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MessagePosté: 23 Mar 2020, 21:21 
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J'aime bien le tournant que prend le cinéma des frères Sadie en lorgnant vers le polar depuis Good Times, là on est un peu dans la même came mais un cran au-dessus pour ma part. Dans son style "tourbillon des emmerdes" + paris sportifs, j'ai beaucoup pensé à Bad lieutenant d'Abel Ferrara avec lequel on peut tisser beaucoup de parallèles.

Beaucoup aimé aussi cette fin
qu'on pourra trouver aussi analogue à celle du film de Ferrara. A force de jouer avec le feu, le héros se brûle


Tiens pour la comparaison avec le Ferrara, je ne suis d'ailleurs pas le seul à y avoir pensé : https://www.newsbreak.com/news/0NXbi33I/uncut-gems-is-the-extremely-jewish-version-of-bad-lieutenant-starring-adam-sandler-you-never-knew-you-wanted


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MessagePosté: 29 Mar 2020, 01:38 
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J'ai attendu tout le long que ça devienne intéressant. En vain.

deudtens a écrit:
La bande annonce vend un film qui a l'air d'être le plus inintéressant du monde

C'est exactement ça.

Qui-Gon Jinn a écrit:
J'avais pas été à fond sur GOOD TIME, mais ces GEMMES NON COUPEES m'a plutôt séduit. La première scène m'a surpris: ce début à la BLOOD DIAMOND est totalement inattendu pour un film urbain et colore (c'est le cas de le dire) le reste du film d'une sorte de gravité qui contraste avec la futilité des gesticulations d'Howard Ratner. Car après, le projet est vraiment en mode tunnel vision à fond. C'est monomaniaque, speed, constamment à la recherche du chaos, de l'accident.

T'as vraiment trouvé ça speed? À l'exception du climax, j'ai trouvé ça mou. J'ai pas du tout retrouvé l'énergie de leur précédent. Surtout que j'ai l'impression qu'il se passe RIEN.

Art Core a écrit:
J'ai été surpris et désarçonné parce que contrairement à ce qu'on lit un peu partout le film est pas une fuite en avant furieuse et chaotique égale, il y a un rythme un peu oscillant, se réservant des moments de flottement (les parties famililales ou tout le truc avec l'appart et le truc très drôle du gamin qui a envie de chier). Du coup le film a fini par me paraître un peu long, un peu distendu, fallait-il vraiment que ça dure 2H15 ? Good Times finalement me semblait plus tenu, plus ramassé dans sa trajectoire. Similairement je crois que je préférais le grain brut et crade du film précédent à l'image un peu trop lisse (même si souvent très belle) de Darius Khondji.

Voilà et encore, Khondji est le MVP du film.

Citation:
Sur le moment il est évident que l'histoire n'a quasiment aucun intérêt (histoire de dettes hyper banale avec des trucs un peu interdits style le mec pendu par les pieds dans le vide par ses créanciers) et que le personnage principal est un ultimate douchebag ultra antipathique (et j'ai trouvé Sandler bon mais il m'a pas fait sauter au plafond).

Voilà, on peut s'arrêter là.

Qui-Gon Jinn a écrit:
Sandler est vachement bien dans le rôle principal, tellement puant et douchey, et en même temps attachant.

Zéro empathie tout le long. Puis juste avant le climax, je me suis dit "j'ai quand même envie qu'il s'en sorte". Puis il refait un dernier pari alors qu'il allait être bon et je me suis dit "ouais nan qu'il crève, cet imbécile".

Art Core a écrit:
Mais finalement tu comprends un peu ce qui a pu intéresser les frangins dans cette histoire. Comment cette spirale autodestructrice dévorante étant sans fin dans un mouvement allant toujours plus loin vers un centre qui se dérobe. Et comment justement ce personnage représentait finalement une espèce d'archétype universel du pathétique de l'Homme. Que finalement qu'on le veuille ou non on est tous un peu Howard Ratner.

Alors : non.

Citation:
Un mec au bord de la rupture, au bord de tout perdre mais qui ne peut s'empêcher d'en vouloir plus. A chaque fois qu'il est sur le point de régler ses problèmes, il fait le mauvais choix. Juste parce qu'il en veut plus. Plus d'argent évidemment mais aussi et surtout il veut ressentir ce frisson du tout ou rien, cette sensation que c'est uniquement là qu'il va vivre, dans cet espace trouble entre le tout et le rien, entre la réussite et l'échec.
Massinfect a écrit:
Pourtant c'est là que le perso se dévoile tel que tu le décris dans ton texte. Il échange la pierre contre la bague, qu'il garde en guise de garantie. Là où n'importe qui de sensé aurait gardé la bague jusqu'au lendemain, cet abruti va la mettre en gage... Ok soit, il a besoin de fric urgemment... Mais au lieu d'aller directement rembourser ses dettes, il va parier tout l'argent sur le match de Garnett.

