Rattrapages des films pas vu de 2010...
SpoilersEt ben putain, je sais pas si c'est d'avoir lu les amis négatifs ici, mais qu'est-ce que j'ai trouvé ça bien ! Bordel, ca fait du bien, j'avais pas vu un film hollywoodien aussi frais depuis quoi,
Beowulf ?
Le premier degré du film, son aspect série B si on veut, c'est immédiatement ce que j'aime, le fait de se permettre des plans comme la vue du cosmos d'où on entend les cris des traqués poursuivis, la révélation euphorique dans l'agonie sur le toit en cercle, les maths dans le bac à sable, ou encore mettre les chrétiens tous en noir... Ca fonce tout droit, c'est naïf mais c'est aussi coloré, c'est manichéen mais c'est passionné, c'est vraiment un film tout fou qui fonce sans se poser de question et je trouve ça génial.
Le gros regret, finalement, c'est qu'Amenabar ait pas exactement les épaules, au-delà de sa passion évidente pour son sujet, pour porter ce film à un niveau majeur, ce qu'il aurait pu être sans problèmes (l'audace du concept, le peplum à faire des maths, est quelques chose d'assez génial). Malgré les idées qui courent partout, malgré la flamboyance, c'est jamais assez précis, assez construit dans la mise en scène : je demande pas forcément au film d'être fin, mais d'avoir les moyens de ses envies de démesure. Curieusement, je le trouve en fait beaucoup plus à son aise dans les scènes d'actions, de foule plus précisément, qu'il sait vraiment prendre par un bout singulier et passionnant.
Il y a pourtant un angle d'attaque parfait dans la première partie, celui d'approcher le magma idéologique, ce mélange fébrile de temps révolu et de temps à venir, de christianisme et de paganisme, de croyance et de science, de petites histoirettes et de plans de cosmos... bref, de choper ce bouillonnement intégral via l'intermédiaire d'un béguin d'adolescent tout ce qu'il y a de plus bordélique et impulsif (béguin lui-même pris dans les tirs croisés de la relations maîtresse-esclave, des pulsions de mort qui rodent, et ainsi de suite). Ce mélange constant de tout ce qui traverse le film via cet angle-là, qui voit le gamin amoureux aller prier le nouveau Dieu comme un malade pour des histoires de cœur, est ce que je préfère dans ce bouillon improbable.
La deuxième partie a du mal à tenir ces promesses, malheureusement, sans démériter pour autant. La progression plus linéaire (la montée progressive des chrétiens), dans une structure qui peine à se renouveler (violences dans la foule / séance au gouvernement / rachel fait eureka / violence dans la foule / séance gouvernement / rachel fait eureka...), avec pas mal de personnages mis sur le bas côté (l'esclave qui passe une heure à froncer les sourcils avant de réellement redevenir un protagoniste in extremis) empêchent le beau potentiel de bien déployer ces ailes.
Ca me semble dommage de tenir rigueur au film de son manque de finesse, de son côté "l'astronomie pour les nuls" et de son entêtement a représenter la science à coups de démonstrations candides et butor - de le blâmer pour son potentiel ridicule, en somme. L'énergie qui fait sa beauté vient de ce côté adolescent, passionné, volontiers impur et chaotique. Je regrette juste qu'Amenabar et sa mise en scène aient du mal à suivre. Mieux prix en charge, peut-être un peu plus ambitieux scénaristiquement, ça aurait vraiment pu tout péter.
Et Rachel Weisz est décidément la plus belle femme / meilleure actrice / phénomène sous-exploité du monde.4,5/6