Season Finale ! (légers spoilers)
The Pandorica Opens /
The Big BangOn va passer sur toute la pommade qu’on pourrait étaler sur l’ami Moffat, tant il y aurait à dire sur le bien fou qu’a constitué, tout au long de cette saison, son arrivée à la tête de la série – remise à plat que résume d’ailleurs très bien ce double épisode final : célébration des paradoxes temporels plutôt qu’étalage d’effets massifs, fantastique issu des éléments les plus banals du quotidien, exploitation d’une imagerie de peurs d’enfants et de contes de fées. D’autres éléments (un arc scénaristique général beaucoup plus ancré tout au long de la saison, soudain moins feuilletonesque, ou encore la disparition des quelques épisodes-purges qui rendait jusqu’ici la série très "contrastée") confirment que de tous les scénaristes ayant officié depuis 4 ans, il était le plus à même de reprendre le flambeau.
Quelques réserves, maintenant…
Sept épisodes en un an + l’arc général à assurer, ce n’est plus un (ou un double) épisode par saison. Est-ce la raison du problème ? Il reste qu’aucun des épisodes de Moffat me semble cette année avoir atteint un réel niveau d’achèvement. Je veux pas donner l’impression de cracher dans la soupe, ça reste du très haut niveau, mais ce qui fait la beauté de son style (la perfection d’un ensemble de paradoxes emmêlés) s’est vu assez souvent mis à mal ici par une séries d’incohérences, de facilités, de défauts de structure, qui altèrent le plus important, c'est-à-dire la pureté de l’agencement d’horloge suisse. C’est particulièrement visible dans le double épisode des anges, par exemple, que les nouvelles règles un peu bricolées (ou du moins maladroitement introduites) rendent plus faibles, moins charismatiques, moins parfaits. L’ensemble fait un peu fouillis, quoi.
Et puis il y a surtout un manque de temps qui transforme pas mal d’épisodes en série d’explications en mode course. Ce final, sur lequel j’ai rien à redire dans l’idée, aurait mérité au grand minimum 3 épisodes pour se déployer correctement !
Car on sent le nombre d’idées géniales et de pistes lancées qui, faute d’avoir la place pour fleurir, sont d’une part mal exploitées, mais ramènent aussi un petit parfum bancal qui gêne le charisme de l’ensemble. Une idée aussi merveilleuse que l’histoire du gardien de la Pandorica, ça méritait plus qu’une simple petite vidéo de musée ; de même, même si c’est peut-être également un problème de mise en scène (pas au top dans ce dernier double), la compression des évènements empêche souvent de réellement en saisir l’implication émotionnelle, qui pourrait avoir mille fois plus d'impact. Quand se rend-on
vraiment compte, par exemple :
Ces idées, superbes à la base, et présentes dans les faits, sont comme effleurées par le scénario (d’habitude, la structure sur-alambiquée de Moffat se charge de les fétichiser, de les mettre en valeur), au point qu’on en saisit pas forcément tout le potentiel.
Enfin, pour en finir avec les réserves, je rejoindrais ce qu’a dit Jiko
sur un autre forum, à savoir que malgré son amour affiché des contes, cette saison a finalement un peu manqué de naïveté et d’insouciance, d’une envie simple d’aller peindre des mondes fantastiques qui n’existent pas : de ce point de vue, même s’il est bancal par certains points,
The Beast Below (avec l’épisode
Vincent and the Doctor que j’aime moins) me semble être le seul à avoir tenu ce flambeau cette saison, et c’est d’ailleurs à mon sens le meilleur de Moffat cette année.
Voilà, ça fait un peu aigri tout ça, et je sais que comparé à certains trucs médiocres des saisons précédentes y a pas à se plaindre, mais c’est aussi parce que j’admire beaucoup Moffat que j’attends de lui qu’il soit exceptionnel !
Au niveau des réussites incontestables, hormis le renouvellement parfait du Docteur (version constamment à côté de la plaque, j’aime beaucoup), je citerais :
- Le personnage de River, génial malgré le encore peu d’apparitions, qui est juste l’idée la plus parfaitement adaptée à la série qu’a eu Moffat : la façon dont elle croise la route (dans le désordre) du Docteur a un potentiel de suspens, d’émotion, de poésie, qui semble déjà inépuisable – et j’adore le rôle de conteur (annonçant ce qu’il y aura la prochaine fois) qu’elle a endossé. Même si l’âge de Kingston me fait un peu peur pour la suite, le personnage est hyper bien campé, avec un background en non-dits qui semble étirable à l’infini, et déjà des récurrences délicieuses (les "Hello Sweetie" dont on a sans doute pas fini de voir les déclinaisons).
- Les "idées Moffat", ces petites pierre posées le long des épisodes qui font la synthèse de son style mi-cruel mi-lyrique (encore rien que dans ce dernier, le passage où l’on évoque la raison de l’absence des parents, ou le dessin, en sont deux exemples géniaux), et dont on commence d’ailleurs à retrouver le parfum chez les autres scénaristes (le coucou final sur la colline dans
Cold Blood, la mère se jetant dans l'eau dans
Vampire of Venice…). Le meilleur, c'est la faille, cette idée d'un sort qui soit pire que la mort - même si on se refusant à réellement tuer un personnage, Moffat se prive de son potentiel.
- Le fait d’avoir fait tourner la saison entière autour d’une même nuit aux résonances très personnelles (le passage d’enfant à adulte, de l’ado au mariage…), d’en avoir fait la source des dérèglements qui altèrent l’espace et le temps, comme si l’univers vibrait à l’unisson de la peur de grandir. Joli métaphore d’ailleurs, le passage où tous les monstres féériques inventés par la série tentent de contrer les évènements de cette fameuse nuit où il va falloir mûrir – ce genre de mise en abîme reste malheureusement un poil effleuré à mon goût, ca rejoint les réserves dont je parle plus haut.
- Le fait que les réals soient enfin un peu plus à la hauteur des scénars...
- Et enfin, la meilleure compagne de très loin depuis 5 ans :
Superbe personnage, super actrice, super imagerie qui tourne autour, super thème musical... J'espère qu'elle reste pour l'an prochain.
Enfin voilà, ma saison préférée pour l’instant avec la 3.