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MessagePosté: 19 Fév 2008, 13:44 
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Si on peut dire qu'il y a manipulation dans le dernier film de Brian De Palma, c'est qu'il reconstruit le monde de la manipulation, il nous en fait ressentir l'aspect irréductible.

Ce n'est plus la chair qui est triste, ce sont les images (une personne m’a dit cette phrase, je la trouve très appropriée)... je trouve cette phrase horrible et symptomatique de ce que le cinéaste essaye de nous dire. Une fiction involontaire s'est malheureusement créée au travers de l'omniprésence de ces images. C'est cela qu'il reconstruit, et le raccourci dû à la forme filmique fait exploser sous nos yeux l'aberration du processus. C’est pour cela que le cinéaste oppose et raccorde des régimes d’imagéité différents. Il ne dit pas « le monde est manipulé », il reconstruit une parcelle de ce monde… il procède toujours comme ça mais là il atteint un degré de justesse qui me dépasse et me désarme, je suis sans voix… je ne peux qu’écrire, et impulsivement. J’écrits ce qui vient.

Je ne sais pas si c'est un film pour les américains, surement, pourtant j'en ai ressenti toute la puissance.
Transformer cette chair triste en icône. Une des premières séquences… celle avec la musique redondante qui accompagne des gros plans tout autant redondants sur des soldats. La même image se répète, l’homme perd son identité, assujettit à cette représentation, il devient une icône par le détour de cette représentation.

Il y a une emphase qui sert de discours à De Palma, c’est là qu’il se place, dans cet espace minuscule du passage d’un gros plan à un autre, plus gros, sur une goutte de sueur sur un visage.
Il ne faut pas oublier le positionnement maniériste du cinéaste, il me semble impossible de parler de ce film sans y faire allusion. Mais le véritable maniériste, pas celui qui se contente de faire de l’art sur l’art, pas celui qui détruit tout pour arranger les morceaux sous un air de fête… Non, celui qui se positionne au sein d’un corpus de type et de régime d’image, et qui met se dit régime en crise.
C’est là que de trouve De Palma, dans ces emphase, dans ces grossissements de traits qui nous amènent parfois au grotesque et à la farce (Delorme à raison de le souligner dans les cahiers). C’est là que son discours se trouve, dans l’agencement de deux petits films présents sur internet ; l’un montrant un irakien poser une mine, à distance, tel un fantôme, l’autre montrant en gros plan une femme pleurer… la distance et le gros plan, le petit et le gros pays, aucune nuance au milieu, on passe de l’un à l’autre avec violence. Le questionnement est là, a-t-on le droit de pleurer face à cette femme ? De faire corps avec elle ? Avons-nous le droit de tomber dans ce pathos ?
De même, comment faire face à ces images de caméra surveillance ? Une fixité qui annihile toutes possibilités de rupture, de dialectique entre le bien et le mal… le spectateur est seul face à ces images. Pas de manipulations ici, au contraire. C’est le contrepoint parfait des images surtravaillées du début… et c’est là que va se penser le drame à venir. C’est une fiction, nous dit un carton au début du film, mais tout le film, chaque plan, n’est qu’a demi fictionnalisé. Pas de manipulation donc, cet entre deux est là pour nous mettre mal à l’aise, pour nous raccorder à l’ambiguïté de ces images.

Par conséquent, je trouve ça extrêmement limite d’aborder le film sur son aspect strictement technique. D’affirmer que le travail du cinéaste s’arrête au mélange des différents types de représentation découlant des différents outils utilisés. Non, c’est bien la manière d’utiliser ces outils qu’il critique. Donc je trouve ça presque grossier de parler de Cloverfield et [REC] dans un texte sur ce film, ça joue tellement sur des registres différents. Brian De Palma est bien le cinéaste qui pense le mieux son époque à mon sens, qu’on l’accuse d’être un simple formaliste qui s’amuse après la vision de ce film me semble impossible. Cloverfield et [REC] sont deux objets qui émergent d’une réflexion sur un genre. Comment comparer ça à Redacted… un peu ras le bol des considérations stériles des surfaces techniques. Au-delà de cette surface De Palma nous parle du monde, et pas seulement du cinéma. Autant dire que INLAND EMPIRE est beau car il utilise la dv d’une manière originale tant qu’on y est, et s’arrêter là. Bref, c’était ma parenthèse coup de gueule.


