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MessagePosté: 30 Mar 2017, 10:22 
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Vu hier soir aux Halles, entouré de trois-quatre personnes qui riaient à chaque fois que ça traitait un peu frontalement l'homosexualité - et pas des gamins de banlieues hein, non, des quadras bien gras incapables de masquer autrement leur gêne. Y'a encore du boulot, putain.


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MessagePosté: 30 Mar 2017, 10:23 
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MessagePosté: 30 Mar 2017, 12:26 
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C'est dingue tant le film n'aborde quasiment pas l'homosexualité...

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MessagePosté: 30 Mar 2017, 14:20 
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Euuuh...c'est une blague ?

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MessagePosté: 30 Mar 2017, 14:49 
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Disons qu'il ne l'aborde frontalement qu'à travers une scène, et que, dans le fond, le héros est un outcast aussi, et peut-être surtout, pour plein d'autres raisons. C'est pas un film de revendication queer quoi, le thème c'est la mise en adéquation entre sa nature intrinsèque et son rôle dans la société, et on le retrouve autant dans le dealer-sympatoche, la mère-junkie et l'homo devenu père de famille que chez le héros.


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MessagePosté: 30 Mar 2017, 16:10 
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No one has ever touched me since you.

Les mecs...ça parle de tout ce que tu dis mais le protagoniste est gay et c'est au coeur du film.

"Ça parle quasiment pas d'homosexualité"? Poussez pas.

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MessagePosté: 30 Mar 2017, 16:40 
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Non mais je vois ce qu'ils veulent dire, c'est pas un film avec des mecs à poils, c'est pas L'inconnu du lac. C'est un traitement hyper léger et pudique.

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MessagePosté: 30 Mar 2017, 17:16 
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Dire que le héros est outcast aussi et surtout pour plein d'autres raisons, ca me semble excessif. Le film réussit à ne pas en faire un martyr façon Submarino ou Precious (pas vu ce dernier), en empilant la merde sur la merde de manière complaisante, et malgré la mère junkie et la pauvreté on garde une certaine "aération", une certaine "légèreté" du propos. Le film a le bon goût de coller au plus de son perso, et l'attachement que l'on ressent pour lui dépasse le simple sujet de l'homosexualité, mais ca me semble quand même au coeur de son parcours à lui. Le "No one has ever touched me since you." est d'ailleurs très émouvant.


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MessagePosté: 30 Mar 2017, 17:27 
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Art Core a écrit:
Non mais je vois ce qu'ils veulent dire, c'est pas un film avec des mecs à poils, c'est pas L'inconnu du lac. C'est un traitement hyper léger et pudique.

À ce moment-là, y a quasiment aucun film qui parle d'homosexualité.

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MessagePosté: 30 Mar 2017, 17:35 
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Non mais bien sûr que c'est le sujet, c'est juste pas le film qui prête le plus à rire de la part de beaufs homophobes. Là les mecs qui rigolent à la séance de Boultan, mets-les devant le Guiraudie, les mecs se mettent direct en PLS les mains sur les oreilles.

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MessagePosté: 30 Mar 2017, 18:10 
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Tout pareil que Art Core. Ca PARLE d'homosexualité mais finalement une fois que t'enlèves les "faggot" et autres insultes qu'on entend dans tous les films y a pas de matériau filmique typiquement gay qui pourrait "justifier" des rires (seulement un bisou gay, pas de baise, pas de détails, pas d'eunuques...)

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Liam Engle: réalisateur et scénariste
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MessagePosté: 31 Mar 2017, 09:47 
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Film Freak a écrit:
What's a faggot?
Branlette sur la plage.
No one has ever touched me since you.

Les mecs...ça parle de tout ce que tu dis mais le protagoniste est gay et c'est au coeur du film.

"Ça parle quasiment pas d'homosexualité"? Poussez pas.


J'ai forcé le trait mais là où le film est malin c'est qu'il ne part pas d'une follasse, il part d'un gamin "soft", comme beaucoup de gamins/spectateurs ont pu l'être sans pour autant avoir été homosexuels (déjà qu'à 8 ans, hein, ça reste assez théorique tout ça). Le gamin se retrouve un peu ostracisé d'abord pour ça, parce qu'il est little, soft, quasi-muet et que sa mère taille des pipes pour se payer du crack, pas parce qu'il rêve de bites, et il se fait défoncer sans même avoir été vu avec un mec, et surtout parce qu'il ne répond pas aux stéréotypes de virilité. Sa "différence" ne se limite pas à un penchant sexuel, du coup le film gagne en ampleur, je trouve.


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MessagePosté: 25 Avr 2019, 22:26 
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Art Core a écrit:
Non mais je vois ce qu'ils veulent dire, c'est pas un film avec des mecs à poils, c'est pas L'inconnu du lac. C'est un traitement hyper léger et pudique.


