Forum de FilmDeCulte

chez Rodriguez je pense pas qu'il faille chercher plus loin qu'une question d'esthétisme. Je pense qu'il cherche tout simplement à recréer la même texture que les films Grindhouse dont les pellicules était surement usée à force de projection dans des petits cinémas de quartier.

bah je crois pas, non.
il y a de ça, bien sûr, mais ça ne se limite pas à ça: à chaque fois que des scratchs importants ou des altérations visibles de pellicule surviennent, ce n'est jamais anodin

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ouais mais bon je pense qu'il faille chercher trop loin non plus, y a pas de reflexion ou quoique ce soit, ça participe juste à l'ambiance.

Pour le coup, je suis d'accord avec Zad, Rodriguez expérimente bcp, voir les Spy Kids, Sin City... ce n'est pas juste pour faire comme les films Grindhouse mais quelque chose quin l'intéresse

je pense qu'au contraire, Rodriguez a énormément bossé, plus que d'habitude, je pense, sur sa mise en scène... avec bien sûr des tas de modèles en tête, mais sa mise en scène est bien plus intelligente que le scénario peut le laisser supposer... faudrait que j'y retourne...

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"L'endroit parfait pour la bobine manquante, c'est la fin du deuxième acte, parce qu'il s'agit en règle générale d'un moment assez rébarbatif. C'est là qu'on s'aperçoit bien souvent que le gentil est en fait le méchant, et que le méchant est finalement un mec cool. L'intrigue change quand le troisième acte arrive. [...] C'est comme si on s'était absenté pour aller aux toilettes, sauf qu'on peut quand même suivre le film sans savoir ce qui s'est passé." (R. Rodriguez)

Démarche avant-gardiste, à mon sens, que de démonter le classicisme de l'intérieur, d'aller contre le train-train du cinéma dominant en pointant ce train-train...

L'année est vraiment sous le signe de Tarantino : les deux Grindhouses, Hostel II... Trois films passionnants, chacun dans leur domaine, et qui vieillissent très très bien.

"Robert utilise l'aspect 'pellicule abîmée' presque comme un personnage à part entière. Pour lui, ce film est comme une compilation de bobines qu'on aurait retrouvées et mélangées les unes aux autres pour recréer un long métrage. J'ai regardé autant de vieux films que possible, et j'ai lu tout ce que je pouvais sur le vieillissement de la pellicule." (Rodney Brunet, infographiste)

Planète Terreur comme found footage de luxe, j'y avais pas songé...

"Je monte Planète Terreur comme bon me semble, et c'est ce qui est génial avec un tel film, qui se doit d'être en mauvais état. je peux faire des raccords abrupts, et je n'ai pas besoin d'être élégant." (RR)

J'aime bien cette profession de foi d'inélégance, d'impolitesse. Il n'y a, je pense, rien de plus sain pour le cinéma que d'être malpoli avec lui.

(bon et : tu vois Mon Colonel? c'était pensé... après, tu l'as p-ê pas senti, et là tant pis, c'est que qqpart RR rate p-ê un peu son coup là-dessus, qu'il aurait pu aller plus loin... je vais pas me mettre à brandir des notes d'intentions comme preuves, ce serait le monde à l'envers )

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Très plaisant dans son hommage décomplexé au cinéma bis, mais aussi un chouille décevant parce que l'exercice de style tourne un peu à vide (tout le travail autour de la pellicule, même s'il est justifié, s'apparente plus à un gimmick un peu facile), ce Planet Terror , revival foutraque et décalé à l'ère du numérique plutôt que véritable réflexion sur le genre, vaut surtout pour sa générosité, son casting réjouissant, et surtout sa parfaite réappropriation de l'esprit grindhouse.

4/6 (mais j'ai envie de monter à 5/6 rien que pour l'énorme sympathie que ce film dégage)

"Planète Terreur" ou comment un film de série Z se transforme en manifeste expérimental et avant guardiste.

