Forum de FilmDeCulte

J'avais pas été à fond sur GOOD TIME, mais ces GEMMES NON COUPEES m'a plutôt séduit. La première scène m'a surpris: ce début à la BLOOD DIAMOND est totalement inattendu pour un film urbain et colore (c'est le cas de le dire) le reste du film d'une sorte de gravité qui contraste avec la futilité des gesticulations d'Howard Ratner. Car après, le projet est vraiment en mode tunnel vision à fond. C'est monomaniaque, speed, constamment à la recherche du chaos, de l'accident. J'ai adoré ces scènes dans la bijouterie avec tout le crew de KG qui parle et ces incessants "ding !" de téléphone portable, tellement réalistes. J'ai aimé également comment l'amour de KG pour le joyau passait par ce montage absurde où il voit toute sa vie défiler devant ses yeux en le regardant. Ça n'a pas de sens, c'est hyper facile, et pourtant ça valide de manière assez sincère et innocente la motivation du personnage et ça lance l'intrigue.

On a comparé le film à AFTER HOURS mais il est plus confus, moins parfait dans son jeu de dominos - en même temps il cherche là encore la confusion.

Sandler est vachement bien dans le rôle principal, tellement puant et douchey, et en même temps attachant. Et sinon j'ai bien aimé quelques caméos dénués de sens mais avec un côté random de la vraie vie, genre le voisin de Sandler c'est John Amos dans son propre rôle.

Bon, le film a par contre un côté un peu sale gosse via des effets contents d'eux-mêmes un peu bête style "On rentre dans le diamant et on sort de l'anus de Sanders" , mais dans l'ensemble j'ai trouvé ça assez électrisant et hypnotique.

Sinon truc pas compris© Art Core, pourquoi ça se passe en 2012 ? A cause d'un match du vrai Kevin Garnett ?

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Loool j'ouvre le topic et je me dis qu'il faut que je demande pourquoi ça se passe en 2012 . Putain on commence à trop se connaître, ça fait peur.

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CroqAnimement votre

Oui d'ailleurs quand tu rentres oublie pas le lait pour Ainhoa.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Il y a une ellipse incompréhensible,

Mais grave, j'ai bloqué dessus mais le film t'en met tellement plein la gueule que tu l'oublies. Tu déduis que Garnett était pas là/avait pas la pierre sur lui.

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CroqAnimement votre

La bande annonce vend un film qui a l'air d'être le plus inintéressant du monde, immédiatement cultifié par la frange twitter "de la street".

Damn j'ai encore posté sous le compte de deudtens...

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Netflix les gars, Netflix.

Art, on attend ta critique.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Honnêtement pas grand-chose d'intéressant à en dire je pense.

J'ai été surpris et désarçonné parce que contrairement à ce qu'on lit un peu partout le film est pas une fuite en avant furieuse et chaotique égale, il y a un rythme un peu oscillant, se réservant des moments de flottement (les parties famililales ou tout le truc avec l'appart et le truc très drôle du gamin qui a envie de chier). Du coup le film a fini par me paraître un peu long, un peu distendu, fallait-il vraiment que ça dure 2H15 ? Good Times finalement me semblait plus tenu, plus ramassé dans sa trajectoire. Similairement je crois que je préférais le grain brut et crade du film précédent à l'image un peu trop lisse (même si souvent très belle) de Darius Khondji.

Ceci étant dit c'est un film qui vieillit bien depuis que je l'ai vu. Sur le moment il est évident que l'histoire n'a quasiment aucun intérêt (histoire de dettes hyper banale avec des trucs un peu interdits style le mec pendu par les pieds dans le vide par ses créanciers) et que le personnage principal est un ultimate douchebag ultra antipathique (et j'ai trouvé Sandler bon mais il m'a pas fait sauter au plafond). Mais finalement tu comprends un peu ce qui a pu intéresser les frangins dans cette histoire. Comment cette spirale autodestructrice dévorante étant sans fin dans un mouvement allant toujours plus loin vers un centre qui se dérobe. Et comment justement ce personnage représentait finalement une espèce d'archétype universel du pathétique de l'Homme. Que finalement qu'on le veuille ou non on est tous un peu Howard Ratner. Un mec au bord de la rupture, au bord de tout perdre mais qui ne peut s'empêcher d'en vouloir plus. A chaque fois qu'il est sur le point de régler ses problèmes, il fait le mauvais choix. Juste parce qu'il en veut plus. Plus d'argent évidemment mais aussi et surtout il veut ressentir ce frisson du tout ou rien, cette sensation que c'est uniquement là qu'il va vivre, dans cet espace trouble entre le tout et le rien, entre la réussite et l'échec.