Plus je pense aux films de De Palma, et plus ils me font penser au cinéma de Kubrick, dans leur manière de décortiquer le monde par le détour du grossissement, de l’ampleur. L’icône Alex de Large, le bourreau symptomatique me revient inéluctablement en mémoire. Comment rattraper le monde qui nous glisse entre les doigts ? A la fin de Redacted rien n’a changé, comme Gus Van Sant dans Elephant ce qui nous est exposé est le constat de la perte, et non des solutions (même si on peut supposer que c’est par là, et uniquement par là, qu’elles pourraient passer). L’horreur d’une des nombreuses fissures du monde est là, face à nous… il ne nous reste plus qu’à méditer. Inutile de dire que la lourdeur didactique n’est pas au rendez vous de Redacted. Si elle est là elle passe par l’image. L’esthétique pensée jusqu'à sa moindre parcelle, tout se tient au sein de ce chaos, tout s’accorde pour créer une fiction d’une puissance inédite.

Le viol ? Celui qui va surement faire couler beaucoup d’encre. Pourtant le filmeur se retire, on ne voit rien, il ne servira pas de témoin, il récupère son âme au dernier instant. Mais il est rentré dans la pièce. Un corps manque, il faudra en récupérer un, c’est tout l’équilibre immonde de la guerre, et l’image est au cœur de celle-ci ; ce témoin impudique et sans limite sera sacrifié, il a franchit une étape et il ne peut plus revenir en arrière, la limite est largement dépassée… Il est dans un entre deux qui le condamne. C’est là la force de cette séquence, d’établir la limite du captable, de l’enregistrable. La simple frontalité brutale ne suffit pas, Brian De Palma va beaucoup plus loin.
Il utilisera le symbole bien sur, mais discrètement, sans exagérer cette fois ci. Sera sacrifié celui qui devait l’être au cœur de la fiction. Car il est raccordé à la dégénérescence de la pulsion d’enregistrement. Les autres auront aussi le sort qu’ils méritent.

Pourtant rien ne change au finale de ce chef d’œuvre Kubrickien. Deux mondes, un « héro » figé sur un sourire forcé (la douleur est occulté de ce qui est immortalisé), une série d’image qui présentent des corps déchirés dont on masque l’humanité (les yeux, les bouches, les cris…).
Ce passage est de nouveau une incarnation de ce qui habite le film, le dérèglement, la perte, la distance du vrai.


Bon il reste énormément de choses à dire, on en parlera surement tous ensemble. C’est mon plus gros choc cinématographique depuis très très longtemps. Ansi que le De Palma le plus incroyablement puissant depuis…. Je sais pas, ça n’a pas d’importance, mais depuis très longtemps.

Je m’excuse, c’est un peu long mais j’étais obligé… il fallait que ça sorte. J’ai pas encore lu le topic, je vais le faire. Désolé.


Mon plus gros 6/6 depuis une éternité.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 17:47 
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MessagePosté: 20 Fév 2008, 17:50 
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Arnotte a écrit:
J'imprime ton message et le lis peinard chez moi.


Désolé Arnotte. Il fallait que ça sorte. Sérieusement.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 17:54 
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the black addiction a écrit:
Arnotte a écrit:
J'imprime ton message et le lis peinard chez moi.


Désolé Arnotte. Il fallait que ça sorte. Sérieusement.

Ah non non non mais ya pas de quoi être désolé, bien au contraire! Tu as bien fait! Et vu que ça a l'air intéressant, je préfère le lire sur un papier, à l'aise.. (le prends pas mal!)
J'ai fait la même chose hier avec la critique de Zad. Ce film m'attire beaucoup, je l'attends avec impatience.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 17:57 
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Arnotte a écrit:
the black addiction a écrit:
Arnotte a écrit:
J'imprime ton message et le lis peinard chez moi.


Désolé Arnotte. Il fallait que ça sorte. Sérieusement.

Ah non non non mais ya pas de quoi être désolé, bien au contraire! Tu as bien fait! Et vu que ça a l'air intéressant, je préfère le lire sur un papier, à l'aise.. (le prends pas mal!)
J'ai fait la même chose hier avec la critique de Zad. Ce film m'attire beaucoup, je l'attends avec impatience.


Ok, mais c'est vrai que les trucs trop longs c'est chiant. Mais là, c'est un choc comme j'en ai rarement au cinéma. J'ai écrit dans l'urgence, il doit y avoir des fautes et tout, je ne me suis même pas relu. Enfin bref... Vas le voir, vite !!!

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 17:59 
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the black addiction a écrit:
Vas le voir, vite !!!

