Et sinon, je peux répondre à ceci (parmi d'autres choses mais faut faire le moins long possible et ce sera toujours trop long):
Citation:
Par ailleurs dire que le métier d'architecte n'a pas pour but de générer l'ordre social (pourquoi Emile Aillaud serait plus responsable de cette ségrégation qu'un employeur pratiquant une discrimination selon le lieu de domicile ou yne famille essayant de contourner la carte scolaire ? ) ne veut pas dire qu'il est neutre et irresponsable par rapport à cet ordre. De même le métier d'enseignant a partie liée à l'ordre social, mais ce serait assurément une vision réductrice, inquiètante, et plus que sûrement contre-productive par rapport à la fin alléguée, que de considérer qu'il a pour but de le produire.
Moi, je soutiens, parmi tant d'autres, qui sont sociologues, urbanistes, etc (comme le type dans la vidéo que j'ai postée) que oui, évidemment, le métier d'architecte a pour but de générer (de) l'ordre social, comme le métier de l'enseignant a ce même but. Je parle des
métiers, tels que les pratiquent une majorité soit d'architectes, soit d'enseignants, soit d'éducateurs, soit de contrôleurs pour organismes de chômage, etc, qui sont opératoirement des
fonctionnaires de l'Etat et payés par l'Etat pour cette fonction précise.
Il génèrent de l'ordre social comme le pommier génère des pommes, au delà de l'idée subjective ou personnelle, ou artistique, ou fonctionnelle, ou émancipatrice, ou utopiste, qu'il s'en font.
L'Idée qu'ils s'en font est de l'ordre de ce qu'un Marx nommerait la superstructure idéologique. C'est la sphère où celui qui pratique tel ou tel métier pense qu'il est réellement le sujet libre et auteur de ses actions (et non pas aliéné par elles).
Cette superstructure est là pour masquer (à ses yeux, ou par lui-même), atténuer, euphémiser, voire dénier ou refouler l'infrastructure matérielle qui est la vraie raison d'être de cette fonction: générer de l'ordre social. Qui n'est qu'une résultante de l'ordre économique, de la division entre possédants et possédés. Ce qui inclut aussi: le confirmer, le rationaliser (au sens pragmatique autant que théorique), le rendre désirable et consommable, le maintenir et le reproduire.
A partir de là, bien évidemment, il existe toujours une minorité, dans le corps des fonctionnaires architectes, ou enseignants, etc, qui développe une analyse critique, réflexive, sur son propre métier, sur sa propre position dans l'ordre social, ce qui peut l'amener à contester et sa fonction et l'ordre en question. C'est pareil en cinéma.
Mais l'existence de cette minorité, intellectuels, artistes, enseignants, etc, qui dans l'ordre dominant possèdent essentiellement le capital dit "symbolique", n'invalide en rien le fait que la Fonction Enseignant, Architecte, Éducateur, est bel et bien de "générer de l'ordre social", pour reprendre une dernière fois votre expression. Pas plus qu'elle n'invalide le fait que la majorité des fonctionnaires qui pratiquent ces métiers, fussent-ils "créatifs" et "stimulants" comme on dit en entreprise, sont effectivement (ou opératoirement) des agents de cet ordre.
Et je me méfie bien entendu tout autant voire plus de ceux - dans la minorité ayant à faire à du "symbolique" - qui se signifient de manière spectaculaire comme potentiellement "subversifs" de cet ordre, et à qui on donne les moyens matériels conséquents pour réaliser leur "utopie".
Qu'ils obtiennent ces moyens pharaoniques (je parle ici surtout des Architectes: on - les pauvres - est
réellement obligé de vivre dans leur truc, on n'est pas à Tativille), cela devrait mettre la puce à l'oreille. Ceux-là, agis par ce que tu nommes des "ambiguïtés" (qui ne me fascinent absolument pas), il y a de fortes chances que, plus encore que les autres, ce soient les agents les plus redoutables de l'ordre social, les plus zélés, ses divas en quelque sorte, ses fous ou ses idiots utiles.