Forum de FilmDeCulte

Dans la baie du Maryland, une bactérie non identifiée contamine le lac et ceux qui s’en approchent…


Jamais trop aimé les films de Barry Levinson, dont je connais surtout les blockbusters calibrés (Rainman, Good morning vietnam) à l'exception de son Liberty heights assez personnel sur son enfance à Boston. D'ailleurs, j'invite à redécouvrir ce beau film méconnu. Dès le début, ça fait assez peur comme projet, mixer la mode fountage au thriller écolo dans une baie américaine lors d'un 4 juillet. Ca fleure la fausse bonne idée surtout que de Blair Witch à Romero, en passant par le dernier Ayer, ça a été surexploité au possible. Ca fait donc très peur et puis finalement c'est une bonne surprise assez inattendue. L'équilibre forme/fond, l'utilisation maligne du procédé par un vieux routard qui s'essaie pourtant pour la première fois au genre, le film marche sur une corde raide tout le long de ces 90 minutes et pourtant ça fonctionne sur la durée, à l'exception de quelques scènes un peu trop appuyées. Au lieu de tourner le documentaire qui était prévu au départ, Levinson met son savoir-faire d'artisan au terme d'un thriller écolo catastrophe volontairement exagéré, qui n'en est que plus efficace. Le cinéaste maîtrise toute la grammaire du genre, évite toute fausse note et quand la suggestion laisse place à la vision des petites bêbêtes, la montée en puissance étant savamment pensée, ce qui pourrait être ridicule devient véritablement flippant. Evacuant le plaidoyer simplet, il se concentre sur les mécanismes de la peur et offre un renouveau au film de bestioles autant qu'au found footage. Film fragile qui aurait pu être facilement loupé, le regard neuf de Levinson sur ces deux univers fait un bien fou et fonctionne du tonnerre sur le plan narratif. Ca reste modeste (quoique la gestion de la crise et la vision des pouvoirs publics est assez critique) mais comme petit film de flippe c'est méchamment réussi.

Ok donc je t'invite à relire la définition de blockbuster.

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Pour gros revenus, je pense que Rainman rentre dans la catégorie. Après, je ne sais pas si un budget de 25 millions de $, était considéré comme important à l'époque, vu que ça un peu explosé depuis. Pour rectifier, on va dire films "grand public", dont ne font évidemment pas partie ce Bay et Liberty Heights, qui ne sont pas sortis sur plus de 200 écrans en France et qui ne seront pas les gros succès populaires de leur époque.

Sinon, je lis les critiques américaines qui comparent cela à un Jaws version Youtube/skype ou à un Hitchcock de la période Les oiseaux à la mode écolo. Toutes proportions gardées (Levinson n'est pas Hitch loin s'en faut), ça donne une idée de ce petit film assez malin et tellement plus convaincant que les Insidious, Paranormal activity et autres daubes qui inondent nos écrans.

Film Freak, je t'invite à réaliser la suite.

Mouais bon je serais pas aussi enthousiaste que toi, Abyssin. C'est vrai qu'il y a une ambiance singulière, qui provient de la patience avec laquelle Levinson décrit sa petite ville côtière toute prospère et souriante, qui permet du coup un basculement d'autant plus frappant dans l'horreur et qui souligne bien que cette prospérité cachait en fait médiocrité et corruption, que la petite baie touristique n'est pas un paradis mais un enfer, etc.

Mais une fois l'horreur lâchée à tous les étages, on reste sacrément sur sa faim... oui les petites bêtes donnent parfois lieu à de bonnes scènes, mais justement, quand on les voit plus frontalement, on est déçu. Je m'attendais quand même à une bébête un peu plus grosse que les autres, une sorte de boss, bref, c'est peut-être aussi au crédit de Levinson de ne pas céder à ce passage obligé. Mais comme par ailleurs il enfile les perles et les incohérences (scène apocalyptique dans toute la ville alors qu'on parle seulement de 700 morts, pourquoi ça arrive pile un 4 juillet, etc.), on ne comprend pas trop.

Je ne me souviens plus du nombre d'habitants mais je crois que c'est pas lourd, genre quelques milliers. Après oui il faut accepter le fait un peu improbable que tout se déclenche le même jour. Le fait que ce soit le 4 juillet, je le prends pour un facteur d'accélération, vu le nombre de personnes réunis dans la baie.

