Londres, aujourd’hui... Nao Brown est une illustratrice talentueuse, fan de manga et de jouets japonais, qui vivote avec des petits jobs d’appoint. Une jolie métisse, mi-anglaise, mi-japonaise, que tous ses amis semblent apprécier pour sa gentillesse. Une fille de son temps qui a tout pour être heureuse. Et pourtant, beaucoup de choses clochent dans la vie de Nao. Son père alcoolique l’a abandonnée très jeune pour retourner vivre au Japon. Son petit ami vient de la tromper, de la larguer et de lui reprendre le boulot qu’il lui avait trouvé... Et surtout, elle sait que depuis toujours, sa gentillesse n’est qu’une façade… à l’intérieur d’elle, les choses sont bien plus complexes : Nao souffre de pensées morbides récurrentes dès qu’elle subit un stress. Elle s’imagine qu’elle tue la personne qui se trouve en face d’elle, de façon violente et jouissive. Pour l’instant, ce ne sont que des pensées, qu’elle contrôle du mieux qu’elle le peut, en pratiquant la méditation zen. Mais Nao a peur de passer un jour à l’acte. J'ai acheté la Nao de Brown suite aux bons avis avis lus ici et là. Je n'aurais pas dû. Je suis passé totalement à côté de cette BD. Rarement une lecture aura été aussi fastidieuse. J'ai dû me forcer pour la finir et je suis très bon public. J'admets que ce genre n'est vraiment pas ma tasse de thé. J'aime les BDs qui me font m'évader. Cependant, on est jamais à l'abri d'une bonne surprise. Il faut parfois aller contre ces aprioris. Sinon, jamais je n'aurais lu "Les pilules bleues", album que j'ai adoré. Que n'ai je pas aimé dans cet album ? Presque tout. Le graphisme et les couleurs sont beaux mais jamais je ne suis tombé à la renverse me disant " Whaou quelle planche". C'est surtout au niveau scénario. Je n'en vois pas l'intérêt. On n'apprend rien sur cette maladie qui jamais en plus ne m'a paru si horrible. Si on enlève cela que reste t-il ? Rien. Une BD style blog chronique de ma vie ordinaire. L'amour, la tristesse, l'alcool, l'amitié. Que des trucs lus, vus ou vécus. Je ne comprends rien à l'objectif de cette bd. Ni d'ailleurs aux pages avec une histoire n'ayant rien à voir avec la trame centrale qui semblent segmenter le livre en chapitre. De plus, tous les personnages ( je dis bien tous) sont horripilants. Aucune empathie pour eux. Juste une énorme envie de les baffer. Sans empathie, pas d'émotion ressentie rien. Je passe sur les horribles pages sur la méditation bouddhiste. Si c'est pour celles là qu'on nous renvoie dans la page de couverture aux récits d'Hermann Hesse. J'adore Siddartha et le loup des steppes. Rien à voir avec la vacuité du propos ici. Je passe sur l'horrible couverture qui si elle a un sens par rapport au contenu est moche selon mes critères. Qu'est ce qui est plus moche qu'une machine à laver ?
