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MessagePosté: 22 Juil 2016, 13:47 
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Karloff a écrit:
un robot qui fait des liens

Rolaaaaalaaaaaa! Lol moi un robot :p


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MessagePosté: 19 Fév 2017, 14:04 
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Nichols a l'intelligence de bien choisir le point de départ de son récit et de ne pas l'encombrer des scènes mélo usuelles (ce en quoi j'ai du mal à comprendre le reproche de "classicisme") ni d'en rajouter dans la violence historique qui demeure toujours larvée, à l'état de menace, ce qui est sans doute plus exact historiquement parlant. Le film n'ayant finalement pas tant de choses que ça à raconter, il centre le récit sur le bloc de granit qu'est ce couple, ça pourrait être chiant et convenu mais ça irradie l'ensemble d'une force incroyable grâce à l'empathie qu'il témoigne et communique par la mise en scène et les dialogues. Si on est sensible à cet aspect-là, le film prend une hauteur émotionnelle assez rare, grâce notamment au casting impeccable et à cet amour pour le Sud américain d'une part, et pour la cellule familiale de l'autre, et l'harmonie quasi-tellurique entre les deux.
5/6


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MessagePosté: 25 Fév 2017, 22:20 
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Je trouve le film inégal et c'est le premier Nichols qui me déçoit personnellement. Je comprends les intentions et apprécie la manière qu'à le réalisateur de se détourner des clichés mais le résultat est quelque peu problématique. Tourner le dos au film dossier ou au film de procès, éviter toutes les lourdeurs propres au sujet pour se concentrer sur l'amour du couple pourquoi pas. Après, Nichols opte pour une sécheresse de style avec une grande pudeur qui ne rend pas son film académique comme certaines critiques le soulignent mais trop lisse par moments. Clairement, ça manque d'émotion et de folie. On a l'impression d'un choix du classicisme par Nichols comme si il voulait montrer sa maturité de cinéaste mais le film est figé et peu marquant dans sa première heure. Les faits s'enchainent et on y reste étrangement indifférent.

Dès que les avocats rentrent en scène, le film décolle enfin et la seconde heure est passionnante. On sent enfin la vie à l'écran, l'intensité de cette guerre contre la législation raciste et surtout l'émotion surgir. J'aime beaucoup le moment avec le photographe de Life (superbe Michael Shannon) qui vient dans leur maison partager leur vie quotidienne. Nichols est très fort quand il s'agit de montrer les petits détails de la vie quotidienne du couple et nous y immerger. La manière dont il fait aussi un personnage les paysages du sud de l'Amérique est remarquable. Un petit mot sur les acteurs, Ruth Negga est la révélation du film, son jeu tout en douceur où on sent son obstination à combattre, mais c'est bien Joel Edgerton qui est ici fantastique. En mari protecteur et silencieux, paysan un peu bouseux, il incarne un bloc impressionnant d'incompréhension suite à l'injustice qui leur est fait. Le film vieillit bien et finit fort même si Nichols cède à la tentation de mettre un texte racontant le destin et la mort de ses personnages principaux. Alors qu'on s'en fout, c'est totalement superflu sur le moment.

4-4,5/6


Dernière édition par Abyssin le 25 Fév 2017, 22:26, édité 1 fois.

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MessagePosté: 25 Fév 2017, 22:25 
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Rajdevaincre a écrit:
Car au-delà de ce classicisme dans la structure narrative et un récit, au demeurant, presque sans surprise, le dernier film de Jeff Nichols est sans défaut.
Ah oui tiens, je trouve aussi que le gros défaut du film est ce récit un peu trop linéaire et finalement assez prévisible.

Rajdevaincre a écrit:

Nichols nous fait sourire à plusieurs reprises. Des petites touches d’humour qui rendent les personnages principaux encore plus attendrissants et proches du spectateur.
Mouais, je sais pas où tu as vu de l'humour. Bon après le film n'est pas sinistre mais j'ai beau aimé Nichols je ne vois pas trop l'humour dans son cinéma.


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MessagePosté: 13 Mar 2017, 11:20 
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Le film se fait quand même phagocyté par sa propre sobriété. A force de refuser de mettre de l'émotion et du sentiment on finit par regarder le film d'un oeil discret en se demandant s'il y avait pas un moyen de rendre ce récit plus vivant et surtout chaleureux. Parce que ce qui sur le papier s'annonce comme une célébration de l'amour malgré les entraves accouche d'un film où l'amour est majoritairement tu, où les sentiments ne s'expriment pas. Du coup quand on annonce à la fin que la bataille est gagnée j'ai quand même du mal à m'émouvoir face à une actrice dont la réaction est de dire "ok, that's a good news" dans un ton des plus neutre. D'ailleurs en parlant des acteurs j'ai eu beaucoup de mal avec Edgerton et son jeu en dedans, en mode gros beauf limite gogol qui s'exprime par monosyllabe. Impression encore que le curseur est poussé trop loin.