D'un point de vue filmique c'est probablement un des meilleurs found-footage sorti depuis que c'est revenu à la mode. Pour une fois on nage pas dans les incohérences et les fausses sources pas crédibles. Levinson s'amuse vraiment avec ses images et se jouent de la pixellisation, du flou, des vidéos corrompues etc... Du coup ça fonctionne bien entre caméras de surveillance, caméscopes, skype, dashcam, sources purement audio etc... C'est vraiment malin et on sent qu'ils se sont amusés à jouer avec tout ça.

Le problème c'est que le film ne décolle jamais, j'ai attendu que ça pète, que l'apocalypse tombe réellement sur le film mais il n'en est rien. On a droit à des pustules sur le corps et deux trois scarabées mais franchement c'est ultra maigre. Alors quand le générique de fin est apparu à l'écran j'étais surpris de voir que c'était déjà fini. Pas de climax, pas de scènes vraiment chocs mais quelque jump-scares bien artificiels et un manque de contenu horrifique et gore qui fait un peu mal. C'est d'autant plus dommage que pour une fois l'emballage était vraiment réussi.

3/6 gentil.

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CroqAnimement votre

C'est assez rigoureux dans le dispositif même si j'ai trouvé un peu "diégétiquement malhonnête" le fait d'alterner passé et présent, avec la trame suivant les océanographes, surtout que c'est un peu vain parce que ça ne permet pas à Levinson de retenir quelques infos pour pas tout balancer tout de suite...et c'est un peu le défaut du film, on en sait trop, trop tôt. Du coup, y a pas de crescendo de mystère et donc de crescendo de tension.
Je retiens deux bons moments d'horreur glaçante et ça m'a pas guéri de mon aversion pour la mer (merci Steven).

3/6

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alors c'est vrai que ça c'est très réussi, au générique y a une meuf (débile par ailleurs au vu de ses commentaires juste derrière moi tout le long du film) qui a dit tout haut "plus jamais je vais me baigner moi" et j'ai pas pu m'empêcher d'acquiescer. Le côté tu vas dans l'eau

Tiens, j'ai pensé l'inverse : j'ai bien aimé le montage assumé du truc, qui rappelle que le document qu'on a sous les yeux est un leak autant qu'une vidéo-théorie-du-complot comme il en fleurit sur youtube - qui te démontrent que c'est l'alien de Roswell qui est responsable du 11/09, ce genre de trucs - et j'ai trouvé à l'inverse que le found footage perdait en rigueur au fil du film, notamment dans la scène chez l'antiquaire qui regorge de plans qui ne me semblent pas pouvoir être justifiés diégétiquement (des inserts sur des visages terrorisés notamment).

Après, perso je ne suis pas très exigeant sur ce point, et en tant que spectateur je crois que je peux pardonner un film qui triche un peu avec son concept, comme le récent remake de Maniac, ou même District 9, tant que j'ai le sentiment qu'on ne se fout pas de ma gueule. Tandis que la rigueur d'un Chronicle, que j'aime beaucoup par ailleurs, en gâche un peu la dernière partie, où tu sens que le film galère à justifier la présence d'une caméra sur les lieux de l'action. D'autant plus qu'il s'agit d'efforts contre-productifs : dès lors qu'on quitte le cadre du film de caméscope, qu'on introduit les caméra de surveillance, les smartphones des passants, les reportages télés, l'immersion est cassée, ça me renvoit la forme du film en pleine gueule, notamment la question du monteur. Au moins, The Bay apporte une réponse claire à ses questions là, malgré peut-être quelques libertés donc. C'est un film à thèse, sur un mode complotiste, donc un montage orienté.

Ce qui, très logiquement, tue dans l'oeuf les intentions horrifiques du film, qui dévoile très vite toutes ses cartes, qu'il s'agisse de la nature de la menace ou des quelques noeuds thématiques, les ressassant sans les approfondir. On reste à mi-chemin entre un film qui ne fait pas très peur (là encore, ca va de pair avec la forme du film : difficile d'effrayer quand aucune identification n'est possible) et un reportage sur un sujet pas folichon.

3.5/6

Après, paradoxe amusant, le parasite cité en référence n'est en fait "pas bien méchant", si on fait abstraction du fait qu'il devient ta langue