Non, c’est un traitement doloriste totalement improbable en 2017 ; ce qui était tolérable en 1993 dans Philadelphia, l’est nettement moins aujourd’hui.

C’est d’autant plus dommage qu’il y a de belles choses.


boultan a écrit:
J'ai forcé le trait mais là où le film est malin c'est qu'il ne part pas d'une follasse, il part d'un gamin "soft", comme beaucoup de gamins/spectateurs ont pu l'être sans pour autant avoir été homosexuels (déjà qu'à 8 ans, hein, ça reste assez théorique tout ça). Le gamin se retrouve un peu ostracisé d'abord pour ça, parce qu'il est little, soft, quasi-muet et que sa mère taille des pipes pour se payer du crack, pas parce qu'il rêve de bites, et il se fait défoncer sans même avoir été vu avec un mec, et surtout parce qu'il ne répond pas aux stéréotypes de virilité. Sa "différence" ne se limite pas à un penchant sexuel, du coup le film gagne en ampleur, je trouve.


1. Sa mère évoque sa façon de marcher.
2. A huit ans, ce n’est pas si théorique que cela.
3. Il est little et soft parce qu’il est pédé.

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MessagePosté: 27 Fév 2024, 13:34 
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J'avais peur de m'ennuyer, surtout après avoir parcouru ce fil. Et si je comprends la plupart des critiques émises, c'est un franc coup de cœur pour ma part ! La force de ce récit réside dans le pouvoir suggestif de sa mise en scène et sa gestion de la time-line ; beaucoup d'éludes, d'ellipses, de mises en situation avec peu de contexte... C'est lent, poseur, et pourtant plaisant à suivre. Je suivais un peu passivement la première partie, puis la séquence où Juan initie Chiron à la nage m'a happée. Séquence enjolivée à l'excès, restituant de ce souvenir d'enfance une réalité déformée et dépeignant la force du lien de filiation établi entre les deux.

Vous êtes plusieurs à pointer de la déception quant à la deuxième partie et sa résolution. Jusqu'ici, le scénario évitait ce type de parcours balisés, j'ai aussi trouvé ça déroutant et agaçant. Mais grâce à la mise en scène de la dernière partie, on s'installe dans la peau de ce Chiron adulte, bodybuildé etc., avec une telle aisance que je ne peux que saluer l'intelligence de ce découpage finalement. Et la bonne utilisation d'un poncif, car dialogues et scènes d'introduction au néo Chiron rendues superflus; le film se permet d'être à som image : taiseux, mais imposant.

Quant à la toute fin : je pensais que c'était un plan d'eux post coït, puisque Chiron est torse nu et que Kévin l'enlace si ma mémoire est exacte. Mais je m'en fous un peu de la résolution heureuse ou pas de leur romance, pour moi, c'est pas le coeur du film. Mais un prétexte pour illustrer le poids du déterminisme social dans le parcours de vie de Chiron, qu'il s'agisse de refouler son orientation sexuelle ou de végéter dans les quartiers cringe d'Atlanta. D'où la réaction de Kevin, constatant que le gamin sans histoire reproduit malgré lui le schéma familial et se retrouve coincé dans un rôle presque assigné à la naissance.

Selon moi, c'est d'avantage une oeuvre qui s'attache à dépeindre la complexité des relations sociales sans céder à la facilité. Juan est responsable de l'état de sa mère en lui fournissant de la came, et dans le même temps il agit comme un père de substitution envers Chiron. Kevin est un ami de longue date et son premier (et seul amant), pourtant il n'assumera pas toujours cette affection. Sa mère a été soumise à son addiction au crack, et même sevrée, le lien avec son fils est trop abîmé pour que son expérience et sa détermination pour rester abstinente ne le touchent sincèrement. Theresa sait que Juan est responsable de l'addiction de XX, et pourtant elle lui "vole" son rôle maternel et sécurisant. Chiron sait qu'il mène une vie dissolue et a les ressources intellectuelles pour peut-être sortir des quartiers, mais il ne sortira probablement ni du placard, ni de son rôle de malfrat.

Techniquement, le réalisateur s'est beaucoup attaché à travailler l'image. La photo de James Laxton est canon. J'ai découvert sur la page wikipédia du film que les trois parties étaient filmées pour imiter/reproduire des formats précis et ainsi conférer une ambiance chromatique propre à chacune. Le soin spécifique apporté à l'étalonnage, confié aux soins d'Alex Bickel, vient harmoniser l'ensemble et confère à l'image ses particularités (contrastes et satu boostés sans dénaturer la couleur). En parcourant sa fiche imdb, je connais vraiment que Everything Everywhere All at Once, pas encore vu (et je découvre qu'Americana a été adapté en 2023).

C'est au moins du 5/6, formellement splendide (à mon goût). J'ai vu pas mal d'excellents films depuis le début d'année et c'est celui qui m'a le plus tapé dans l'œil.


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