Puis au fond plus loin je continue d'avoir du mal avec ce cinéma d'hommes taiseux un brin réac. Certes ici c'est bien Mildred qui met en branle le combat judiciaire mais pour autant la manière de mettre en scène les hommes et les femmes me gênent un peu. Je citait sur Twitter cet exemple tout bête. Dans la vraie photo des Loving à la fin (où Richard à la tête posée sur les genoux de se femme), Mildred fume une cigarette. Étrangement Nichols fait le choix de ne faire fumer Mildred dans le film. Seul les hommes fument (et boivent) dans Loving. On peut y voir un détail mais pour moi ça signifie quand même quelque chose d'assez profond. C'est comme ce premier plan qui tout. Une femme flimée en gros plan annonce "I'm pregnant". Tu penses qu'elle regarde son mari. Le cut te montre que non. Ils regardent chacun d'un côté. On peut y voir de la pudeur mais aussi une forme de renoncement à montrer les sentiments, à montrer l'amour. Nichols semble presque nostalgiques de ces relations amoureuses platoniques et dépassionnées à l'image de cette citation finale "I miss him. He took care of me.". A l'image de ce final où l'homme construit la maison familiale sous l'oeil bienveillant de la femme dans la voiture (=à la maison).

Au final je trouve pas du tout le film classique ou même académique, c'est une vraie proposition d'auteur. Seulement cette proposition ne me parle pas plus que ça. Et plus globalement je me sens de plus en plus éloigné du cinéma de Jeff Nichols.

3/6

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MessagePosté: 13 Mar 2017, 11:28 
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Art Core a écrit:
D'ailleurs en parlant des acteurs j'ai eu beaucoup de mal avec Edgerton et son jeu en dedans, en mode gros beauf limite gogol qui s'exprime par monosyllabe. Impression encore que le curseur est poussé trop loin.

Au contraire j'ai plutôt apprécié l'acteur principal (les acteurs en général dans ce film), son jeu correspond exactement à ce que Nichols veut faire passer (qu'il s'agit d'un couple plutôt humble dépassé par l'importance national que leur cas prend), mais c'est vraiment tout ce que j'ai apprécié du film, pour le reste je trouve ça d'une platitude...


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MessagePosté: 13 Mar 2017, 11:33 
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Oui mais ça manque de nuances pour moi. Quand il est face à l'avocat tout renfrogné il en fait des caisses. Mais oui c'est pas le plus gros problème du film.

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MessagePosté: 13 Mar 2017, 14:11 
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Pour le coup j'ai trouvé que Nichols faisait ici enfin un cinéma néo-classique qui sortait un peu de la surconscience d'être dans ce registre, et installait quelque chose plutôt que le reconstituer. Toute la première partie est vraiment excellente, le passage avec Michael Shannon aussi, et l'actrice est une belle révélation... Le cinéaste prend le temps d'installer son récit et de nombreuses scènes, pour valoriser une sorte de banal/essentiel dans l'humain au-delà de l'anecdote jurisprudentielle, de l'anti-héroïsme voir même de l'anti-politique au profit du domestique, même si la scène d'Edgerton au bistrot avec ses potes noirs est assez puissante.
Même si c'est forcément en fonctionnement en creux c'est un film dans lequel on se sent bien. Il épouse avec une réelle sincérité la simplicité du couple, il n'en fait pas qu'une note d'intention symbolique pour son cinéma même. Ce qui m'agaçait à travers un film comme "Mud" par exemple. Après, il y a des effets dramaturgiques éculés quand même problématiques par moment, comme ce montage parallèle à faux suspens sensé incarner un prétendu "basculement" au cœur du film (acceptation et révolte). Et l'écoulement de ces dix années fonctionne assez moyennement: les ellipses donnent le sentiment d'être un peu conçues par-dessus la jambe. L'humour autour des personnages des avocats est un peu facile également. N'empêche qu'on y retrouve parfois le meilleur de ce qu'apportait Redford/Eastwood des années 90 (oui, je les mets ensemble).

Dommage que lorsque
survient la "vraie" photo du perso joué par Shannon à la fin (gros cliché en soit du film "tiré d'une histoire vraie"), cette dernière soit tellement puissante dans ce qu'elle
représente que le film en devienne instantanément dérisoire, comme un coup porté par un autre art à une démarche de cinéma dans lequel on s'était pourtant laissé entrainer.


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MessagePosté: 13 Mar 2017, 17:28 
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Totalement d'accord aussi sur la gestion des ellipses. Aucun sentiment du temps qui passe. Chouette texte sinon.