La semaine prochaine en Belgique. J'irai de toute façon, mais There Will Be Blood passera avant, c'est obligé. :)

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 18:01 
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Arnotte a écrit:
the black addiction a écrit:
Vas le voir, vite !!!

La semaine prochaine en Belgique. J'irai de toute façon, mais There Will Be Blood passera avant, c'est obligé. :)


Rhaaaaaa, le problème c'est que tous les films que vais voir pendant un moment vont en pâtir là. Il faut que j'arrive à prendre de la distance.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 18:02 
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the black addiction a écrit:
Désolé Arnotte. Il fallait que ça sorte. Sérieusement.


Nan mais c'est bien, t'excuse pas.

J'attends de voir le film pour comprendre tout ce que tu racontes, en espérant que ce texte soit aussi pertinent que celui pour We own the night.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 18:05 
the black addiction a écrit:
Désolé Arnotte. Il fallait que ça sorte. Sérieusement.

Allons allons... On reste cool. C'est pas bien de s'énerver.


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MessagePosté: 20 Fév 2008, 18:06 
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jiko a écrit:
the black addiction a écrit:
Désolé Arnotte. Il fallait que ça sorte. Sérieusement.


Nan mais c'est bien, t'excuse pas.

J'attends de voir le film pour comprendre tout ce que tu racontes, en espérant que ce texte soit aussi pertinent que celui pour We own the night.


Je sais pas, mais merci. :D
Ben là j'ai plus écrit dans l'urgence donc c'est possible qu'il le soit moins. Tu me diras, c'est le but, mais je pense que le film devrait te plaire.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 18:37 
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the black addiction a écrit:
tout se tient au sein de ce chaos


Tiens j'aimerais ton opinion sur le fameux contre-champ lors de l'interview du père. Comment l'expliques-tu ?

the black addiction a écrit:
Le viol ? Celui qui va surement faire couler beaucoup d’encre. Pourtant le filmeur se retire, on ne voit rien, il ne servira pas de témoin, il récupère son âme au dernier instant. Mais il est rentré dans la pièce. Un corps manque, il faudra en récupérer un, c’est tout l’équilibre immonde de la guerre, et l’image est au cœur de celle-ci ; ce témoin impudique et sans limite sera sacrifié, il a franchit une étape et il ne peut plus revenir en arrière, la limite est largement dépassée… Il est dans un entre deux qui le condamne. C’est là la force de cette séquence, d’établir la limite du captable, de l’enregistrable. La simple frontalité brutale ne suffit pas, Brian De Palma va beaucoup plus loin.


Alors là je dois dire que je ne te suis plus. Je ne vois pas en quoi De Palma va plus loin que ce qu'il avait déjà fait dans Casualties of War il y a 20 ans ? Là quand je lis ton texte je réalise à quel point ton argumentaire tient uniquement sur le dispositif alors qu'au fond cette scène a déjà été faite plusieurs fois avec au bout un résultat bien plus fort. C'est ce qui m'a le plus frappé et déçu dans ce film, comment le dispositif au lieu de donner de l'emphase dramatique par un effet réel fait tomber le film dans la banalité. Comment cette scène de viol ne prend pas aux tripes et comment l'horreur de la guerre n'éclate au visage de personne. Et ce je l'ai compris lors d'une séquence suicide de la part de De Palma : La décapitation.
Là son dispositif explose dans toute son artificialité et toute sa démonstration ne devient que manifeste théorique pour la simple et bonne raison qu'il ne pourra jamais représenter l'horreur de la guerre comme la réalité des médias qu'il utilise l'ont fait. Pour avoir vu une vraie décapitation (accessible comme ça sur un site de vidéo trash), De Palma n'atteint pas le quart du dixième de l'abomination que ça m'a inspiré. Et ce n'est pas ce mouvement de caméra qui s'éloigne du sujet (que je continue de prendre pour de la lâcheté) qui viendra donner du crédit à son propos théorique.
Une fois de plus De Palma a conçu un objet théorique passionnant qui resiste assez mal à l'épreuve de la pratique.

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Dernière édition par Art Core le 20 Fév 2008, 18:47, édité 1 fois.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 18:47 
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Fais chier. J'avais pas envie de le voir, mais maintenant je me sens obligé.


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MessagePosté: 20 Fév 2008, 19:05 
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Art Core a écrit:
Tiens j'aimerais ton opinion sur le fameux contre-champ lors de l'interview du père. Comment l'expliques-tu ?


Cette conversation est inscrite dans le monde que De Palma créé dans ce film. Un monde de l’omniprésence de l’image, un monde d’artifice oui. C’est une manière de donner à chaque plan une existence au sein du discours.

