeil aux trads de Love & Rockets. Correct sans plus.

Mais ça fait me taf pour les lecteurs VF et c'est l'occaz de découvrir ce bijou de BD dans des éditions soignées.

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Oui, ça là-dessus ça fourmille de détails partout et tout le temps, mais avec le temps ça me fait penser un peu à Où est Charlie ?. Et l'histoire autour de l'alien (enfin on se comprend) m'a toujours parue grossière, même si le endgame est plutôt captivant. Le film de Snyder, aussi moche et kitschissime soit-il, a changé ce ressort pour le mieux.

Mais sinon Moore c'est le prototype du edgelord qui cache en fait un énorme boomer de gauche :



Je veux bien qu'il s'en prenne aux fameux "fans toxiques", mais en attendant Rorschach est le seul personnage à la fin de Watchmen qui a une position tenable et même morale. Ozymandias est un mégalomane génocidaire, le Hibou et sa go deux couilles-molles qui préfèrent aller se planquer plutôt que se positionner, Dr Manhattan complètement détaché de l'humanité et complice par simple calcul statistique etc. Faire ça avec un personnage qui est un taré d'extrême-droite c'était osé pour un auteur comme Moore. Avec cette citation, il montre finalement à quel point des oeuvres peuvent souvent être bien plis intelligentes que leurs auteurs.

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Oui historiquement Watchmen devait être une reprise des personnages de Ditko, qui était devenu un "randoid", libertarien, très tough on crime, rationaliste avec une vision ultra-manichéenne de la morale, à l'opposé donc de l'anar socialiste occultiste qu'est Moore.
Les persos ont changé mais Rorsach reste inspiré de The Question de Ditko et garde grosso modo sa philosophie, donc différente de celle de Moore mais je pense pas qu'à l'époque il l'ait vu comme un contre-exemple, en tout cas c'était une vision plus complexe que ça.
De nos jours il ne supporte plus vraiment les comics et les fans de comics et tout l'écosystème autour (qui il est vraiment sent un peu la lose), donc il doit refaire l'histoire comme ça l'arrange.

Du coup ça l'abêtit, c'est dommage. Enfin ça pourrait être pire, il pourrait avoir un compte twitter à la Stephen King ou Ron Perlman.

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Oui, mais là, c'est malheureusement le poids du temps et des nombreux conflits avec les éditeurs, Hollywood, les anciens co-créateurs qui ont eu raison de sa patience. Il y a toujours un côté un peu Prima Donna chez Moore mais ce qui compte c'est l’œuvre et je te rejoins sur l'idée que Rorschach n'avait pas la fonction qui lui attribue. Ce qui est intéressant d'ailleurs, c'est que c'est lui qui ouvre la bd et son regard qui nous fait découvrir la réalité parallèle : il y a une volonté directe de se ranger du côté d'une certaine frange droitarde pour dépeindre le monde de Watchmen (les premières postfaces, l'autobiographie du premier Hibou, c'est limite du pastiche de Joseph Wambaugh).
Et quand tu relis la méthode Veidt aujourd'hui, le côté illuminé sectaire est encore plus apparent.
A l'inverse, le journal d'extrême-droite qu'on taxerait aujourd'hui de "conspi" est dans le vrai, et le magazine libéral branché est le bras armé de ce même plan pour pousser Manhattan à quitter la Terre. La presse aux ordres du magnat.

Pour V pour Vendetta, je crois que Moore admettait lui-même qu'il s'était planté sur le destin de la Grande Bretagne en commençant sa bd avec l'idée que la gauche allait l'emporter aux législatives du début des années 80.
Il avait plus le nez creux sur ce qui est advenu des États-Unis (relire Watchmen en ce moment, il y a quelques passages qui donnent le vertige).

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Oui d'Alan Moore je recommanderai Swamp Thing en premier aussi. Ce qu'il fait avec Bissette et Totleben dès le #21 La leçon d'anatomie c'est éclatant.

Moore a quand même aussi initié une vague de publications, la british invasion qu'on retrouve si on suit le défunt label Vertigo de DC porté par Karen Berger, pour les scénaristes seulement ça veut dire Neil Gaiman, Peter Milligan, Grant Morrison, Mark Millar, Warren Ellis, Paul Jenkins ou Garth Ennis (The Boys...).

Grant Morrison, ignoble. J'ai pas de mots pour décrire à quel point je trouve ça en dessous de tout. La fascination pour l'occultisme de Moore est déjà cringe as fuck, là c'est carrément poussé à l'extrême, ce n'est même plus ridicule c'est carrément déplaisant. The Filth doit être la seule oeuvre, tous mediums, continents et époques confondues que j'aimerais pouvoir effacer de ma mémoire. Vacciné à vie.

J'aime pas trop Neil Gaiman non plus, plus malin et passe-partout, mais tellement dégoulinant.

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Morrison j'ai aimé certains de ses Batman, mais c'est pas régulier. Je veux lire Doom Patrol qui est parait-il son meilleur.



ça par contre j'ai vraiment trouvé nul.

Quel auteur indé à succès tu pourrais te faire ... Un avis sur Mignola ?

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Rien de spécial contre Mignola, que j'ai très peu lu (genre vol 1 : seed of destruction, édition 2004, et c'est tout). Pas un grand consommateur de comics de toutes façons, indé ou mainstream, épuisé justement il y a une décénnie par toute la clique post-Moore qui vend du New Age et que tout le monde suce, alors que c'est du même niveau que les témoins de jéovah. Les gens qui sont capables de citer ou se réclamer d'Aleister Crowley : pas de place pour eux dans mes méninges.

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Je pense que le Punisher Max d'Ennis devrait te plaire dans le genre résurrection du roman de gare à base de vigilante.

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