Et ce qui finalement s'avère assez beau, c'est l'autre histoire parallèle à tout ça, celle à côté de laquelle passe totalement Ratner. Il achète une pierre qui vient du fin fond du sol de l'Ethiopie et cette opale n'est pour lui qu'un moyen de gagner de l'argent et de rembourser ses dettes. A aucun moment il ne prend la mesure de ce qu'elle représente. De la blessure sacrificielle du mineur inaugural à son pouvoir energétique qui transcende Kevin Garnett, il ne voit rien. Le film carresse un aspect presque fantastique au sein duquel Ratner ne peut se greffer car il est incapable de s'ouvrir au-delà de lui-même et de son intérêt personnel. D'où ce plan qui sert d'incipit qui va du profond mystère presque cosmogonique de la pierre à l'intérieur du colon de Ratner dans un fondu aussi comique qu'essentiel pour comprendre les forces qui meuvent le film.

Finalement la fascination est là, dans le pathétique d'un homme qui n'a pas compris comment vivre, qui a cru pouvoir vivre par l'entremise de cette mise en danger permanente dépendante d'un concept purement abstrait, l'argent là où il a dans les mains son extrême inverse, la pierre et sa valeur réelle, concrète, ce morceau littéral de monde qu'il n'arrive à aucun moment à "voir" véritablement, le menant irrémédiablement à sa chute.

Bref c'est vraiment là, je trouve que le film trouve une singularité assez passionnante qui dépasse le côté ride fun et désespéré. Et c'est vrai que pas mal de scènes restent en tête où il y a quand même une maîtrise du chaos assez impressionnante dans cette façon d'organiser plusieurs choses en même temps dans une narration où rien ne nous est falicité (rien compris avec l'histoire de la bague de Garnett qu'il met en gages). Puis des scènes quand même très fortes (le showcase de The Weeknd, dans la bagnole, la vente aux enchères, le climax assez génial etc...).

4.5-5/6

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CroqAnimement votre

Et d'enquiller sur une critique hyper juste et pertinente.

Ce mec me tue.

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Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui j'adore, pas osé le relever.

C'est le truc où tu commences à écrire avec fainéantise en te demandant comment tu vas réussir à faire plus long que le tweet d'il y a deux jours puis tu te laisses porter et ça coule presque tout seul. LE plaisir d'écrire quand c'est comme ça.

En tout cas merci les copains .

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CroqAnimement votre

Get a room.

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"Je vois ce que tu veux dire, mais..."
"Je me suis mal exprimé, pardon."

À propos, moment de kif avec la typo carpenterienne du générique de début d’Uncut Gems.

Art Core a tout dit. J'ai vu le film deux fois tellement j'ai kiffé.


Pourtant c'est là que le perso se dévoile tel que tu le décris dans ton texte. Il échange la pierre contre la bague, qu'il garde en guise de garantie. Là où n'importe qui de sensé aurait gardé la bague jusqu'au lendemain, cet abruti va la mettre en gage... Ok soit, il a besoin de fric urgemment... Mais au lieu d'aller directement rembourser ses dettes, il va parier tout l'argent sur le match de Garnett.
Ça ne va pas plus loin puisque effectivement, par la suite, cette histoire de bague ne mène nulle part : Garnett revient avec la pierre, il veut récupérer sa bague, mais l'autre l'a oubliée... et pourtant Garnett lui rend quand même la pierre Beau move.
Sandler récupère la bague un peu après. Il la rend à Garnett. Fin. Passionnant.

Je pense que c'est là aussi pour déjouer tous les préjugés qu'on pouvait avoir : au moment où Sandler prête la pierre à Garnett, qui imagine un seul instant que Garnett la lui rendra ? Non seulement il la lui rend, mais en plus il se fait enfler sa bague. Mec le plus réglo du film.

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Réalisateur de blockbusters d'action français dans une économie maîtrisée d'1h30 max hors générique