jiko a écrit:
LES LARMES D’EZECHIEL de Mattias Lehmann, chez Actes Sud.
Les histoires croisées de Bette, Michel et du mystérieux auteur de BD Adelphi Gaillac.
Matthias (je l’appelle par son prénom, c’est un copain) laisse de côté sa technique de carte à gratter pour revenir à l’encre. Du coup, deux changements principaux : Le livre s’est fait plus rapidement (trois ans là où son précédent avait mis huit ans à aboutir), et surtout apparition spectaculaire du blanc dans ses pages qui se font plus aérées et qui ouvrent des perspectives de mise en pages plus libres.
Du coup le récit est plus aéré, plus dynamique. On perd un peu au niveau de la beauté plastique des cases (et encore) mais on gagne fortement en richesse narrative.
Bon ça reste un univers assez dur, mort, alcoolisme, déception amoureuse, mais il y a quelque chose de très vivant là dedans, une énergie nouvelle, une douceur sans ironie, et pas mal d’humour aussi. Le changement de technique déporte aussi l’intérêt vers les personnages, ce qui donne un récit sensible, jusqu’à la fin particulièrement émouvante (j’y ai vu une allusion à la fin de vie de Nietzsche, apparemment non mais bon quand même).
Et comme c’est mon copain (je l’ai déjà dit ?) je lui fait de la pub avec la page sexe qui pousse à l’achat :
ça fait bizarre de lire que ça a pris trois ans, tant le livre est d'apparence modeste et se lit vite.
mais ça se ressent dans l'écriture, d'une grande richesse avec pourtant peu de choses, c'est très étonnant comme le livre galope et comme dès leurs apparitions les personnages existent, ont une densité dramatique et sensible. Bouquin curieusement flottant, qui touche, émeut, déprime énormément, sans qu'il soit vraiment possible de mettre le doigt sur ce qui est grand. C'est une ambiance générale, en somme, quelque chose d'immédiatement familier (le bouquin refermé, j'étais sur google à la recherche d'Adelphi Gaillac...) et pourtant malaisant, un récit en mode faussement mineur, sur une trame somme toute fort mince et pourtant, comment dire, "conséquente".
beau livre, donc, j'aimerais bien lire son précédent.