Il ne s'agit pas ici de found footage car Peter Tcherkassky, Siegfried Fruhauf et Martin Arnold, les plus importants représentants de ce mouvement, utilisent l'oeuvre originale elle même comme matière première de leur oeuvre, ils modifient l'image et la retravaille avec pour finalité la mise en scène du pur affect, de la pure sensation, en ligne de mire. Nous vivons une heure de cinéma où l'émotion prend son importance également au sein du cinéma le plus théorique.

Robert Rodriguez, quand à lui, travaille son film, son image, pour faire naître le souvenir d'une mémoire cinématographique. Il y a quelques références explicites (The Crazies de Romero, Carpenter pour les situations, les personnages acculés par exemple) mais dans l'ensemble c'est cette matière retravaillée qui fait resurgir la présence sensible d'un cinéma mort et entérré (même si beaucoup de films y font référence mais en actualisant au maximum sans conserver l'aspect vieillot, jubilatoire, et de seconde zone de ce cinéma là). Rodriguez expérimente en nous fabriquant une excroissance de cette imagerie vieillissante, il ne s'agit pas donc de la simple actualisation réccurente de nos jours. Au même titre qu'un Brian de Palma, le cinéaste assume parfaitement la présence du passé.

La pellicule endommagée, élément accidentel aux origines, devient un atout majeur de l'esthétique, le symbole du passé et du vieillissement permet un saut vers une expérimentation on ne peut plus actuelle. Rodriguez rejoint au moins le found footage dans l'intention, l'élément d'origine (ici recréé) comme tremplin pour une imagerie nouvelle: le travail sur la pellicule n'est pas en ce qui me concerne un simple et unique emballage, il créer du rythme, des vitesses inédites et subtiles (contrairement aux apprences), il nous indique également une tentative de Rodriguez d'atteindre l'émotion ainsi que les sensations (élément généralement absent de ce type de film), je trouve cette partie là du dispositif un peu ratée mais, quoi qu'il en soit, c'est là (l'intention me suffit pour le coup).
Bref, les éléments qui servent la création de l'ambiance d'origine ne sont pas simples illustrations ou anecdotes. Tout ceci nous dirige vers le baroque et le grandiloquent.

En effet, tout doucement, nous passons d'une simple reprise, d'un simple reflet, à une emphase hallucinante du miroir. Je ne m'attendais pas à retrouver autant d'éléments de "Sin City", le corps libéré de l'attraction terrestre qui évolue au sein d'un décors factice qu'il traverse et éclate de manière spectaculaire. Les personnages hilarants teintés de mythe (EL RAY !!!) n'ont plus de limite, la lourdeur des corps laisse place à la légèreté atmosphérique. Les temps se rejoignent dans cette oeuvre libératrice et décomplexée (l'emphase est présente à tout les niveaux, gore, action, humour...).

Un magnifique film fourre tout (il y a un million de choses à dire encore, je n'ai pas parlé du terrible humour cynique et grotesque du fim) centre névralgique d'une imagerie grandissante.

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très content de voir que je ne suis pas le seul à ressentir les choses dans ce sens

tout à fait d'accord : pas du found footage, mais la même intention que le found footage -- pas de l'avant-garde, mais la même intention que l'avant-garde -- donc qq part du found footage, donc qq part de l'avant-garde!

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Oui c'est tout et son décalage. Vraiment je suis impressionné par Rodriguez, je l'avais vraiment sousestimé.

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reste à connaître le réel degré d'implication de Tarantino.
mais c'est très bien, de tirer ses camarades vers le haut

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Reste a voir le reel degre d'implication de qui que ce soit...

Le film est sympa et j'y vois aussi une utilisation pertinente des sautes et tout ca mais vous allez loin avec vos qulificatifs.

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on va loin si on veut
je veux dire : l'important c'est qu'on soit sincères.

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Ah?
Euh...
Ok.

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En fait je le trouve aussi beau que important. Il correspond à ce que j'attends d'un film où l'intertextualité rentre en jeu. Voilà après je vais voir comment il va vieillir dans ma tête.

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