Forum de FilmDeCulte

J'ai beaucoup aimé. Arnold va à fond dans son parti pris esthétique, c'est super radical à ce niveau-là. Plastiquement j'ai franchement trouvé ça a tomber (et j'adore le 1:33). On dirait un mix entre Rosetta et The New World... Le dispositif peut être hermétique à l'émotion, mais celle-ci passe plus par l'expérience physique du film, la sensorialité extrême... Le film, à mi-chemin entre rugosité naturaliste et onirisme évanescent, réussit quand même à marquer. Donc voilà, film pas facile, mais d'une grande beauté.

4,5-5/6, à voir comment il vieillit

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

D'ailleurs tu sais quand ils comptent le sortir?

Apparemment pas encore daté en France.. Belgique: 2 mai.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

rugosité naturaliste et onirisme évanescent : ça correspond au souvenir que j'ai du livre ce qui paraît de bon augure. A voir, donc !

_________________
"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
Douglas Sirk

Haha, j'ai essayé d'exprimer avec des mots un peu fumeux ce que transmets le film...

Mais ma collègue pensait la même chose: c'est ultra fidèle au livre à ce niveau-là.

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Mais non, Arnotte, pas fumeux tes mots, très bien choisis au contraire !

_________________
"Le cinéma, c'est le sang, les larmes, la violence, la haine, la mort et l'amour"
Douglas Sirk

et bien je suis d'accord sur toute la ligne avec...


























DPSR
Trop d'intention tue l'intention à mon sens, et j'ai trouvé ça totalement désincarné malgré une mise en scène qui a tout pour me plaire.

3/6

Désincarné non, je trouve justement que ça fonctionne bien dans la première partie de l'enfance et que tout le travail visuel et sonore à tomber par terre porte ses fruits. La première partie est magnifique et j'aime beaucoup l'idée d'intégrer le thème du racisme dans le roman original.

Par contre, je trouve la seconde partie un peu loupée. Il y a un vrai problème d'écriture, on a l'impression que tout est un peu trop vite expédié et que l'ampleur de la première partie n'est pas conservée. Et je pense également qu'il y a un gros problème de fond. On trahit le roman, ce qui n'est pas pour me gêner, mais si je prends l'exemple du mariage avec Isabella c'est mal traité et intégré au récit. Quitte à prendre des libertés, je pense qu'Arnold aurait carrément dû laisser le côté romance de côté et insuffler plus de cruauté dans son personnage d'Heatcliff. En fait, il y a un vrai problème de choix dans l'adaptation qui coule un peu cette dernière heure.

D'où, l'impression finale d'assister à un film douche froide : assez renversant dans sa première moitié puis décevant par la suite.
Par contre, séquence bouleversante :

Désincarné non, je trouve justement que ça fonctionne bien dans la première partie de l'enfance et que tout le travail visuel et sonore à tomber par terre porte ses fruits. La première partie est magnifique et j'aime beaucoup l'idée d'intégrer le thème du racisme dans le roman original.

Par contre, je trouve la seconde partie un peu loupée. Il y a un vrai problème d'écriture, on a l'impression que tout est un peu trop vite expédié et que l'ampleur de la première partie n'est pas conservée. Et je pense également qu'il y a un gros problème de fond. On trahit le roman, ce qui n'est pas pour me gêner, mais si je prends l'exemple du mariage avec Isabella c'est mal traité et intégré au récit. Quitte à prendre des libertés, je pense qu'Arnold aurait carrément dû laisser le côté romance de côté et insuffler plus de cruauté dans son personnage d'Heatcliff. En fait, il y a un vrai problème de choix dans l'adaptation qui coule un peu cette dernière heure.

D'où, l'impression finale d'assister à un film douche froide : assez renversant dans sa première moitié puis décevant par la suite.
Par contre, séquence bouleversante :

Putain c'est beau !
C'est ce qui me venait en tête pendant les deux heures de la projo. C'est vraiment magnifique de bout en bout. Des premiers plans sur des planches de bois où sont gravés des noms au dernier plan large sur une plaine balayée par les vents le film atteint des sommets en permanence. Mais on est n'est pas dans un maniérisme affecté et sophistiqué. Ce n'est pas le cinéma qui crée la beauté artificiellement mais la beauté qui vient au cinéma. Les éléments eux-mêmes qui construisent cette esthétique brute et ultra sensible où l'on sent la pluie sur ses joues, le vent dans ses cheveux, la brume obscurcir le regard et le soleil chauffer la peau. Un film sur les matières, sur la boue, l'herbe, le bois, la pierre. Tout y est mis au même niveau, hommes y compris.

Et l'histoire d'amour est du même tonneau, passionnelle mais brutale, sans romantisme, sans sensiblerie mais avec beaucoup de sensations. Une histoire qui sort littéralement de la terre pour mieux y retourner.

Un grand film tellurique qui m'a aussi bien évoqué le muet (Sjöstrom et Le Vent) que Béla Tarr (impression de fin du monde ou de bout du monde, mysticité). Et puis putain que c'est beau.
Grand film.

5/6

_________________
CroqAnimement votre

Tiens c'est marrant que tu cites Béla Tarr car j'ai pensé à lui, aussi, pendant la projection, mais justement en me disant que c'était mal digéré. J'éprouve rien pour les personnages.

Tu fais plaisir, Art Core!

_________________
Ed Wood:"What do you know? Haven't you heard of suspension of disbelief?"

Pareil.

En fait j'ai l'impression que c'est Heathcliff qui réalise le film: fermé, rentré, tendu. Alors que j'aurai aimé voir des scènes réalisées par genre Isabella... La critique de Télérama dit que le film manque de contrastes et c'est un peu ça.

C'est con parce que je passe tellement d'heures au ciné chaque année à attendre qu'un film historique brise les codes (pourquoi forcément le scope pour faire joli ? pourquoi la musique partout ? pourquoi le titre écrit en typo manuscrite ? etc.), et lorsque Andrea Arnold le fait, je ne peux m'empêcher de trouver ça un peu arty et poseur (ouais le titre en police disco !).

Au final le film paraît distant, rugueux dans le mauvais sens du terme. Et même les tentatives de sensualité organique à la Malick m'ont paru forcées. Il suffit de voir le systématisme dans le montage: un plan d'insecte, un plan de fleur, et la scène commence ; un plan d'insecte, un plan de fleur, et la scène commence ; un plan d'insecte... etc.

_________________
Liam Engle: réalisateur et scénariste

Oui j'ai tiqué aussi sur la police du titre assez bizarre et pas du tout raccord avec le reste du film. Etrange.

_________________
CroqAnimement votre