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MessagePosté: 13 Mai 2017, 13:02 
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DPSR a écrit:
le film est constamment à la lisière de l'académisme sans jamais totalement y céder, sauvé par son côté mélodrame taiseux où les silences et les regards en disent plus long, et où quand on annonce qu'on va faire quelque chose, on l'annonce en une phrase de dix mots maxi sans jamais revenir dessus. Du coup, on dirait plus une illustration classieuse d'un arrêt de la Cour suprême mettant fin à une injustice, sans effusion expansive. Le couple ne s'engueule pas, s'aime d'un amour pur sans avoir besoin de se le dire, lui renfrogné dont l'indignation reste contenue, elle timide forçant sa nature en médiatisant son histoire pour faire avancer les droits civils, bref ça ne pleurniche pas en ruant dans les brancards mais ça n'emballe pas non plus, privilégiant la sobriété d'un couple finalement tout ce qu'il y a de plus ordinaire et discret, sans doute trop exemplaire pour un véritable déferlement émotionnel. 3/6

Tout est dit.

boultan a écrit:
Le film n'ayant finalement pas tant de choses que ça à raconter
Abyssin a écrit:
Je comprends les intentions et apprécie la manière qu'à le réalisateur de se détourner des clichés mais le résultat est quelque peu problématique. Tourner le dos au film dossier ou au film de procès, éviter toutes les lourdeurs propres au sujet pour se concentrer sur l'amour du couple pourquoi pas.
Art Core a écrit:
Le film se fait quand même phagocyté par sa propre sobriété. A force de refuser de mettre de l'émotion et du sentiment on finit par regarder le film d'un oeil discret en se demandant s'il y avait pas un moyen de rendre ce récit plus vivant et surtout chaleureux. Parce que ce qui sur le papier s'annonce comme une célébration de l'amour malgré les entraves accouche d'un film où l'amour est majoritairement tu, où les sentiments ne s'expriment pas.

C'est vraiment le souci. Quand tu décides de te passer du film de procès et que ton couple ne connaît aucun conflit...bah y a pas de quoi faire un film de 2h03. Et franchement, je me suis ennuyé et j'ai passé le film à me demander quand ça décollerait.

Mr Chow a écrit:
Même si c'est forcément un fonctionnement en creux c'est un film dans lequel on se sent bien.

Bof donc. Trop en creux, justement.

Abyssin a écrit:
le film est figé et peu marquant dans sa première heure. Les faits s'enchainent et on y reste étrangement indifférent.
Mr Chow a écrit:
Et l'écoulement de ces dix années fonctionne assez moyennement: les ellipses donnent le sentiment d'être un peu conçues par-dessus la jambe.

C'est l'autre souci. Outre le choix de focalisation, il y a l'exécution de ce choix et c'est là que je trouve le film mal fichu et donc le choix peu convaincant.

Abyssin a écrit:
Dès que les avocats rentrent en scène, le film décolle enfin et la seconde heure est passionnante. On sent enfin la vie à l'écran, l'intensité de cette guerre contre la législation raciste et surtout l'émotion surgir.

C'est une blague? Là aussi, c'est délibéré pas montré. La "guerre" c'est 2 rencontres avec des avocats un peu guignols et une interview à la sortie du tribunal. Paye ta guerre.

Abyssin a écrit:
J'aime beaucoup le moment avec le photographe de Life (superbe Michael Shannon) qui vient dans leur maison partager leur vie quotidienne. Nichols est très fort quand il s'agit de montrer les petits détails de la vie quotidienne du couple et nous y immerger.

Meilleure scène du film. Mais trop peu de moments comme ça.

Art Core a écrit:
Au final je trouve pas du tout le film classique ou même académique, c'est une vraie proposition d'auteur. Seulement cette proposition ne me parle pas plus que ça. 3/6

Voilà. Il ne me reste que la mise en scène, très élégante. Le reste me laisse de marbre.

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MessagePosté: 02 Nov 2017, 16:08 
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Comme beaucoup d'entre vous j'ai admiré les acteurs (et la direction d'acteurs), la pudeur toute Nicholsienne des personnages, en particulier celui d'Edgerton, la réalisation classieuse. Les détails du quotidien sonnent juste : le mec toujours fourré dans des moteurs de bagnoles, la famille mélangée dans un Etat qui désapprouve, le regard inquiet de String Bean (qu'on pourrait traduire par Jojo le haricot si c'était un film d'Astier) vers ce pauvre mètre carré d'herbe sèche devant la maison de Washington, l'annonce de LA nouvelle et ce qu'elle signifie pour des milliers (millions ?) de gens...
Et malgré tout ça ne fait pas de ce film une réussite majeure, faute d'émotion directe, organique. J'ai même dormi.

En revanche, je trouve les accusations de paternalisme / sexisme un peu à côté de la plaque. OK pour le coup de la clope, mais les filles boivent, la soeur de Mildred s'empare même d'un bocal de gnôle sous le nez de sa soeur pour éviter que tout le monde se rende compte qu'elle est enceinte. Si ladite Mildred avait été plus effacée et avait suivi son mari, il n'y aurait pas eu de cour suprême, vu que lui est beaucoup plus réticent à saisir les autorités hors-Virginie, et à médiatiser l'affaire. Pour le reste, on ne peut pas être progressiste sur tout dans la Virginie des années 50-60, et les femmes à la maison c'était la norme.


Bon, tout ça ne vaut pas Shotgun Stories, Take Shelter ou Mud.

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-I failed.
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