Art Core a écrit:
Là quand je lis ton texte je réalise à quel point ton argumentaire tient uniquement sur le dispositif alors qu'au fond cette scène a déjà été faite plusieurs fois avec au bout un résultat bien plus fort. C'est ce qui m'a le plus frappé et déçu dans ce film, comment le dispositif au lieu de donner de l'emphase dramatique par un effet réel fait tomber le film dans la banalité. Comment cette scène de viol ne prend pas aux tripes et comment l'horreur de la guerre n'éclate au visage de personne.


Attends tu te fous de moi ? Mon argumentaire tient au dispositif ? Mais c’est un film conceptuel et expérimental Art Core, parler du film sans parler de ça c’est ne pas parler du film, tout simplement. Rien, absolument rien de banal là dedans.
Comment la scène de viol ne prend pas aux tripes ? C’est le genre de phrase qui m’effraie, véritablement… en faut tu aurais voulu voir la nana se faire bombarder pendant dix minutes ? Et là c’est du grand cinéma ? Non il faut arrêter un peu, le fait que le filmeur se barre ça participe totalement au discours du film. Le fait que le viol ne soit pas filmé possède son importance, j’en ai déjà parlé, il met en jeu le positionnement éthique face à l’enregistrement. Et pour la petite histoire, cette séquence m’a extrêmement dérangé, elle m’a terrorisé même… mais là, que dire de celui qui la trouve banale ? Je peux rien dire. En fait tu aurais voulu qu’il fasse un plan fixe de dix minutes sur la nana en train de souffrir ? Ah oui c’est conceptuel, mais ça n’a rien à voir avec le film et avec ce que De Palma à voulu faire. Il n’a pas voulu choquer ou déranger avec une image, une scène choc, c’est la construction du film qui est faite pour ça.
Donner de l’emphase dramatique par un effet réel… Mais on est pas dans un documentaire, ou même une docu fiction, rappelles toi le carton au début du film. Moi c’est la construction de ce monde artificiel qui m’a fortement perturbé. C’est pas des plans ou des séquences qui sont affectées, c’est leur agencement, la totalité du film raccorde le spectateur à une fissure… De Palma critique justement ces images distancées du réel. Comment lui reprocher son manque de réalisme ? Ca me sidère.
En fait tes reproches ne vont pas avec le film. Ils parlent d'un autre film, qui n'existe pas.

Art Core a écrit:
Une fois de plus De Palma a conçu un objet théorique passionnant qui resiste assez mal à l'épreuve de la pratique.


La pratique ? hum. Comprends pas.

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MessagePosté: 20 Fév 2008, 20:46 
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Aïe, je me suis super mal exprimé :?

Non en gros ce que je reproche à De Palma c'est d'avoir un concept génial qui au-delà du gadget filmique donne à penser en termes politiques, esthétiques et. comme tu l'as dit, éthiques. Et en soi c'est déjà un tour de force. Cependant je lui reproche de ne pas avoir su transcender son concept (c'est cela que je veux dire par pratique). C'est mon principal reproche.

Pour la scèn du viol, bien sûr que non je ne lui reproche pas son filmage. Je suis totalement d'accord avec ton argument sur l'éthique et jamais au grand jamais je dit qu'il aurait dû la filmer pour avoir plus d'impact. Non il ne s'agit pas de ça. Il s'agit simplement du fait que la scène d'un point de vue cinématographique ne fonctionne pas (à mon point de vue). Que malgré ce que veut dire la scène d'un point de vue sémantique, je n'y suis pas impliqué en tant que spectateur. Je ne crois pas que cette scène ne fasse jamais partie des scènes de viol les plus remuantes (et je ne te parle pas du côté trash de la chose mais bien plus du trauma qu'il y a autour). Et pour preuve la même scène dans Casualties of War (film traditionnel), filmé par le même cinéaste, a une force bien plus importante que dans ce film. Et pour moi ça peut s'appliquer au reste de l'entreprise. Le film ne m'a jamais donné à ressentir en tant que spectateur ou du moins très peu et c'est un peu l'échec du De Palma cinéaste battu par son alter-ego théoricien.

Et puis je ne reviendrais pas sur les détails que j'ai déjà cité (les acteurs moyens, de gros clichés dans la catégorisation des soldats...). Enfin bref à mon avis Redacted ne sera pas le grand film de guerre qu'il aurait pu être. Il reste un objet passionnant mais un objet seulement.

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