Rafiki raconte à la jeune lionne Kiara - la fille de Simba et Nala – la légende de Mufasa. Il est aidé en cela par Timon et Pumbaa, dont les formules choc sont désormais bien connues. Relatée sous forme de flashbacks, l'histoire de Mufasa est celle d’un lionceau orphelin, seul et désemparé qui, un jour, fait la connaissance du sympathique Taka, héritier d'une lignée royale. Cette rencontre fortuite marque le point de départ d’un périple riche en péripéties d’un petit groupe « d’indésirables » qui s’est formé autour d’eux et qui est désormais à la recherche de son destin. Leurs liens d’amitié seront soumis à rude épreuve lorsqu’il leur faudra faire équipe pour échapper à un ennemi aussi menaçant que mortel…L'Histoire retiendra que j'étais l'une des rares personnes à avoir défendu le remake
live du
Roi Lion, expérience pop art où Favreau avait beau coller parfois au
storyboard de son modèle, il adoptait une esthétique terre-à-terre de documentaire animalier, avec un photoréalisme refusant tout anthropomorphisme, montrant que la force de l'histoire transcendait le style par moments et d'autres non (les chansons notamment). Mais même quelqu'un comme moi qui n'avait pas fait un rejet du film ne saurait le qualifier autrement que comme dispensable. Je l'ai revu avant de voir le nouveau mais sinon, je ne l'aurais jamais revu.
Cela étant dit, bien que rien ne nécessite l'existence d'un
prequel, ce dernier avait le champ libre pour raconter une toute autre histoire complètement affranchie ce coup-ci d'un modèle inaltérable car parfait. Et en cette ère de blockbusters sans saveur réalisés par des faiseurs anonymes, l'embauche d'un cinéaste plus intéressant n'est-elle pas précisément ce que l'on souhaite voir arriver plus souvent? Comme à l'époque où les grosses machines étaient confiées à des auteurs comme Burton, Singer, Nolan, Lee, etc.? En somme, Barry Jenkins pouvait aisément surpasser le film de Favreau.
Et bah non.
Mufasa troque l'intrigue shakespearienne du premier pour une
origin story biblique à base de Terre Promise mythique, de déluge, d'orphelin emporté par un fleuve jusqu'à une famille royale et de frère adoptif destiné à devenir un ennemi mais la dramaturgie et les péripéties sont trop faibles pour divertir ou émouvoir même si les animaux sont marginalement plus expressives cette fois.
J'apprécie que le film explore (timidement) la question de privilège et des parias et que le récit s'incarne autour d'une sorte de quête identitaire pour son héros - je n'ai vu que
Moonlight donc je ne vais pas m'aventurer à tisser des liens avec la filmographie de Jenkins mais j'imagine que c'est l'aspect qui l'a intéressé - mais je trouve regrettable d'avoir fait de Taka (aka le futur Scar) un gros lâche. Il n'est pas traité comme un connard et sa lâcheté a quelque chose "d'humain" mais dans les faits, ce n'est pas très intéressant ni vraiment cohérent avec le Scar malin de l'original.
D'abord intrigant, ce
road movie se fait vite ennuyant et là où le bât blesse, surtout pour moi qui n'allait voir le film presque que pour ça, même les chansons de Lin-Manuel Miranda (qui avait pourtant relevé le défi avec brio dans
Moana et
Encanto) sont décevantes et Jenkins n'a toujours pas résolu le problème de l'intégration dans cet univers "réaliste" de numéros musicaux qui sont par conséquent toujours pas très
animés.
Par ailleurs, s'il essaie d'apporter de la personnalité dans la mise en scène, n'ayant cette fois aucun modèle à décalquer, ces choix ne sont pas toujours très heureux (abus de ralentis et de Snorricam). On sent qu'il s'attarde davantage sur les visages, qu'il épouse les corps dans ses mouvements autour d'eux pour ne pas couper mais il n'arrive pas non plus à insuffler l'émotion ou le souffle qui manquent à une histoire préférant les clins d'oeil et explications inutiles (comment Scar a eu sa cicatrice, ok, mais comment Rafiki a eu son bâton ou comment le Rocher des Lions est devenu le Rocher des Lions, nous rompichâmes).