je vais poster le début d'un petit top que j'avais fait il y a quelques temps:
TOP 5 DES ONE SHOTS PARFAITSEn bouquins, j'ai toujours aimé la nouvelle, et le format court est pour moi un des moyens les plus efficaces et paradoxalement les plus souples pour faire passer autre chose que juste des mots et explorer ainsi le langage propre au médium. En bande dessinée, c'est pareil. Quasi aucun plaisir ne se compare pour moi à cet arrière goût de frustration, d'admiration et d'émerveillement suivant une parenthèse restant ouverte comme un court récit se transformant en expérience.
Les bandes dessinées qui suivent sont donc exclusivement des comics, et pour certains, se trouvent au sein d'un long run de plusieurs dizaines d'épisodes. Ainsi, un autre point que j'aimerais soulever, c'est que je suis convaincu qu'un bon one-shot au sein d'une série régulières est aussi une porte d'entrée, peut se lire par un novice qui passe par là et lui ouvrir les portes de l'univers exploré avant et restant à explorer à travers de ces quelques pages sommes.
Bref, vous devez en avoir marre de m'entendre blablatter et foncer droit dans toutes les portes ouvertes du monde, alors voilà:
5.Human Target #10 Scénario: Peter Milligan
Dessin:Cliff Chiang
Après une mini-série très très cool, on en est déjà au numéro 10, et la série a des hauts et des bas, mais j'aime déjà pas mal ce qui se passe pour l'instant. De courts arcs nous présentent différents situations où Christopher Chance se fait passer pour des gens dans la merde à la perfection, les écartant du danger.
Le danger en BD, c'est vachement cool, ça permet au héros de sauter de toits en toits, de balancer des coups de poings qui auraient leur place dans la belle gallerie de Psycho Pirate et surtout, au lieu de créer une simple atmosphère d'urgence, ça crée un univers où le décor devient une aire de jeu, où la narration se lâche et où l'iconographie prend le dessus. Puis putain, c'est bon de voir des gens se faire courser pendant qu'on est tranquillement posés à la maison, pouvoir s'attarder sur chaque image, chaque mouvement, alors que si lui s'arrête, il meurt.
Là, on est exactement là dedans, ça rappelle presque ce que les cons appelleront la naïveté et l'innocence des BD d'antan. J'appelle ça la pureté.
En effet, Christopher Chance est engagé au début par un de ses potes, un taulard qui s'est échappé, Jim Grace pour le personnifier pendant 5 jours.
On suit donc les deux Jim Grace, l'un allant retrouver sa femme ainsi que d'autres, et passe son temps à baiser tout en suivant les aventures de son double à la télévision. Ce dernier qui n'a de cesse de provoquer la police et attirer l'attention sur lui.
Poursuites vertigineuses, dialogues au poil, narration graphique peu conventionnelle suivant pourtant un scénario reprenant certains clichés et les sublimant en nous proposant de raconter cette histoire simple de la meilleure manière afin d'atteindre notre tête, notre coeur, nos tripes. Le dessin dynamique et expressif de Cliff Chiang se prête et s'adapte à tout cela.
Milligan que j'aime beaucoup et par qui plusieurs autres récits de ce top sont écrits, montre bien par moments qu'il y a quelques temps, il aurait pu changer l'image, la perception et le traitement du comic book, nous proposant une alternative à la bulle avec le texte qui se mêle presque à l'image. Mais c'est soft là encore, et je le dis parce que je le connais, ce sera bien plus visible dans d'autres trucs.
Jouissif.
4. Invisibles #12Scénario: Grant Morrison
Dessinateur: Steve Parkhouse
Waaaah, c'est le bordel cette série!
Vraiment hein, c'est hyper décousu, une ode viciée à la culture pop se vautrant parfois dans le plagiat pur et simple avec tout ce que Morrison peut nous offrir de narcissique et pseudo intello high-tech, mais on ne peut que rester admiratifs devant ce qu'il a tenté avec cette série, The Invisibles. En effet, il nous parle d'absolument tout, surtout de conspirations, de psychédélisme, de liberté, d'anarchie, de sexe, de magie, de futur, d'identité. Et parfois, souvent même, ça fait mouche.
Une des qualités constantes de cette série est que ses personnages sont vivants et pas en carton, ils continuent d'exister une fois qu'ils ont disparu de la case.
Littéralement pour certains, puisqu'un personnage n'apparaissant que dans une seule case aura ensuite tout un numéro dédié à lui.
En fait, c'est simple, un des nombreux gardes des grands méchants corporatistes (je simplifie A FOND!) se prend une balle dans la tête dans une mêlée.
On retrouve durant tout le numéro qui suit ce qui lui passe par la tête en mourant, des tranches de vie, nous montrant dans un montage absolument pas chronologique ce que ce bonhomme a de bon ou de mauvais en lui, sans le juger, nous laissant seuls maîtres à bord pour cela.
On est confus, tristes, révoltés, et le dessin de Parkhouse changeant de celui de Yeowell vient rajouter une touche personnelle.
L'intimité est un truc qui me touche en général, l'intimité dans un truc énorme, l'intimité qui fait qu'on va s'attarder, dans une série où plein de gens crèvent, sur un type qui est souvent pris pour un décor.
Morrison prouve avec ce numéro ce que j'ai toujours pensé de lui.
En effet, il n'est jamais aussi puissant que quand il met ses délires en background et se concentre sur le storytelling. Son imaginaire et ce qui le touche en tant qu'écrivain est riche, et quand il sait l'exploiter, c'est un des meilleurs écrivains de comics du monde. La preuve en est sa série Doom Patrol qui reste pour moi son sommet qu'il ne dépassera jamais.