Forum de FilmDeCulte

C'est pas une question de génération, c'est une question de goût.

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Ça peut être les deux.

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SPOILERS

A l'instar de son Batsuit obligé de composer avec ce que les précédentes sagas lui ont laissé (tiens, si on rajoutait un col ; si on découvrait les narines [nez horrible d'ailleurs, trop large, qui le fait ressembler à un épouvantail]), Matt Reeves n'a pas une marge de manœuvre infinie pour faire apporter une pierre neuve à l'édifice de Batman. Dès le début l'esthétique peine à se démarquer aussi bien de BATMAN BEGINS (combien de plans d'underworld éclairé au sodium semblent sortir du premier Nolan ?) que du sturm and drang snyderien. Dans les tentatives de faire une ville pourrie et "réaliste", même JOKER est passé par là entre temps. Cependant Reeves ne renonce pas, assume son délire gritty et rougeoyant, et j'avoue que les Nolan qui paraissaient si cash à l'époque semblent aujourd'hui presque aseptisés.

Voilà pour la forme. Pour le fond, Reeves s'accroche à son titre: c'est vraiment un film sur le Batman. Bruce Wayne en est presque totalement absent, et c'est d'ailleurs pas plus mal tant le parti-pris d'en faire un mec débraillé avec sa vieille coupe de cheveux est (à dessein) désagréable à l’œil. Pas de remplissage avec Wayne qui donne le change dans la salle de réunion ou autre. Jamais n'a-t-on autant senti que Batman est la vraie et quasi-unique identité de Bruce.
La voix-off m'a parue quelque peu facile mais j'ai pas été choqué comme certains ici. A la limite peut-être en aurait-il fallu davantage.

Sur le plan narratif, Reeves ramasse le ballon laissé par Nolan à l'époque de TDK et fait de Batman un membre honoraire de la brigade de police (même si mal vu de certains). Le film tire son épingle du jeu en se voulant un vrai polar, tour à tour fresque criminelle confuse (trop d'italiens et d'hommes de main là), film de serial killer (avec son finchero-nolanisme du méchant qui se laisse capturer, interdit bon sang, et ses morts à la SAW poussives et complaisamment relayées par les médias au mépris de tout réalisme) et vrai film de détective, avec Batman presque en mode Enquête sur un scandale d'état (les livraisons de drogue couvertes par les autorités). En matant le film j'avais l'impression que Reeves avait eu l'idée du scénar en voyant le slogan US de BATMAN RETURNS: "The Bat, The Cat, The Rat".

En parlant de Catwoman (la quatrième en 30 ans quand même, on parle tout le temps de l'overdose de Batman mais elle n'est pas en reste), si j'ai assez peu goûté ces deux baisers gratuits en mode Rey/Kylo, j'ai apprécié que le justicier masqué et elle fassent équipe dès le début, évitant le schéma éculé "On est ennemis et on devient alliés plus tard".
D'ailleurs je trouve le film assez étonnant dans sa construction, à la fois monotone et haché, comme l'impression de voir un deuxième acte tout le long. C'est original et imprévisible, même si on sent que Reeves a le pied sur la pédale du frein quant aux twists: on tue Alfred mais en fait il est juste blessé ; Thomas Wayne était un salaud, ah non en fait cinq minutes plus tard c'est quand même un gentil...
Idem avec cette volonté de prendre un Batman déjà en activité, sans origin story trop appuyée, mais pour ensuite retomber dans le travers du saga-building - même si ici la scène post-générique a l'honnêteté d'être dans le film. (Donc c'est Barry Keoghan qui sera le futur Joker ?)

Niveau casting, Pattinson est bien même s'il a pas grand chose à jouer, on va pas se mentir. Par contre Colin Farrel en mode Dick Tracy pour un rôle essentiellement de second couteau, était-ce bien nécessaire ? Sinon sympa de voir Peter Sarsgaard dans le rôle de Corey Stoll.

En ce qui concerne les méchants, c'est marrant de montrer Batman affronter ses propres fanboys les incels, même si c'est un peu voyant dans le discours (tout comme les répliques wokes de Selina) et ça enlève quelque peu à la grittiness universelle et métaphorique du film.