1/6 Pour être totalement objectif et parce qu'il y a de grandes chances que cette bande dessinée se retrouve dans le palmarès d'Angoulème 2013 et dans la sélection de tous les magasines pour les cadeaux Noël ( genre sélection branchouille de Télérama), je joins une critique du scénariste
Luc Brunschwig ( le pouvoir des inncoents, l'esprit de Warren, etc) qui est le parfait contre avis du mien. Son avis illustre beaucoup plus l'opinion des critiques professionnels. Comme je pense être insensible à ce genre de bd mais que beaucoup de gens peuvent adorer, la voici :
"Pour ceux qui n’auraient pas le courage d’aller au bout de cette chronique ou qui veulent garder un regard frais avant de lire le Nao de Brown, je le dis dès maintenant : en 40 ans de lecture BD, je n’ai pas dû lire plus de 50 albums de cette qualité là. Alors, allez-y. N’hésitez plus. C’est une merveille ! Le Nao de Brown tente un pari audacieux, que de nombreux auteurs de romans graphiques osent, mais réussissent très rarement : nous faire pénétrer l’intimité d’un personnage. Pas comme un viol de sa conscience, mais comme dans ses journées fondatrices, autour d’un verre, dans un bar cosy, où une jeune femme que vous aimez bien vous fait ses confidences, vous laisse doucement entrapercevoir ce qu’elle est réellement derrière l’apparence du quotidien. Un moment qui bouleverse pour toujours la vision que vous avez d’elle. Et qui vous fait lentement glisser vers l’amitié ou l’amour. Voila ce que réussit ici Glynn Dillon. Son regard sur Nao et sur l’ensemble des personnages qui gravitent autour d’elle, est toujours d’une ahurissante justesse, tant dans ce qu’ils font – qui n’est jamais banal, malgré la quotidienneté des petits moments choisis – que dans la justesse absolue des dialogues qui tous sonnent parfaitement vrais (je me permets de féliciter ici le traducteur et la qualité de ce qu’il a accompli pour nous restituer les dialogues de Dillon). Le dessin est lui aussi d’une parfaite humanité, nous donnant à voir un monde très concret et des personnages très réalistes, presque photographiques, mais constamment animés par l’émotion qui les traverse. Nous sommes ici face à des êtres humains de chair et de sang, aussi complexes que leurs vies sont minuscules. Nao, elle, est parfaitement normale, en apparence. Elle est jolie, elle a du talent... mais elle sait (ou plutôt elle croit) qu’elle est un monstre à l’intérieur. Alors, elle sur-joue la normalité et la gentillesse, pour que les gens l’apprécient et que personne ne se rende compte de ce qu’elle croit être « vraiment » : un tueur prêt à déraper. Avec un tel point de départ, on peut écrire un excellent thriller, comme Dexter (la série TV)… ou ce magnifique livre sur une jeune femme qui passe à côté de sa vie parce qu’elle ne se montre jamais aux autres telle qu’elle est réellement, de peur de commettre l’irréparable. Le plus curieux dans cette histoire (ou plutôt, « le plus humain »), c’est que si Nao sait que les apparences peuvent être trompeuses, elle ne s’en laisse pas moins constamment avoir par l’image que les autres donnent d’eux-mêmes : elle se fourvoie ainsi sur la capacité de l’homme, dont elle tombe amoureux, à la protéger et à se montrer fort quand elle se sent faible. Elle butte contre l’apparente ringardise de son ami et patron, qui a tout pour faire un petit ami compréhensif, qui partage les mêmes goûts qu’elle, mais dont elle ne voit que la faiblesse physique et morale, insupportable pour elle, tant elle se sent elle-même fragile. C’est l’histoire d’une jeune femme comme nous, qui se bat contre ses peurs quotidiennes, ses fragilités psychiques, pour trouver une place dans notre monde, trouver enfin l’amour, sans se rendre compte que l’histoire des gens qu’elle croise est au moins aussi complexe que la sienne... Au final, elle s’imagine être la seule en lutte pour aller mieux et, ne pouvant parler de son combat, elle s’abîme dans la solitude. Pour finir, je m’autorise deux conseils. Le premier : abordez ce livre sans en n’attendre rien. Je viens de vous parler de ses qualités... Laissez-les venir à vous, ne vous attendez pas à ce qu’elles vous explosent au visage. Elles sont subtiles et s’insinueront en vous si vous leur laissez la place. Le second : depuis plusieurs chroniques, je vous recommande de ne pas vous laisser avoir par la couverture du livre, souvent bien plus prometteuse que le contenu réel. Ici, c’est tout l’inverse. La couverture est bien en deça de l’énorme talent qui se trouve à l’intérieur. Alors, passez outre cette couverture ratée et rentrez dans le monde de Nao Brown."6/6
A vous de vous faire votre propre opinion.