Putain, le temps passe vite bordel, c'était il y a un an et demi que je commençais à critiquer un par un mes comics préférés et aujourd'hui, je n'en ai fait...qu'un!
Je sais pas, l'impression de ne pas être lu, ou le fameux "je ferai ça une autre fois" m'ont mené à cette situation.
Bon, aujourd'hui, je vais m'attaquer au deuxième et essayer cette fois de finir le tout pas trop tard, allez, défi, disons la fin du mois.
J'avais fait y a quelques temps un top illustré de mes bandes dessinées préférées, de l'anglo-saxon en majorité, en integralité même, ça doit être ce qui m'a marqué le plus je pense, ou ce que je connais le mieux, un truc entre les deux en tout cas, ne m'en tenez pas rigueur, je vais essayer de rattraper mon retard sur les autres trucs quand je pourrai/voudrai.
BREF
Tout ça pour dire que j'avais dit que j'allais dire des mots sur les trucs au lieu de balancer juste des noms comme ça, partager, et ces derniers temps, j'ai envie d'écrire des mots ici, donc voilà, on va voir quand ce sera fini.On commence avec:
1. Enigma - Peter Milligan/Duncan Fegredo
Ca me fait bizarre d'en parler à l'écrit en fait, c'est la BD dont j'ai toujours parlé à l'oral, avec de grands gestes et du verlan, et là, devoir écrire dessus, je me rends compte que c'est violent.
Bon, on va bien commencer par quelque chose, je vais commencer par présenter l'auteur tiens, je ne le ferai pas pour tous, mais là, c'est quand même un type qui a écrit deux des meilleurs trucs que j'ai lu de toute ma vie, donc autant en parler.
Déjà, c'est un anglais, il est arrivé aux states dans les 80's en fait et a directement commencé à bosser chez DC comics, il fait partie de cette vague en fait avec Moore, Morrison, Gaiman, Ennis etc., ce qui fait qu'il n'est pas vicié par le comic de super héros comme peut l'être l'auteur américain "de base". D'ailleurs, par rapport même à ses copains de voyage, c'est celui qui est le moins dans ce trip de relecture de la figure du super héros, ses personnages sont des héros, et son inspiration est plus littéraire qu'autre chose, on voit ça avec Skreemer, première BD qu'il signe aux Etats-Unis, qui est un truc de mafieux construit autour et sur le schéma de Finnegan's Wake de James Joyce.
Alors qu’il est en train d’écrire Shade the Changing Man, SA série à lui chez DC, sur laquelle je reviendrai plus tard, la grande maison d’édition décide de créer une ligne de Bande Dessinées plus adulte, s’éloignant du Super-Héros classique tel qu’on le connaît, tous ces immigrés anglais s’attèlent à la tâche soit en continuant leur série en cours sur un ton encore plus mature, ou sinon, signent quelques mini séries « Signature » inaugurant VERTIGO COMICS ; Enigma en fait partie.
Ok, après cette loooooooooooongue, mais je pense nécessaire introduction, je vais enfin vous parler de ma découverte et ma lecture de cette bande dessinée, lecture assez bizarre en fait, parce que pendant très longtemps, je n’ai eu que le premier numéro de la série, je l’ai lu, relu, re re lu, jusqu’à ce qu’enfin un an après à peu près, je me choppe un lot avec les 8 numéros dedans, et bordel, la claque que je me suis prise !
Un petit résumé vite fait en essayant de ne pas spoiler ou pire gâcher un ou plusieurs de ces petits moments magnifiques ou magnifiquement dramatique ou absurde dont est parsemé le truc :
Michael Smith est juste un type, un type banal, plus que banal, qui a une meuf qu’il ne baise que le jeudi et range ses caleçons par jour et un tas de conneries que les gens plus que banal font. Mais peu à peu, il sent et voit dans l’actualité la manifestation du héros de la BD obscure qu’il lisait gamin, Enigma. A partir de là, il est pris d’une pulsion ( !) et part à la rencontre de Titus Bird, créateur un peu taré de la BD, puis les vilains font leur entrée…
J’aurais dû avoir la pression en commençant à lire le truc, vraiment, on m’en avait tellement parlé, on avait tellement crié au chef d’œuvre (Les 4 types au monde à qui je fais confiance pour la BD du moins) que j’aurais dû flipper ma race en commençant le truc, mais non, le fait d’avoir découvert, lu et relu le premier issue avant de mettre la main sur les autres m’a rodé, et dès la première lecture même, j’ai accepté que j’allais me laisser porter et le lire jusqu’au bout, à mon rythme, et bordel de bite qu’est ce que c’est bon !