A part ça, le film semble travailler quelque chose sur le regard, mais quoi je ne saurai dire: ce premier plan POV, cette lentille caméra qui sert d'interface, ces multiples plans de lunette et d'yeux, cette drogue qu'on injecte dans le globe oculaire...

En tout cas ce que j'ai peut-être le plus apprécié c'est cette bourrinité cash de l'ensemble. Dès le début avec ces logos réduits à leur plus simple et expression et ce générique to the point (et ce titre qui apparaît au début et non pas juste après le cut au noir final, merci Matt, merci !!), on sent un film franc du collier.
La gestion de Batman est du même acabit: on joue assez peu sur les ombres et les apparitions subreptices, optant au contraire pour un mec qui marche avec un gros BOAMH à chaque pas. Quelques beaux moments iconiques et cinglants aussi, comme ce fight à la lumière des mitraillettes, ou cette poursuite en voiture huilée et rageuse, avec certains beaux plans qui durent.
Avant le dernier acte d'ailleurs, pas ou très peu de numérique dégueu qui te sort du film, ça fait du bien. Et tout ceci avec une petite pointe de réalisme: j'ai aimé ce coup de vertige au sommet de la tour (comment descendre ?), avec ce BASE jump improvisé et foiré, excellent. J'ajouterai pour finir: très bon thème musical.

Bref, bilan contrasté. Une sensation de sur-complexité inutile, de projet un peu vain, et en même temps on sent une passion et un auteur derrière qui essaie d'imposer sa marque de façon sincère dans le peu d'espace que ses prédécesseurs lui ont laissé.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui un des seuls moments qui m'a vraiment surpris, tellement "anti super héroïque". On a l'habitude des mecs qui sautent sans regarder en bas.

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CroqAnimement votre

J'avoue être tombé des nues lorsque j'ai su qu'il était tourné en numérique.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Villeneuve a fait pareil avec Dune, non ?

Oui, c'est ce que j'ai vu à la suite du "twit".

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui en fait c’est plutôt Fraser qui l’a fait deux fois de suite.

Trop long, un scénario qui se permet certaines facilités honteuses, des sous-titres parfois curieux (Damn/Mazette, Scars/Meurtrissures), mais sans doute mon Batman préféré à ce jour, peut-être parce qu'il correspond le plus à ce que j'attendais d'une adaptation.

Je ne sais pas ce que la commission de classification a fumé, mais qualifier le film de tout public est franchement aberrant - nombre de parents ont dû assez rapidement sortir avec leur enfant.

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There is no such thing in life as normal

Ah moi je trouve ça assez visible quand même. C'est crisp.

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J'ai aimé que le film se tienne à cette ligne, c'est à dire une mise en scène au niveau du regard des protagonistes, rarement omniscient. Comme Gareth Edwards sans le jeu sur les échelles, ça replace la question du point de vue dans un blocbuster et ça fait du bien. Il y a une émotion qui passe dans ce travail sur le rapprochement/ l'éloignement des corps (la première étreinte entre Pattinson et Kravitz) , le regard...dommage que l'intrigue et les personnages ne suscitent que peu d'intérêt.

ça vaut pour la poursuite mais aussi pour tout un tas d'autres détails : l'entrée de Batman sur la scène de crime en caméra subjective, qui rappelle celle de Jodie Foster dans le Silence des agneaux. Y'a d'ailleurs partois ces champs/ contre champs face caméra typique de Demme.
Reeves ne pousse pas le bouchon du côté du voyeurisme comme De Palma alors qu'il pourrait le faire : La scène où Selina rentre dans la boite de nuit aurait été un terrain rêvé.

Démarrage deux fois moins important que Spiderman… Mais quand même 128M$ pour le premier week-end (248M$ à l’internationale, dont un million d’entrées France sur cinq jours).

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Que lire cet hiver ?
Bien sûr, nous eûmes des orages, 168 pages, 14.00€ (Commander)
La Vie brève de Jan Palach, 192 pages, 16.50€ (Commander)

Comme quoi, la fatigue des films de super-héros est bien là.



Y a un peu de ça quand il la mate se déguiser la première fois mais c'est timide et il y a peu de chances qu'on puisse le laisser aller dans une direction plus explicite.

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Je ne suis pas certain que 128M$ pour un film de 3H, vendu comme une enquête policière hyper dark avec peu d’action, soit un signe de lassitude.

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Non mais je déconnais.

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