Forum de FilmDeCulte

Ben après il fait peut-être autre chose que ce que tu attendais du sujet. La mouche est un gros truc vivant et bizarre que deux marginaux doivent gérer, la dresser pour faire du fric mais aussi la cacher. De ce potentiel, ils croient d'abord faire quelque chose, puis se recentrent sur le présent, avant de voir leur objectif de départ réalisé.

Ca me semble être une belle parabole sur ce qu'est être marginal: les persos ne veulent pas vraiment faire partie de ce monde utilitariste et préfèrent l'amitié et le rapport à l'étrangeté. La fin laisse ouverte ce qu'ils vont faire d'une situation qu'ils n'ont pas prévue: pour une fois leur attachement à l'étrangeté a donné des fruits matériels (littéralement).

Pas certain que le principe d'optimisation du "un concept par film" (plutôt que "une idée par plan") soit aussi potache, convivial et cool que ses films en donnent à première vue l'impression... ceci dit ça me paraît pas être son pire film, preuve en est je me suis pris à rire deux ou trois fois ce qui ne m'était jamais arrivé par exemple devant "le daim" (qui en revanche avait plus de qualités de mise en scène) ou "Au Poste!" pour prendre ses films les plus récents...

Je préfère un film qui a accomplit SON idée, l'enrichit et en déroule les variations potentielles, qu'un film à une idée par plan... Jamais trop aimé cette expression, qui valorise une frénésie de la pensée qui pourtant lui nuit plutôt qu'autre chose.

Mais l'un n'empêche pas l'autre.

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Netflix les gars, Netflix.

Team Art Core, pour moi c'est foncièrement raté et c'est ma première véritable déception avec Dupieux. Le précédent ne m'avait pas outrageusement emballé, mais je lui reconnaissais une cohérence avec le reste de sa filmographie. Là je n'ai rien retrouvé et j'ai trouvé cela incroyablement long pour un film qui ne dépasse pas les 80min.

Sur le flanc humoristique c'est la cata, j'ai d'ailleurs trouvé le film immodérément verbeux, comme si Dupieux n'était lui-même pas particulièrement convaincu de ce qu'il avait pondu et qu'il avait décidé de compenser les manques de l'écriture par une tonnes de vannes globalement moisies. 9/10 tombent totalement à plat, le reste fait vaguement sourire, sans compter le recyclage de certains gimmicks (le Taureau en lieu et place du Shivers de Steak, servi ad nauseam).

Et je n'ai pas non plus ressenti le versant nonsensique propre à Dupieux, il y a bien cette énorme mouche que les deux personnages principaux décident d'apprivoiser, mais finalement ça aurait tout aussi bien pu être un chien que ça n'aurait fondamentalement rien changé au film, le nonsensique est circonscrit en une figure (la mouche) qui ne contamine pas le reste, à l'inverse de tous ses précédents films. Et je n'ai pas non plus retrouvé la dimension cinéphilique qui caractérise également son cinéma, qui est même la base sur laquelle se développe son humour habituellement, en pervertissant les codes du cinéma de genre, qu'il s'agisse de Campus movie ou de Slasher. Ici à quel genre Dupieux pense-t-il s'attaquer ? Non en fait de nonsens j'ai eu l'impression qu'ici il avait basculé dans un autre style, le film de teubé (à la Dumb & Dumber peut-être - pure supposition vu que je ne l'ai pas vu), genre dans lequel je l'ai trouvé beaucoup moins à l'aise, en espérant qu'il ne pousse pas plus loin dans cette voie. Pour preuve une direction d'acteurs que j'ai trouvé pour le moins erratique, Ludig à mille lieux de sa performance dans Au poste! ou Exarchopoulos qui m'a foutu mal au crâne en 30 secondes à brailler en continu (pour ma part je trouve qu'elle confirme là qu'elle est une actrice exécrable que seul un excellent directeur d'acteurs a réussi un jour à transcender, miracle que je ne suis pas sûr de revoir).

2/6

Je pensais tout comme toi.
Mais j’ai retrouvé l’Adèle que j’ai aimé chez Kechiche dans le prochain film d’Emmanuel Marre, elle est top.

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Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Espérons que je te rejoigne sur ce point !

Sinon Dupieux a dit en interview que si le film dépassait les 500 000 entrées il ferait une suite, ou du moins un autre film avec les deux persos principaux .

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CroqAnimement votre

Si quand même, puisqu'ils doivent absolument la cacher, que ça donne lieu à des quiproquos, et que leur but de la dresser pour se faire du blé ne marche que si c'est un être fantastique.



Il s'est peut-être mis en tête de satisfaire les gens qui comme toi regrettaient qu'on ne voie pas vraiment à l'oeuvre l'idée de la mouche dressée devant un public

J'ai l'impression que le film marche fort, il profite de l'effet déconfinement, je croise plein de gens qui l'ont vu sans connaitre Dupieux à la base.

Non mais justement je crois que ce serait une histoire totalement différente juste avec le retour des deux persos.

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CroqAnimement votre

Non en fait c'est logique vu que c'est une grosse mouche. Le seul truc absurde c'est la grosse mouche (et encore ça n'est pas vraiment absurde, c'est juste étrange), ça aurait en fait été bien plus absurde (et certainement plus drôle) si ça avait été un chien.

Ben... je comprends pas là, en quoi avec un chien ça aurait marché? La grosse mouche est à la fois un moyen de se faire du blé (pas un chien), et doit être absolument cachée sinon on imagine bien qu'elle sera prise par les autorités (pas un chien).

Je me suis peut-être mal exprimé, je ne dis pas que ça aurait mieux marché avec un chien, mais qu'avec un chien il y avait un vrai potentiel à développer son humour nonsensique que l'on retrouve dans tout le reste de sa filmo. Avec une grosse mouche c'est juste l'intrusion d'un élément fantastique dans un film de teubé, mais finalement je ne trouve pas qu'il y ait quoi que ce soit d'absurde. Et je trouve que ça ne correspond pas à son univers, que c'est beaucoup moins maîtrisé qu'avant.

Il faut vraiment que je vois ses premiers pour me faire une idée car en effet les habitués que vous êtes sont déçus.

Mais en soi je maintiens que cette grosse mouche permet un récit sur "des marginaux qui tentent de s'intégrer grâce à un avantage connu d'eux seuls / mais qui renoncent" (avant une fin que je trouve très astucieuse: