aka The Fantastic Four : First Steps
Against the vibrant backdrop of a 1960s-inspired, retro-futuristic world, Marvel’s First Family is forced to balance their roles as heroes with the strength of their family bond, while defending Earth from a ravenous space god called Galactus and his enigmatic Herald, Silver Surfer.Décidément, cette licence est maudite.
Je voulais y croire, malgré tout. Malgré le niveau standard désormais médiocre des films de l'univers Marvel, malgré un casting pas forcément convaincant sur le papier et une bande-annonce générique. Il y avait ce thème de Michael Giacchino, avec les chœurs scandant le nom de l'équipe, qui laissait entendre un film vaguement conscient de soi, du moins conscient du statut de la "Première Famille Marvel", et donc potentiellement ludique. Après tout, cette nouvelle adaptation de la BD, la quatrième à recommencer à zéro, fait justement le choix de ne pas tout reprendre depuis le début, son statut de troisième
reboot lui permettant, comme pour le
Superman sorti ce même mois, de se passer de l'
origin story et de piocher dans l'imagerie
Silver Age des
comics. Mais là où le film de James Gunn allait sans doute trop loin, celui-ci reste incroyablement timide. Mais surtout peu inspiré.
Il y a bien la FantastiCar et H.E.R.B.I.E. le robot, et Galactus n'est plus un nuage mais ce bon vieux géant au design signé Jack Kirby, et le choix de situer l'action sur une autre Terre du Multivers, où New York est une ville futuriste, un peu comme ses memes
"le monde si xxxx n'existait pas", et où les Quatre Fantastiques sont des super-stars avec leurs propres séries TV, émissions, céréales, etc., était vaguement prometteur dans le potentiel de réflexion sur l'image du super-héros. Il me semblait même y avoir, comme pour
Deadpool & Wolverine et
Thunderbolts, une certaine dimension méta : l'équipe est une marque, tous les yeux du monde sont focalisés sur eux, vont-ils crouler sous le poids des attentes?
Mais le film n'en fait pas grand chose.
A vrai dire, il ne fait pas grand chose de quoi que ce soit.
Dans la volonté de rejouer l'histoire de Galactus et du Surfer d'argent, il y a la volonté de corriger les erreurs de la version de 2007 mais je ne suis même pas sûre que celle-ci soit vraiment plus réussie. L'enjeu choisi par cette nouvelle itération est carrément d'inspiration biblique - Galactus exigeant le sacrifice du bébé de Reed Richards et Sue Storm en échange de quoi il épargnera la Terre - faisant de l'intrigue l'histoire de l'Homme vs. Dieu, et il est par conséquent question de fin du monde imminente et...il n'y a aucun gravitas?
Réalisateur de séries, et notamment parmi les plus prestigieuses (
Six Feet Under,
Mad Men,
Game of Thrones,
Succession), Matt Shakman n'est pas manchot mais le récit se précipite tellement qu'il n'a même pas le temps de laisser l'intensité naître d'images pourtant iconiques et imposantes. Il n'y a peut-être que la scène de l'accouchement qui surnage un peu et encore, quand on pense à la séquence similaire qui sert d'ouverture au
Star Trek d'Abrams, y a pas photo.
Reed Richards est censé être l'homme le plus intelligent du monde mais le grand plan pour vaincre Galactus (qui est quand même un méchant ININTÉRESSANT en soi) est à la portée d'un enfant jouant avec ses figurines. Et même ce dernier ferait preuve davantage d'idées, ne serait-ce que dans l'action. Je n'ai jamais trop accroché à ces personnages et je les ai toujours trouvé assez peu cinégéniques mais l'utilisation qui est faite de leurs pouvoirs est tristement peu inventive. Je ne m'attendais pas à du Brad Bird mais
Les Indestructibles, c'était il y a VINGT-ET-UN ANS. Si tu oses le film de super-héros sans complexes, il ne faut pas simplement être fidèle dans le look, il faut aussi exploiter les possibilités à fond. Ici, Mr Fantastic se contente de grimper des immeubles en allongeant les membres ou d'appuyer sur un bouton à l'autre bout de la pièce. Pas très fantastique.
Si encore ces protagonistes avaient un arc...mais il n'en est rien. Tu sens que le scénario essaie de développer quelque chose autour de la peur d'être parent mais c'est même pas que c'est pas cuit, c'est carrément qu'il manque la moitié des ingrédients. En refusant d'explorer une fois de plus le tourment de Ben sur son apparence rocheuse, on évite les clichés mais c'est remplacé...par rien? Alors leurs petites chamailleries avec Johnny sont amusantes, et c'est cool que ce dernier ne soit plus simplement un petit rigolo arrogant, mais il n'y a rien de très consistant vu que son rôle consiste à déchiffrer un message de la Surfeuse d'argent et de lui dire "c'est pas bien ce que tu fais" (et il n'en faudra évidemment pas plus pour qu'elle revienne au moment opportun afin de permettre aux gentils de gagner #spoiler?).
C'est pauvre en action, pauvre en drama, vaguement amusant...je pourrais dire que ça ressemble à un Marvel de la Phase I mais ceux-ci réussissaient au moins la trajectoire de leurs personnages.
C'est jamais honteux mais c'est vraiment faiblard. A l'arrivée, je sauve la direction artistique (mais j'ai un fétiche pour le style Space Age) et la BO de Giacchino qui s'amuse.
Est-ce que Marvel croule sous le poids des attentes? J'en attendais pourtant pas grand chose...