Je viens de lire le premier tome de ça. Pas envie de faire un long discours étant donné qu'il reste un deuxième tome à lire, et que le premier laisse grandement sur sa faim. Ça se passe dans une sorte de "edge city" allemande (on ne l'apprend que petit à petit que c'est en Allemagne), avec tout le mode de vie qu'on y associe généralement (bagnole, centre commercial, bowling,...), à notre époque. On suit les vies entrecroisées de quelques personnages sur une période de 6 mois. Ils se droguent, forniquent, nourrissent de noires pensées voire sont même plongés dans la névrose ou la folie pour certains d'entre eux. Comme vous pouvez vous en douter, c'est désespéré, lugubre. Ce n'est pas "noir", c'est simplement froid, d'une froideur aseptisée. Mais c'est fou comme on s'attache aux personnages. Le fait que chaque chapitre du volume est en mode narration à la 1ère personne aide sans doute. Malgré le propos pas très sympa sur la nature humaine, ça faisait longtemps qu'une BD ne m'avait pas captivé comme ça. Ca me rappelle un peu
No comment (mais en beaucoup moins trash et provocateur).
Un aperçu du graphisme:
Sinon, Tibet étant mort, je me suis aperçu que je ne connaissais pas bien son œuvre et j'ai décidé de me mettre à Ric Hochet, en commençant par le tome 6:
J'aime beaucoup le "style Tibet", son trait semi (ou plutôt 3/4 réaliste) tout en vigueur, son souci raisonné du détail. En rajoutant son aspect parfois un peu "brouillon", surtout les contours de visages, ça m'a rappelé un peu le travail graphique de Sirius son son
Timour. Il prend parfois un plaisir évident à dessiner les voitures, presque comme Graton. Son découpage est cependant sans grande folie, et parfois d'une case à l'autre, on passe vraiment du coq à l'âne. Et concernant le scénario de Duchateau... ben c'est Duchateau quoi, avec ses dialogues débiles et ses personnages toujours obligés d'expliquer à la fin dans un long monologue le pourquoi du comment (le pire, c'est dans sa série fantastico-espionnage
Pharaon). Et Ric Hochet, avec ses airs de gendre idéal toujours de bonne humeur, est surtout une vraie tête à claques. Bref, ça se lit gentiment, mais on est quand même loin des scénarios travaillés et "efficaces" à la
Buck Danny. On verra ce que ça donnera à la lecture des tomes suivants.