Voilà. J'en peux plus de ce genre de perso, de ce genre de film. Les Pusher, Dealer et autres films de ce sous-genre "mec qui s'enfonce à cause de choix de merde et de deus ex machina". C'est tout le temps pareil, c'est tout le temps des blaireaux...

Citation:
Ça ne va pas plus loin puisque effectivement, par la suite, cette histoire de bague ne mène nulle part : Garnett revient avec la pierre, il veut récupérer sa bague, mais l'autre l'a oubliée... et pourtant Garnett lui rend quand même la pierre :shock: Beau move.
Sandler récupère la bague un peu après. Il la rend à Garnett. Fin. Passionnant.

Je pense que c'est là aussi pour déjouer tous les préjugés qu'on pouvait avoir : au moment où Sandler prête la pierre à Garnett, qui imagine un seul instant que Garnett la lui rendra ? Non seulement il la lui rend, mais en plus il se fait enfler sa bague. Mec le plus réglo du film.

Sauf qu'au lieu d'être un retournement surprenant qui relance l'intrigue, ça fait : rien.

Écriture zéro.

Incompréhension totale face à l'engouement. Ennui total.

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MessagePosté: 29 Mar 2020, 09:42 
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Ce me rassure un peu... J'avais senti pour partie l'urgence et le chaos pendant le film mais je comprends pas l'emballement général (il m'en reste pas grand chose)...


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MessagePosté: 29 Mar 2020, 09:46 
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Film Freak a écrit:
T'as vraiment trouvé ça speed?
Le film est long, mais à l'intérieur des scènes c'est un chaos permanent.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 29 Mar 2020, 11:53 
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Pareil, je trouve ça super dynamique, il y a un sentiment d'urgence qui est bien retranscrit à l'écran


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MessagePosté: 07 Mai 2020, 11:50 
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Bien aimé le film pour ma part.
Qui-Gon jinn a écrit:
La première scène m'a surpris: ce début à la BLOOD DIAMOND est totalement inattendu pour un film urbain et colore (c'est le cas de le dire) le reste du film d'une sorte de gravité qui contraste avec la futilité des gesticulations d'Howard Ratner.

La scène dans les mines permet de faire le lien avec la fête de Pessa'h, autour de laquelle s'organise la chronologie du film: Pessa'h, c'est la fête juive qui célèbre la fin de l'esclavage, la sortie d'Egypte, l'accession à la liberté.
En dehors du basket, c'est là-dessus que s'établit le lien entre Howard et Garnett: les juifs d'Ethiopie, la place de l'esclavage dans l'histoire des peuples.

Qui-Gon jinn a écrit:
J'ai aimé également comment l'amour de KG pour le joyau passait par ce montage absurde où il voit toute sa vie défiler devant ses yeux en le regardant.

On voit aussi des images d'Afrique et de mineurs, récentes ou anciennes, intercalées entre les images de la vie de Garnett. Le désir des personnages (en tout cas Howard et Garnett), c'est d'établir ou de garder un lien avec les origines: c'est ce qui fait l'importance de la pierre d'opale, qui a traversé l'histoire, des millions d'années; elle est l'histoire; histoire de l'univers et aussi histoire des peuples.

Art Core a écrit:
A chaque fois qu'il est sur le point de régler ses problèmes, il fait le mauvais choix. Juste parce qu'il en veut plus. Plus d'argent évidemment

Cette course vaine au gain paraît d'ailleurs représentée à la fin par le quasi-sosie de Donald Trump, le type dans l'hélico qui essaie d'emballer la copine de Sandler dans le casino, en lui disant qu'il a gagné 125 millions l'an passé et qu'il ne sait plus comment le dépenser, que c'est horrible.

Art Core a écrit:
Et ce qui finalement s'avère assez beau, c'est l'autre histoire parallèle à tout ça, celle à côté de laquelle passe totalement Ratner. Il achète une pierre qui vient du fin fond du sol de l'Ethiopie et cette opale n'est pour lui qu'un moyen de gagner de l'argent et de rembourser ses dettes. A aucun moment il ne prend la mesure de ce qu'elle représente.