Le dessin déjà, ces gribouillis nerveux mais si maitrisés de Fegredo me foutent en l’air, c’est beau, c’est expressif, c’est de l’art putain, même le mec qui fait les colos est super bon, le ton est toujours juste et joue énormément avec les ressentis, le découpage tient du chef d’œuvre, ce qui fait de Milligan pour moi un des plus grands auteurs de ces 20 dernières anneés.
Les mots, les thèmes, la sensibilité, cette exploration de l’identité et de la sexualité, ce côté absurde, la richesse, la folie de cette œuvre, y a des idées, plein, chaque case presque offre de quoi faire une BD alternative, pourtant, c’est jamais lourd, toujours sincère et au final, assez autobiographique.
J’ai du mal à en parler, faut le lire, ça a changé ma vie, je ne pense pas un jour lire une bande dessinée aussi puissante, vraiment.
The Life & Times of Scrooge McDuck - Keno Don Rosa
Dans le cas où vous ne connaissez pas cette bande dessinée, je vais la résumer un petit peu.
En gros, c'est la jeunesse de Picsou donc, comme le titre l'indique et surtout, l'accomplissement, la création du mythe, de l'homme qu'il est devenu. Je n'en dirai pas plus, ou si je le fais, les balises spoiler seront de mise.
Comme beaucoup de ceux qui l'ont lu ici, j'ai découvert cette bande dessinée lors de sa réédition feuilletonesque au sein du Picsou Magazine. Magazine qui d'ailleurs reste encore à ce jour un des meilleurs que j'ai pu lire de ma vie. En effet, il présentait en plus de BD actuelles sur l'univers de Picsou, Donald etc., bon nombre d'histoires écrites il y a des dizaines d'années par Carl Barks, créateur des fameux canards.
C'est ainsi qu'en lisant l'épopée de Don Rosa, que je collectionnais en découpant chaque numéro et en les agrafant ensemble, j'ai découvert que chacun des voyages de Picsou relatés ici étaient reprises d'histoires de Barks qui faisait moins dans l'épique et plus dans la créativité pure, celle du moment, où à chaque case , t'as de quoi écrire une BD de 100 pages tant c'est riche!
C'est ainsi je pense que j'ai vraiment découvert le concept d'hommage en fait, tout simplement parce que j'ai compris que Don Rosa ne singeait pas son maître, mais construisait quelque chose de nouveau tout en utilisant les clés de cet univers. Qu'il était autant historien que créateur.
Bref, sans approfondir ces pensées pour l'instant, j'avais vraiment, vraiment aimé et me souviens avoir été touché, marqué par tant de choses dans ce truc, et surtout...
Puis en grandissant, j'ai du le lire une fois ou deux encore dans les chiottes d'amis ou chez eux, sans chercher à le relire à tout prix, jusqu'à ce que je retombe dessus il y a 2 ans dans un comic book shop de L.A.
Je l'ai lu 3 fois en une semaine.
C'est PARFAIT.
Il n y a pas d'autre mot pour décrire la claque que je me suis prise tant à chaque niveau de lecture, c'est absolument maitrisé, pertinent, émouvant.
J'ai ri, souri, pleuré, me suis énervé, émerveillé, et ce à plusieurs reprises
Don Rosa crée ici une méta-BD, va puiser dans l'inconscient collectif de tous les pays visités par Picsou, dans celui crée par Barks, dans celui des films et évidemment, dans le notre.
Il a éveillé quelque chose en moi au travers de ce livre somme pas que de son oeuvre, mais de celle d'un autre, d'un créateur, en devenant un à son tour.
Si je devais un jour faire un dessin animé adapté d'une oeuvre, ce serait celle ci, tout en ne perdant pas de vue que la fin d'une bande dessinée n'est pas d'être adaptée au cinéma, que les procédés de narration graphique d'une bonne BD et d'un bon film sont très différents, qu'une bonne BD ne fera pas forcément un bon film, alors qu'une mauvaise BD peut faire un TRES bon story board!
Bref, je ne fais pas partie de ces gens qui en lisant une BD disent "ça ferait un bon film" de manière automatique, mais si je devais en adapter une, ce serait celle ci tant je pense que chaque thème me parle et que c'est une des plus grands trucs d'aventure écrits dans ces dernières années.
Puis je ne veux pas quitter cet univers, jamais. Il existe d'ailleurs un peu en moi pendant que je vous écris.
Shade the Changing Man - Peter Milligan/Chris Bachalo
From Hell - Alan Moore/Eddie Campbell
Love & Rockets - Gilbert & Jaime Hernandez
The One/Maximortal/Can't Get No - Rick Veitch
Doom Patrol - Grant Morrison/Richard Case
Watchmen - Alan Moore/Dave Gibbons
Hitman - Garth Ennis/John McCrea
B.P.R.D. - Mike Mignola/Guy Davis