C'est toute l'histoire du film je pense: il ne prend pas la mesure de ce qu'elle représente parce que cette pierre n'a aucune valeur réelle, par elle-même. Elle peut valoir un million pour Howard, ou bien seulement cent mille selon un autre expert; elle vaut 175 000 selon Garnett, elle est magique et lui fait gagner ses matchs; mais c'est peut-être aussi qu'un simple caillou, sans aucune valeur, sinon superstitieuse. Personne ne peut le dire. Il n'y a pas de valeur réelle des choses: il n'y a que des paris.

Le film décrit un monde où il n'y a aucun principe, aucun critère qui fixe la valeur des choses: c'est sans arrêt des paris, des évaluations concurrentes, des coups de bluff pour faire monter ou baisser le prix des choses, le montant de la dette ou du gain. C'est ce qui fait le lien entre les différents thèmes du film; pour Howard, tout est question de pari, c'est le lien entre le jeu, la logique commerciale du marché, et la religion (on ne peut pas savoir si Dieu existe: on ne peut que parier sur son existence ou sa non existence, et évaluer les pertes et les profits dans un cas ou dans l'autre).


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MessagePosté: 27 Juil 2020, 12:02 
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Réservé sur ce film qui a défaut d'être substantiel est plutôt fun. Les Safdie, après Good Time, la rejouent à l'énergie pour raconter l'histoire d'un type acculé, cette fois par ses dettes. Cette spirale constitue un principe directeur plutôt plaisant, propice aux digressions. Certains ici pointent le MacGuffin de la bague, qui peut paraître absurde, ainsi que peuvent l'être les relations humaines et commerciales, mais qui fonctionne à merveille. L'idée que Kevin Garnett ne rende pas la pierre me paraît plus saugrenue, dans la mesure où il s'agit d'une personnalité publique scrutée et qu'il serait facile pour la partie lesée de créer un scandale sur cette histoire (dans un monde normal, je n'aurais même pas besoin de le dire mais comme certains ici semblaient s'interroger).
Me séduit aussi une forme de rudesse new-yorkaise que je retrouve habituellement dans des romans policiers comme ceux de Westlake, et qui m'avait plu dans Good Time.
J'avais cru lire l'avis de quelqu'un qui se plaignait d'une musique qui lui avait jamais paru aussi inadaptée. Visiblement, ce n'était pas ici. La BO, omniprésente, contribue à rehausser beaucoup l'attrait du film, convoquant un mélange d'influences inhabituelles plutôt eighties: atmosphère late-night jazz, musique synthétique à la Hal Hartley, choeurs qui évoquent les bos japonaises de Susumu Hirawa (Paprika) ou des seventies. Elle procure un peu d'originalité à un film qui n'est pas sans susciter quelques réserves.
J'aime l'absence de pathétique dans la description d'un arnaquer et d'un joueur compulsif, dans la lignée de héros originellement dostoïevskiens dont Karel Reisz a pu donner une représentation dans Le Flambeur, que Lohmann a pu évoquer récemment. Les frères Safdie s'inscrivent aussi dans la lignée de David O'Russell et ces aspects du jeu, de l'hystérie sont quelques uns des points communs que le film entretient avec Silver Linings Playbook). Ce côté distancié, alors que la carte de l'urgence est jouée à fond, me gêne un peu malgré tout. On demeure dans l'esbroufe et le ride, reproche que je formule à pas mal de films américains qui déclenchent l'enthousiasme ces derniers temps.

Déjà-vu a écrit:
Il y a une ellipse incompréhensible,
quand Sandler fait le trajet New York-Philadelphie avec Lakeith Stanfield pour récupérer l'opale et que ce dernier le plante avec la sécu à l'entrée de la salle d'entraînement de Garnett, on le retrouve aussitôt après au spectacle de sa fille à New York pour n'avoir le fin mot de l'histoire (a-t-il récupéré l'opale ?) qu'un quart-d'heure après (non).


En quoi cette ellipse est-elle incompréhensible ? Lakeith Stanfield l'a laissé en rade après deux heures de voyage, ce qui est très clair. On comprend qu'il a dû rentrer par ses propres moyens, sans la pierre.

(bien aimé la critique d'Armond White qui voit dans le titre une allusion à la circoncision.)


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MessagePosté: 03 Fév 2021, 09:52 
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Art Core a écrit:
Loool j'ouvre le topic et je me dis qu'il faut que je demande pourquoi ça se passe en 2012 :mrgreen:. Putain on commence à trop se connaître, ça fait peur.

Ca se passe en 2012 à cause de Kevin Garnett non ? J'imagine que ce n'est pas tous les jours que tu as une star NBA dans ton cast et je crois que sa dernière saison à très haut niveau était en 2012.

_________________
Castorp a écrit:
Nan mais je suis d'accord avec Antigone, là.


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